La vie à telle un sens ?

Chapitre 1

"La vie à t'elle vraiment un sens ? Dans ce monde si rapide et stressant la seule chose qui me fais plaisir c'est d'avoir mal... cette douleur m'assure que je suis bien un être dans un corps que je possède... ce corps qui est la pour remplacer deux enfants morts en couche... je suis la personne qui porte la mort de mon frère et de ma sœur et qui mourrai en les ayant accueilli en moi car mes parents avaient trop mal pour les accueillir en leur sein... c'est pour ça que je suis né... pour remplacer deux enfants... si je n'ai jamais réussi à passer à l'acte et m'ouvrir jusqu'à ce que tout soi sorti c'est parce que cette vie n'est pas pour moi... elle est pour ces deux enfants avant d'être la mienne..."

"Ce que vous me dites enfin après cinq mois est très intéressant bien qu'un peu obscure... Qu'est ce qui vous prouve que vous n'êtes pas né juste pour vivre votre vie et uniquement la votre...?" Me demanda mon psy

Je n'avais plus envie de parler, c'est pourquoi je ne répondis pas et regardais par la fenêtre en soupirant...
Pourquoi avait-il fallu qu'on me pousse à aller voir un psy ? Je vivais bien sans qu'on vienne s'occuper de mes affaires...

Mon psychologue me fit sortir de mes penser en me rappelant sur terre.

"Monsieur, vous ne voulez plus me parler ?"

"Non" répondis-je agacé

Je n'avais jamais eu envie de lui parler de moi. Je ne parlais jamais de moi... Ma vie n'était à mes yeux que trop futile pour que j'en parle. On m'avait bien proposé de l'écrire mais à quoi bon gâcher du temps, du papier et de l'encre pour au final ne jamais être lu ? J'avais essayé pour faire plaisir aux gens qui s'inquiétaient de mon état mais je n'avais jamais réussi à tenir mon ouvrage. Il me paraissait plus intéressant de m'allonger sur le parquet de ma chambre et respirer en écoutant les bruits qui m'entouraient. Je pouvais rester ainsi des heures entières sans ressentir aucun ennui... Sortir du temps m'était bien plus agréable que de vivre dans ce monde si stressant et rapide...

Je me levais calmement, remettais ma veste, mettais cent francs sur la table de bois placé au centre de la salle puis m'inclinais à l'équerre avant de me retourner et sortir du lieu de consultation plein de désespoir de mon psy.
Aujourd'hui j'avais tenu un quart d'heure avant de fuir ces lieux que je me dois de visiter chaque semaine... Mes séances devant normalement durer une heure et demi j'avais encore bien du temps pour me promener en ville avant de rentrer chez moi...
La seule fois où j'étais rentré trop tôt on m'avait forcé à retourner chez mon psychologue, maintenant pour rien au monde je ne reproduirais cette erreur...

Arrivé dans la rue je fixais mes écouteurs dans mes oreilles et après m'être décidé sur la musique, j'enfilais ma capuche pour ne pas avoir froid aux oreilles en me traînant en ville en ce magnifique mois d'hiver qu'est janvier.

Arrivé dans un parc je m'assis sur un banc et attendis que le temps passe... L'esprit ailleurs les heures défilaient sans que je ne l'aperçoive jusqu'à ce que ma poche vibre, me faisant sursauter. C'était ma mère qui s'inquiétait de ne pas me voir rentrer alors que la nuit était entrain de tomber...

Je me levais sans grande conviction et rentrais lentement sous la lumière accusatrice des lampadaires. Je savais que mes parents me feraient la moral vu l'heure à laquelle je rentrais. Ils me demanderaient également un compte rendu de ma séance que j'inventerai une fois de plus de toute pièce. Mes parents n'étant pas dénudés d'intelligence devineraient une fois de plus que ce n'est que le fruit de l'imagination d'un cerveau fatigué et j'aurai droit à des brimades sans que ça ne me face ni chaud ni froid, mon cœur étant déjà glacé depuis des années... Froid depuis ma naissance, de neige à mon entrée au cycle et finalement de glace depuis mon collège...

Ma vie n'a jamais été rose mais je ne m'en suis jamais plein... J'ai toujours tout encaissé sans émettre un seul signe de faiblesse. Enfin c'était avant que mes parents ne constatent mon surplus de blessures fraîches et ne m'obligent à en parler...

"Qui ? Quand ? Où ? Avec quoi ? Pourquoi ?" Sont les questions que mes parents me posent a longueur de journée sans que je ne réponde à aucune d'elles tellement parler me fatigue et me semble inutile si ce n'est insensé... Ils me posent ses questions alors qu'ils en connaissent les réponses mais ne veulent pas ademettre...

Qui ? Moi...
Quand ? Dès que j'en ai le temps...
Où ? À la maison, dans les toilettes de l'école, dans une ruelle pas fréquentée...
Avec quoi ? Une lame de rasoir, un briquet et bien d'autres instruments...
Pourquoi ? Vous ne comprendriez pas...

Voilà ce que mon mutisme aurait dû répondre. Ces mots ne peuvent pas franchir la barrière de ma bouche car ce serait trop douloureux. Un déchirement se produirait dans mon cœur déjà meurtri si je m'exprimais... L'exprimer à mes géniteurs serait admettre que je suis profondément malade...Admettre que ce n'est pas normal ni bénéfique de se mutiler... Ce serait accepter que je creuse avec beaucoup de soins et d'attention ma tombe. Je sais que je vais mal et que je dois apprendre à prendre soin de moi mais c'est tout bonnement impossible si ce n'est insensé.

Mon mal-être s'exprime par mes plaies et c'est belle et bien la dernière chose que j'arrive à exprimer. Mes cordes vocales, elles, n'expriment plus rien de vrai depuis longtemps.

J'arrive d'un pas lent devant le portail de ma maison. Je ne veux pas rentrer. La nuit froide et silencieuse me plait largement plus. Ses bras brumeux sont toujours là pour m'accueillir et me réconforter avec douceur.
Le monde lumineux m'agresse alors que la nuit est si douce avec moi. Elle m'entoure, me réconforte... c'est un cocon de bien être pour mon corps meurtri depuis des années. La chaleur du soleil me brûle alors que le froid de la nuit est en symbiose avec ma propre température.

Ça va bientôt faire cinq ans que je me mutile avec grande attention. Ca fera cinq ans à mon anniversaire... je vais bientot avoir vingt ans... cette âge ne représente rien pour moi... il n'a aucun sens...

Je ne veux pas avoir vingt ans. Je ne veux même pas vivre. Je suis bloqué dans un monde que je ne connais et ne comprend pas et je me perd ! Autant physiquement que mentalement, je me suis égaré.