Noyade.

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On devait bien commencer par ce cauchemard ci pour introduire l'horreur. Mais au final, qu'est-ce que l'horreur ? Une peur bleue à en avoir des suées interminables, où juste un frisson que l'humain aime se donner pour se provoquer une sorte de plaisir orgasmique clairement morbide ?
Pour le jeune brun, c'est chaque nuit bien plus que ça.

Nirio ouvrit les yeux, allongé sur un banc de piscine, très sûrement réveillé par les coups de sifflet donné par le maître pour faire s'élancer les nageurs. Un doux parfum chloré flottait dans l'air, amené par le courant d'air créé par un homme qui venait d'ouvrir une fenêtre, accompagné du flottement de plusieurs voix masculines passant devant le jeune homme qui relevait douloureusement son corps.
Pourquoi avoir dormi sur les bancs comme un abrutis plutôt que de rentrer ? Étonnante question que lui-même se posait.
Bizarrement, il avait déjà eu l'occasion de passer aux vestiaires sans même s'en rendre compte pour enfiler un short de bain rouge et jaunes aux motifs paradisiaques noirs. Il avait les cheveux humides, les bras secs et doux, et qui, rafraichis, dégageait une forte et bonne odeur de ce produit utilisé pour traiter l'eau limpide.

"- Excusez moi.."
Il se présentait finalement et timidement à cette bande d'amis en face de lui.
"- Pouvez-vous me donner l'heure..?"
L'un des jeunes se mit à l'observer avec une telle insistance qu'on aurait presque cru qu'il le reluquait. Il détourna le regard, les joues légèrement roses, sûrement mal-à-l'aise à l'idée de parler avec un inconnu.
"- Je ne dois pas te parler.."

Gamin du genre pas sympa, de quoi faire bien angoisser le petit brun. Il soupire, un peu dépité. Alors ces jeunes le connaissent ? Et pourquoi ne pas pouvoir lui parler ? C'est absurde !

"- S'il vous plait ! Dites moi au moins depuis quand je suis ici, c'est important..!"
Le ton est monté assez vite, véxé, il n'a pas vraiment réfléchit avec politesse et il s'en veux vraiment. Il est même plutôt honteux de la façon dont il est dévisagé par la bande.
Plus leurs regards se font lourds, plus il panique. Il a l'étrange et puissante impression que quelque chose vas arriver, quelque chose qui arriverait de façon imminente. L'ambiance deviens rapidement très pesante, le temps semble s'obscurcir, pire qu'une série banale typique U.S, la scène "quelque chose tourne mal, notre Père, envoie nous des orages !"

Un des enfants lui tire violemment le bras pour le faire tomber dans l'eau, et évidemment son air ne présage rien de bien.
"- Ferme ta gueule, on veux pas te parler, sale PD !"
Ils se mettent tous à ricaner derrière leur ami, ce qui n'est pas vraiment le cas du jeunot. Tombé dans l'une des cordes qui sert de séparation à la bande de jeu, il a bien du mal à mettre de nouveau la tête à la surface. Nirio demande de l'aide comme il peux, ce qui fais rire de plus belle la bande de méchants garçons devant lui.
"- Beh alors ? Tu n'sais pas nager ?!"
"- Aller, vieil homo dégeulasse! Montre nous comment tu nages, ça nage bien les homos, nan ?"

Un adolescent a ce besoin ridicule de se sentir bien supérieur aux autres de son âge, notammment lorsequ'il est accompagné d'un certain nombre de ses petits amis qui ricanent au moindre de ses gestes.
C'est un peu comme ça que se créent les bandes qui emmerdent les autres, par le biais de ce plaisir que procure le fait de répendre la douleur.

Pour le garçon de quinze ans, le mal est fait. Sa vision s'assombrit, les corps moqueurs autour de lui disparaissent dans l'eau désormais rouge sanguin. Lorsequ'il essaie d'ouvrir les yeux, il ne peut appercevoir qu'une vision de terreur; des bras, le retenant de toutes part qui en un claquement de doigts se retrouvent chaînes.

Il sent le stress monter et la douleur que lui provoque le manque d'apnée dans la poitrine est pire qu'un violent coup de poing, il tousse et avale l'eau écarlate sans pouvoir apercevoir de nouveau la surface. Il a juste l'impression de flotter à travers le Styx.
Le brun se sent faible, fragile, mis à nu dans ce tourbillon infernal. Il finit par fermer les yeux pour se concentrer sur son unique douleur avant de poser une main sur sa bouche, bien que difficilement, pour ne plus avoir à avaler l'eau amer.
Il gonfle, il le sent. Ses poumons deviennent aussi gros que des balons dans une douleur ahurissante, rendant son corps d'adolescent difforme, bien plus que ce qu'il n'imagine.

L'eau finis par se vider totalement du bassin par une magie ignorée jusqu'ici, après tout, ce n'est qu'un cauchemard. Les problèmes de logiques sont parfaitement justifiés par un simple mot qui rappel une nuit inssuportable. Son corp gonflé reste au fond, tout est parsemé d'éclaboussure rougeâtre, du sol au plafond.

Un violent coup de sifflet le replonde dans la réalité, et le jeune homme finit par rouvrir les yeux. Il est en boule dans la baignoire, le corps trempé. Personne n'est la pour lui, et demain ne sera qu'une journée de cours banale et idiote comme toutes les autres.
La règle est la même partout, il y a soixante secondes dans une minute, soixante minutes dans une heure, et vingt-quatre heures dans une journée.

Qui sait pour combien de temps il est encore en vie ?

[.Sweet Dreams.]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant