Et tu es partie

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Et tu es partie

C'est fou comme les mots ne peuvent rien exprimer. C'est presque irréel, et pourtant, tu es là, devant moi, et tu parles. Tu parles sans t'arrêter, sans me regarder, comme si tu avais honte, mais honte de quoi ? D'être mon amie ? D'être ma nakama ? D'être mage de Fairy Tail ? Tes lèvres bougent sans qu'aucun son ne me parvienne, j'ai un mauvais pressentiment, une boule dans mon ventre qui ne veut pas partir.

J'ai peur. Étrange, non ? Ton discours muet, tes lèvres tremblantes, les fines larmes au coin de tes yeux chocolats, que veulent-elles dire ? Je ne te reconnais plus, la fille que je connais est forte, elle n'a pas cette nervosité au fond de ses pupilles ni cette hésitation dans la voix. Elle parle avec assurance et douceur car les épreuves que la vie a mis sur son chemin, lui ont appris à assumer entièrement ses choix.

Mais toi, tu évites mon regard perdu, tu ne prêtes attention qu'à la malaxation de tes mains, je te sens presque humiliée. Ta gêne, je la dévisage, sans la voir, sans en comprendre la source. Malgré ton discours qui semble te pointer comme unique responsable. Je vois la vérité, tu es impuissante.

« ... donc voilà, tout ça pour te dire qu'il vaudrait mieux qu'on arrête. »

Je te regarde sans comprendre. Arrêter quoi ? Tu lâches un énorme soupir pour signaler ton découragement mais il semblerait que tu sois amusée par ma moue interrogative.

« Natsu, tu as compris ce que j'ai dit ? » Demandas-tu en croisant mon regard pour la première fois depuis le début ton monologue.

Nan, strictement rien, si tu pouvais répéter. J'étais occupé à te regarder dans ta fatalité.

« Je t'ai dit qu'il valait mieux qu'on arrête de faire équipe. »

- Ah... attends... QUOI ! Pourquoi ? "

Mon cœur s'est emballé, il a raté un battement, une foule de questions m'engloutissent, une masse que je t'aurais transmise si tu n'avais pas encore soupiré, tourné les talons et que tu ne marchais pas dans ma direction opposée, les épaules secouées par ce qui doit sûrement être des sanglots.

Pourquoi ?

Pourquoi ?

POURQUOI ?

J'ai peur, est-ce ma faute ? Tu semblais si heureuse, hier encore, mais je ne te reconnais plus. Tu es devant ta porte, à quelques mètres de moi. Tu me regardes avec un air de martyr. Qu'est-ce qui t'arrive ? Tes yeux brillent, tu pleures ? Oui, l'eau salée perle au coin de tes yeux. Tu es tombée à terre et les larmes coulent sur tes joues. Je me précipite vers toi, mais une main se dresse entre toi et ta silhouette fragile. TA main.

C'est bon, maintenant j'ai compris. Je m'en vais. Le bruit de mes pas résonne en écho avec tes gémissements de tristesse. Pourquoi devrais-tu être triste ? Ce n'est pas toi qui viens de se briser en mille morceaux tel un vase qu'on aurait fracassé sur un sol carrelé. Souris, ce sera ma seule consolation. Ris autant que tu peux, si tu peux être heureuse sans moi alors n'hésite pas et vis plus fort que n'importe qui.

Ton regard insistant, je le sens m'inspecter de haut en bas mais je ne me retourne pas. Je ne veux pas que tu me voies tel que je suis actuellement, brisé. Au revoir Luce, je ne connais pas la raison, mais je pars. Je ne souhaite qu'une chose, que cette « séparation » soit bénéfique à ton existence.

***

Trois jours. Trois jours allongé sur mon hamac à fixer le plafond, trois jours à rejeter toutes les personnes venues prendre de mes nouvelles. C'est vrai que c'est rare de ne pas me voir à la guilde pendant aussi longtemps lorsque je ne suis pas en mission. Mais ce n'est pas une raison valable au véritable défilé qui est passé devant moi au cours de ces trois derniers jours. Erza, Wendy, Mirajane, Lisanna, Elfman, le vieux, Roméo, Macao, Wacaba, Cana, Levy et tant d'autres...Même Gajeel et Gray sont venus avec leurs moqueries.

Et tu es partieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant