cher lecteur,
cela fait sans doute des mois que ma plume n'a pas épousé tes mots, et que mes songes, sans doute trop lourds à porter me pèsent comme Atlas porte la Terre sur ses épaules. je n'ai pas longuement réfléchi à la condition humaine, ou à la loi naturelle, ou à toutes ces bêtises qui obstruent la vie d'un homme. j'ai essayé de penser à moi, au bonheur que, depuis des années j'avais tenté de bâtir dans le sang et les larmes. il est encore peut-être trop tôt, ou au contraire, peut-être est-il trop tard pour envisager le bonheur.
être un homme, c'est un gage avec lequel vivre tous les jours est une perpétuelle bataille. «fais-je les bons choix?», «suis-je quelqu'un de bon, ou de mauvais», «combien de temps reste-il avant que tout s'effondre?» la connaissance et la prise de conscience de ses erreurs dépend de nous et affecte tout autour. et comme athéna jadis a banni méduse, je n'ai eu comme malediction que l'envie de protéger ce qu'il me restait, au dépend de tout ce que j'avais pu traverser. il est dur pour un homme d'essayer de protéger les siens et de faire les bons choix, et sans doute, peut être un peu trop, je n'ai fait aucun de ces bons choix. mais une chose reste sur, en dépend de tout ce que j'ai pu raturé, raté, meurtri et tué, je n'avais que la certitude d'aimer. et je me souviens de tout, étrangement, avec un goût âcre au fond de la gorge, car tout ce temps je me sentais invincible, intouchable, personne et rien n'arriverait à m'atteindre. mais le poids des doutes et les cicatrices encore bien trop ouvertes ont réussi à trouver une faille, un créneau dans lequelle se garer et se loger, se blottir et a fini par anéantir tout espoir de redemption.
peut-être suis-je mauvais, peut-être suis-je maladroit, peut-être ne suis-je qu'une ombre. mais je me souviens avoir senti mon cœur battre si fort, je me souviens que mon pouls s'est accéléré au moindre des battements de mon cœur, et je me souviens de ton odeur. je la reconnaîtrais entre mille, et c'est celle que je sentirais si un jour j'accède au paradis. je ne me lamente pas, je ne pleure plus, j'accepte l'idée maintenant que tu es mort et que tu ne reviendras pas, j'ai accepté l'idée que mes rêves se soient éteint en même temps que ton sourire et que maintenant, il est à notre tour, à tous les deux, de trouver quelque part, ailleurs, le bonheur.
mais ça saigne, ça saigne et on se tait.
ça saigne mais la guerre n'est pas finie.
le genou est peut-être plié, l'armure fendue, mais la bataille pour un meilleur lendemain n'a fait que commencer. et si, je ne fus qu'une tempête dans une vaste vie, un orage dans le ciel, une tâche sur un tableau, j'espère avoir pu être de la valeur, peut être pas quelque chose d'extraordinaire, mais quelque chose de rare, quelque chose qu'on cache au fond de sa poche et qu'on ne montre pas par crainte d'être volé. mais je reste serein, même si j'entends déjà au loin, le tonnerre qui gronde.le marin à l'eau,
deux juin.
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chroniques d'un marin à l'eau
Ficción Generalpeut-être ici, quelques regrets, peut-être quelques songes, peut-être quelques rêves, peut-être un peu idiot, mais les pensées d'un marin à l'eau.