Il pleuvait depuis maintenant quelques heures. L'ambiance était assez froide et le brouhaha tout autour m'empêchait de me concentrer. J'étais assise près du comptoir d'un bar que je ne connaissais même pas, avec un homme dont le prénom m'était déjà sorti de la tête. Cela faisait une heure qu'il m'avait accostée. Ses lèvres bougeaient sans cesse, il devait sans doute me parler mais je préférais écouter son cœur qui battait la chamade. Ses paupières ne s'arrêtaient pas de cligner, ses mains ne cessaient de se frotter l'une contre l'autre : Il était nerveux. C'est vrai, il avait de quoi l'être. Après un monologue de vingt minutes ininterrompu sur le réchauffement climatique et sur la paix dans le monde, j'avais à peine esquissé deux sourires à son intention. Tous les mêmes. Une personne sensée aurait déjà compris que la situation n'était pas du tout en son avantage et elle aurait déjà détallé, mais c'est un Homme. Les Hommes me font de la peine en réalité. Ils sont égocentriques, cupides, radins, vils, sournois, narcissiques, cruels, autodestructeurs, je pourrais continuer pendant des heures. C'est pourquoi il allait juste suffire de lui sourire et de lui demander de changer d'endroit pour lui redonner une once de confiance en lui. Ce qui fut exactement le cas. Je le laissai m'emmener où il le souhaitait, je lui devais bien ça. Il nous fit aller d'abord dans un parc, à quelques dizaines de mètre du bar. On y croisa deux joggers, une vieille dame qui baladait en compagnie de son chien et un jeune couple d'étudiants assis sur un banc à parler certainement de leur futur mielleux et à l'eau de rose. L'homme à qui je tenais compagnie ressemblait à peu près à tous ceux avec qui j'avais l'habitude de rentrer : trentenaires, chômeurs pour la majorité, avec des parents décédés, aucune femme, aucun enfant et un regard baladeur, un regard abject.
Plus les minutes passaient et plus il essayait d'introduire dans la conversation le fait que l'on s'était trop éloignés et que l'on ferait mieux de rentrer en taxi, ensemble. Le trajet fut en réalité assez rapide. Le chauffeur silencieux. Les feux de signalisations passaient au vert à notre approche. La circulation était fluide. Tout avait fait en sorte que notre petit moment se termine rapidement et je dis t'en mieux, je n'aimais pas faire ça. Je faisais toujours en sorte de choisir un bar à proximité de mon domicile, ainsi c'est d'abord chez moi que le taxi s'arrêta. Je proposai donc à mon compagnon de soirée de rentrer chez moi quelques secondes, afin de prendre un dernier café et bien sûr, les yeux remplis de joie, il accepta instantanément, sans imaginer ce qui pourrait bien lui arriver. Après avoir payé le taxi, il se métamorphosa en véritable gentleman et me suivi jusqu'au troisième étage de l'appartement. Il ouvra la porte, après m'avoir demandé mes clefs, et m'invita à entrer chez moi tout en me faisant une médiocre révérence. Les humains en font toujours trop lorsqu'il n'arrive plus à réguler leurs sentiments. On pénétra ainsi dans mon « antre ». C'est un petit trois pièces, avec le strict minimum pour dormir et se nourrir. On arriva au milieu de la salle à manger et sans même attendre quoi que ce soit, il m'embrassa. Et voilà, il aura tenu vingt-quatre secondes celui-là. Aussitôt il s'arrêta. Il recula de trois pas et enlèva son T-shirt. Puis il se mit à défaire sa ceinture et il me regarda d'un air si fier. Mais il ne la posa pas au sol. Il se rapprocha et attrapa le tabouret situé juste à côté de ma table. Il monta dessus et attacha sa ceinture au plafond sur une barre solide. Tout en me regardant il la passa autour de son cou. Peu à peu, je vis son léger sourire disparaitre, laissant place un petit raval de salive. L'air surpris il me demanda ce qu'il lui arrivait. Il se mit à paniquer, sans pour autant pouvoir bouger davantage. Il me cria de faire quelque chose. Je restai silencieuse, comme toujours. A chaque fois, je préfère baisser les yeux et laisser mon esprit faire le reste. Sa main resserra le plus fort qu'elle puisse la lanière en cuir contre sa peau. Il se mit à pleurer et commença à implorer Dieu. Comme souvent c'est à ce moment-là que je perds le plus patience. Alors, je lui demandai bien gentiment de pousser le tabouret avec ces pieds et je le remerciai. Et sans pourvoir contrôler ses gestes il bascula. Il gigota pendant plus d'une demi-minute. Pourtant cela m'a paru se dérouler pendant des heures et des heures. Une fois la résistance terminée, je n'avais plus qu'à reproduire mon parcourt habituel : j'attrape un seau derrière le placard sous levier et un grand couteau dans le tiroir, je place un récipient sous le corps inanimé, et je lui tranche la gorge. Le sang s'écoule rapidement et voilà que le seau commence à se remplir. Je le laisse ainsi et vais poser la lame dans le lavabo. Je m'arme d'un feutre et m'approche d'un cahier situé au milieu du salon pour rajouter une barre, ce jour-là une trois cent quatre-vingts deuxième. Puis je me dirigeai vers mon lit. Je m'y allongeai et m'endormi quelques heures, le temps que le seau se remplisse. Voilà ce que j'appelle une journée plutôt normale. D'ordinaire lorsque je ramène des Hommes, ils ont souvent deux types de réactions, d'ailleurs certainement lié à leur sexe : tandis que les mâles pleurent et implorent leur génitrice, les femelles, elles, hurlent de toutes leurs forces avant de s'évanouir. De toutes manières, l'humanité comporte déjà beaucoup trop d'individus, la disparition ces humains reclus de la société n'était pas si grave, me répétais-je pour me consoler. Et c'est ainsi que je continuais à tuer des humains pendant des semaines et des semaines. Jusqu'au jour où ma petite routine se vu chamboulée.
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(pas de vrai titre déterminé)
ParanormalSuivons l'histoire tragique d'une héroïne pas comme les autres, qui semble détester voir prendre en pitié tous ceux qui l'entourent. Possédant de nombreuses facultés pour le moins étranges, notre protagoniste nous offrira un voyage autour du monde e...