Aussi loin que tu ne te souviennes, Kunpimook était le seul véritable ami que tu n'aies jamais eu. Il était ce genre de personne toujours souriante et prête à faire sourire en retour, sans parler de sa folie maladive et contagieuse qui ne faisait que contribuer à son charme en plus de son accent thaïlandais et de son air jovial. Cela devait bien faire six ans que vous vous connaissiez, depuis le début du collège. Il avait débarqué tout droit de Thaïlande et pour une raison dont la logique t'échappait encore aujourd'hui, il avait jeté son dévolu sur toi et ne t'avait plus lâché depuis. Plus tard il t'avait expliqué que lors de votre première rencontre, ton incapacité à prononcer correctement son nom l'avait tellement fait rire qu'il t'avait directement adoré. Pour te faciliter la tâche, il t'avait d'ailleurs dit de l'appeler « Bambam », surnom qui avait perduré au aussi longtemps que votre relation.
Et tu te rendais compte ce simple attachement n'avait jamais faibli s'était même intensifié au cours des années jusqu'à devenir une amitié fraternelle et précieuse. De deux ans ton aîné, Kunpimook faisait des études de design tandis que toi tu trimais sans relâche au lycée, cependant vos parents avaient accepté de vous laisser vivre tous deux en colocation, le thaïlandais étant majeur et connu de tes géniteurs, ils n'avaient pas mis trop de temps à céder.
_ Tu penses toujours à ton prince charmant c'est ça ?
Celle là tu ne l'avais pas vu venir et, tiré de tes pensées par les conneries de ton colocataire tu t'étais tourné vers lui l'air faussement outré. Affalé sur le canapé de votre appartement, tu avais attrapé un coussin qui traînait et le lui avais balancé au visage -d'un coup de maître car il avait atteint de plein fouet sa cible- mais cela n'avait pas suffit à dissimuler le discret sourire flottant sur tes lèvres. Dans une vaine tentative de cacher tes rougissements, tu avais passé ta main dans tes cheveux fraîchement teintés de nuances bleues et violettes lui répliquant un pauvre « Ta gueule. » qui n'eut pas d'autres effets que de déclencher son hilarité. Sans t'en rendre compte, tu avais énormément changé en un temps ridiculement court et là-dessus, le gars du parc t'avait fortement influencé, tu ne pouvais le démentir.
On pouvait même dire qu'il t'avait forcé la main pour ce qu'il avait qualifié de « crashtest capillaire »jusqu'à ce que tu acceptes. Il t'avait ensuite traîné dans une supérette acheter de quoi détruire ta tignasse et vous vous étiez retrouvés chez toi à chialer de rire à l'issue des laborieuses opérations que furent les décolorations et colorations successives. Mais une fois face au miroir tu avais bien vite arrêté de rire. Contemplant le pâle reflet de la version qu'était ce nouveau toi tu n'avais su quoi dire. Ce qui était sûr, c'est que cette après-midi faisait indéniablement partie des meilleurs de ta vie. Et en plus de fous rires qui t'avaient filés des crampes d'estomac et d'un changement capillaire vous aviez crée quelque chose.
Et Bambam à qui tu avais été forcé de tout raconter, après avoir été torturé et menacé de manières bien trop inquiétante pour être innocente, ne t'avait pas loupé.
Durant le petit mois qui avait suivi votre première rencontre tu avais aussi arrêté de fumer, réduisant peu à peu les doses jusqu'à l'arrêt total. Ça n'avait pas été si dur, tu ne ressentait presque aucun manque de nicotine la cigarette n'étant de toute manière pas un besoin mais plutôt un effet de ton cerveau brainwashé par la société. De plus, tu n'avais plus à subir les regard mi-énervés mi-déçus de Minho parce que pour être honnête, c'était ce qui faisait le plus mal. Tu ressentait comme un truc compressait ta poitrine à chaque fois et même si tu ne connaissait pas son origine, c'était désagréable.
T'étais un peu comme un naufragé perdu dans l' inconnue d'une mer trop grande pour lui.
_ Taemin ?
Si la première fois tu n'avais pas entendu l'appel de ton ami, sa main secouée à quelques centimètres de ton visage t'avait sortie de tes rêveries.
