Qui es-tu ? | Eyeless Jack x OC |

3.

Les remous de l'inconscience ramenèrent à mes rives une douloureuse écume.

Leur sourire. Son sourire.
La douceur de ces souvenirs entraînèrent rapidement l'amertume du présent.

Willy, qu'est-ce que tu as fais ?

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Mes yeux semblaient collés à la cire. Je parvins difficilement à entrouvrir mes paupières, agressée par l'agaçante luminosité ambiante.

Il fait jour ? Pensais-je, déboussolée.

Est-ce que toute cette scène n'avait été qu'une hallucination, poussée par la fatigue ? Je me redressais péniblement sur mon lit, avant d'avoir la réponse à ma question. 

Non, ce n'était pas un rêve.

Je me trouvai dans ma chambre, ou du moins voulait-on me le faire croire. Je restais longtemps stupéfaite du travail qui avait été réalisé dans cette pièce. Un œil peu averti ou peu attentif ne se serait rendu compte de rien, mais j'avais pris l'habitude de bien observer ce qui se passait autour de moi, et cette pièce, ce n'était pas ma chambre. Plusieurs détails trahirent la contrefaçon: le lit était trop proche du mur à ma droite, les murs étaient d'une couleur plus foncée, et la porte était plus large que dans mes souvenirs. Néanmoins, ce n'était pas cela qui me perturba le plus. 

En effet, lorsque je descendis de mon lit, la texture du sol m'interpella. Je posais ma main sur ce dernier, m'imprégnant de la sensation. Je voyais pourtant que le sol était couvert de parquet, mais sous mes mains, ce n'était pas les aspérités du bois que je sentais. 

C'était une matière froide et lisse, comme du carrelage. 

Au même instant où je m'en rendais compte, une douleur fulgurante me traversa le crâne, m'arrachant à mes observations. C'était une souffrance ininterrompue et obsédante, me forçant à poser mes mains sur mon front, en un vain effort pour apaiser la brûlure qui envahissait ma tête. C'était comme si mon cerveau n'avait pas pu supporter la contradiction que j'avais découverte, et s'efforçait de m'empêcher d'investiguer plus. 

Je tombais sur le dos sous la torture qui m'emprisonnait, mais restait néanmoins consciente, peut-être à cause de la familiarité que j'éprouvais avec la douleur. Des bruits de pas attirèrent mon attention, mais je n'avais pas la force de tourner la tête vers leur source. 

La souffrance paraissait s'être allégée, et je pris une profonde inspiration, semblant ne pas avoir respiré depuis plusieurs années. 

Je me redressais péniblement, soudainement envahie de courbatures, avant de distinguer une présence derrière moi.

Ce que je découvrit fut de loin plus terrifiant que tout ce que j'avais déjà vu dans ma vie. En face de moi se tenait une entité que je ne pu même définir comme humaine, monstrueuse ou démoniaque. Une forme humanoïde, haute plusieurs mètres, se tenait droit devant moi, raide comme un piquet. Je déglutis péniblement, mais restais statique, possédée par le sentiment que le moindre mouvement me vaudrait un ticket direct pour les Enfers eux-mêmes. 

La chose semblait porter un épais collant blanc sur son visage, cachant probablement une vision qu'un être humain ne pourrait pas supporter. Comme voulant s'intégrer dans la société moderne, l'entité portait un costume taillé à sa taille, ne faisant que rehausser l'aura parallèle qui émanait d'elle. Le plus terrifiant n'était pas son absence de visage visible, mais bien le contraste entre sa présence mauvaise et l'apparente sobriété que voulait exprimer la chose.

Cette chose drapé dans un costume trois-pièce, ce loup déguisé en agneau, c'est ce qui me mettais le plus mal-a-l'aise.

Je crispais mes mains sur le sol, et mobilisai tout mon courage pour lever la tête vers ce qui semblait être sa tête, en notant que la chose était si grande qu'elle touchait presque le plafond de la pièce. Le silence était intenable, tout comme la scène qui paraissait figée dû à l'immobilité de ce qui devait être l'ennemi ultime de l'humanité elle-même. J'ouvris et fermai plusieurs fois d'affilé ma bouche, voulant prononcer quelques paroles et briser l'atmosphère mortelle qui régnait autour de moi, mais ne sachant que dire.