Usurpare

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Elle plongea son regard dans le sien.

Comme une lionne referme ses crocs sur la frêle nuque d'une gazelle égarée. Elle l'attaqua, l'agressa de son désir.

Quel amour qui bouillait dans tout ses membres, secouait son corps au rythme de sa respiration bestiale.

Quelle envie qui lui rougissait les joues, lui marcelait le bas ventre, la submergait, l'étouffait, la noyait...

C'est ça ! Je me noie !

Se dit-elle, en fondant ses lèvres embrasées de miel chaud contre celles de l'ange béhat.

Il se prêta au jeu, l'enveloppa de ses ailes sculptées de soie blanche, lui massa suavement le dos de leurs battements. Faisant craquer chacune minime partie de sa colonne en un gémissement divin.

En faite, elle partait, s'élevait, s'envolait...

C'est ça ! Je m'envole !

Se dit-elle, en caressant le plafond du ciel du bout de ses doigts vernis.

Il l'a fit tournoiller, danse guidée jusqu'au matelas nuageux du fond de la pièce.

Mais quel frisson, qu'elle extase que de sentir se balader au creux de sa peau brûlé, les baisers connaisseurs de l'angelo.

Comme elle sentait la poudre, sable des dunes de la grande existence, lui chatouiller les narines, provoquant fou rire et ricanement naïf entre les sourires trop larges.

Oh elle vivait...

C'est ça ! Je vis !

Se dit-elle, au bord des larmes.
Mais comment avait-elle pu mourrir si longtemps ?

La magnifique et imposante créature blonde enlassait chacunes des cellules de sa peaux - tremblantes de stresse et d'excitation - de ses multiples paumes au toucher fataliste.

L'ange, plume de tendresse, se redressa et contempla la jeune étrangère, fasciné. Contrôler l'apesanteur de cette silhouette aux allures de marionnettes ne lui suffisait plus, il voulait désormais atteindre la clarté très réservé de l'astre solaire gardé au creux d'elle même.

Mais quelle feu pouvait renfermer cette prison doré ?

La poudre d'existence s'enflamma aux narines de l'innocente, le dragon gardien du trésors réveillé par les plaintes de sa maîtresse.

Ses mouvements de bras, l'agitation de son corps fuyant, les hurlements d'une détresse, justifiée par l'apparition de l'ombre des cornes du diablotin sur le mur immaculé.

Quelle jouissance dans les pupilles du prédateur, quelle contentement, de sentir sous son poids écrasant sa proie impuissante. Après l'avoir chassé, traqué, pendant plusieurs minutes : des heures à l'échelle de son désir.

Même les mains bouillante de l'imposteur ne pouvait pas empêcher les cris haletant de sa victime vibrer dans le silence coupable, elle hurlait, pleurait, agonisait...

C'est ça ! J'agonise !

Se dit-elle en se débattant des crocs de l'assoifé.

Le dragon, minuscule libellule désormais, il battait des ailes face à la bête titanesque. Mais il s'était promis de la protéger de ce maux, il s'était tellement promis de faire attention à ce présent si précieux aux yeux de celle qui avait placé sa confiance en lui.

L'être endiablé se satisfaisait de sa puissance. La prison doré ne lui paraissait plus qu'un petit enclos, vidé de lueur.

Disparition sous la terre, le voleur est parti les poches vides, laissant le vacarme des instants passés se cogner contre les murs.

L'existence, la vie, le miel, les plumes qui entraînait un peu plus son poid dans sa chute, l'empêchant d'appeler à l'aide à Celui qui la voyait.

Quel fracas quand son corps refroidit se heurta contre le parquet infranchissable. Douleur pourpre qui ruisselait en gouttelette de la porte d'or.

Le chevalier a-t-il délivrer la princesse ?

Pauvre marionnette, cassée, froissée, brisée, salis...

C'est ça, je suis brisée

Se dit-elle en resserant le masque de l'angelo contre son coeur.

Seigneur, comme il fait mal de se faire violer.

Usurpare.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant