L'étranger ||VKOOK||

L'étranger

Il y avait quelque chose en ce garçon qui faisait naître un sentiment étrange en Jungkook à chaque fois qu'il le voyait. Et croyez-moi il le voyait souvent. Il le voyait tout les jours. Au même endroit. À la même heure.
Certaines fois leurs regards s'étaient croisés. Un simple sourire poli, presque amical. Mais pour Jungkook c'était devenu leur rituel à eux. De se croiser tout les jours. À ce même endroit.

Il savait pourtant que ce garçon ne le voyait pas comme ça, il ne l'avait sûrement jamais remarqué. Sauf peut être cette fois où Jungkook avait fait tomber une étagère pleine de livre. Il savait qu'il se faisait des illusions à penser qu'ils avaient "leur rituel" mais il ne pouvait s'en empêcher. Il était tout simplement attiré. Attiré par cet étranger. Cet étranger dont il ne savait strictement rien sinon son rituel à la bibliothèque chaque soir à 18 heures, quand il venait rendre ou emprunter un livre.

Ils se croisaient toujours au même moment. À la porte de la bibliothèque quand Jungkook sortait et que l'inconnu entrait. Ce n'était pas une obsession comme beaucoup pourrait le penser; Jungkook ne pensait pas à lui 24 heures sur 24. Il n'y pensait seulement qu'à partir du moment où il passait le seuil de la bibliothèque et n'y repensait que lorsqu'il le croisait et qu'il se disait que c'était le destin. Souvent il s'était dit que c'était son destin de croiser cet étranger. Car même quand il ne pouvait pas aller à la bibliothèque, il le croisait quand même. Pas un jour ne s'était passé sans qu'il ne croise cet étranger. Cela durait depuis presqu'un an.

Il arrivait des fois à Jungkook de vouloir lui parler, de le connaître, de ne serait ce qu'entendre sa voix. Quand il y pensait, il l'imaginait avec une voix grave. Il se disait qu'elle devait être aussi belle que lui.

Mais jamais il n'osa, il ne savait pas quoi lui dire.
Il n'en avait jamais parlé à ses amis, il n'avait aucune raison de le faire. Et pourtant s'il l'avait fait, ils lui auraient sûrement proposé des idées que lui trouverait absurdes, comme faire exprès de le bousculer puis s'excuser pour engager une conversation.

Bon d'accord il était peut être un peu plus intéressé par l'étranger qu'il ne voulait l'admettre. Il y pensait des fois le soir avant de dormir. Il s'imaginait un tas de scénarios sur leur première rencontre, tous plus fois les uns que les autres. Mais il voulait vraiment entendre sa voix.

Pour Jungkook la voix était très importante. Pour lui, une voix pouvait facilement faire tomber amoureux. On lui disait souvent que c'était un peu trop fleur bleue pour être vrai, on n'y croyait pas. Mais lui en était certain, la voix était ce qui pouvait tout faire changer. De l'amitié à l'amour. De la haine à l'amitié.
C'était ce qui était arrivé avec Jin. Au lycée il le détestait. Il ne lui avait jamais parlé et pourtant il haïssait Jin et sa gentillesse. Mais 4 ans plus tard, Jin s'était retrouvé dans la même université que Jungkook. Et quand il avait parlé à Jungkook avec sa douce voix, il s'était dit que peut être Jin et lui pourrait être amis après tout.

Il le savait. Il savait qu'il ne devrait pas juger quelqu'un sur sa voix comme sur n'importe quel trait physique, mais c'était plus fort que lui. Il aimait les voix. Tout les jours il espérait entendre la voix de l'Étranger. Un simple bonjour pouvait faire l'affaire. Il voulait plus que tout savoir si sa voix était aussi belle que ce qu'il imaginait.

Et non il n'était toujours pas obsédé par cet étranger. Il ne cherchait pas à faire plus, il laissait la vive suivre son cours, toujours persuadé que c'était son destin de ne faire que croiser cet attirant étranger sans jamais l'entendre.

Et pourtant il le voulait. Il voulait l'entendre, il voulait le connaître. Il ne faisait rien pour, mais il le voulait. Il était devenu la personnification même de l'expression qu'il détestait le plus : le cœur a ses raisons que la raison ignore. Il ne supportait pas cette phrase même si au fond de lui c'était exactement ce qu'il se passait. Il n'aimait pas l'Étranger bien sûr que non. Il ne le connaissait pas. Il cherchait à le connaître mais sa raison le lui interdisait.