Chapitre 1

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J'avais déjà entendu parler du sida, bien sûr, mais je n'y avait jamais vraiment prêté attention.
-Ça n'arrive qu'aux autres, avais-je alors lancé avec l'insolence d'une fille de 14 ans
-Oui ça n'arrive qu'aux autres, Suzanne. Jusqu'à ce que les autres ce soit nous, m'avait alors répliqué mon médecin.
Jusqu'à ce que ce soit moi.
Ce soir là, j'allais dormir chez mon copain, Ludovic. Cela faisait plusieurs mois que nous étions ensemble et nous nous sentions prêts, tous les deux, à faire le grand pas.
Assise sur le carrelage de sa salle de bain, une multitude de questions se bousculait dans ma tête: Aurais-je mal? Vais-je prendre du plaisir? Et j'en passe.
-Suzanne? Est-ce ce que ça va?
-Oui ne t'inquiète pas, je prends une douche et j'arrive.
En me déshabillant je me suis rendue compte que je ne suis pas épilée
-Merde! Oh! C'est pas grave, de toutes manières je n'ai plus le temps.
En entrant dans la chambre, Ludovic m'a posé une question, à laquelle j'avais prévu une réponse depuis des années.
-Est ce que tu as des préservatifs?
-Est ce que tu as le sida?, lui ai-je répondu
-Non je ne crois pas, mais il serait tout de même plus prudent d'en mettre un, m'a-t-il déclaré, en se grattant frénétiquement l'épaule gauche.
-Tu me fais confiance, je te fais confiance, mais si tu souhaites vraiment en mettre un, fais le, lui ai-je lancé assez déçue de sa réaction.
Après quelques secondes d'hésitation, il a enfin répondu:
-Je te fais confiance.
Quand je me suis réveillée le lendemain matin, j'étais seule dans la chambre. Je me suis levée, enfilé mon Jean et mon t-shirt en vitesse avant de filer dans la cuisine. Ludovic m'avait préparé un petit déjeuner royal: œufs au bacon, jus d'oranges pressées et thé vert. En m'asseyant, j'ai entendu l'eau de la douche couler, ce devait sûrement être Ludovic.
En l'attendant je me remémorais cette nuit: ses mains autour de ma taille, sur mes seins, son souffle chaud au creux de ma nuque, ses mots doux murmurés au creux de mon oreille, ses hanches plongeant au creux de mon ventre... C'était si doux! Cette nuit, je m'étais rendue compte à quel point je l'aimais, à quel point il pouvait faire battre mon cœur.

Trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant