À bas les masques !

Chapitre 1 :La perfection assurée ?

Après un constat mondial de la noirceur de l'être humain, les dirigeants mirent en place le plan 0. Rendre les êtres humains parfaits moralement voilà le but de cette expérience. Grâce à une puce électronique régulatrice, qui envoyait des informations électriques dans le cerveau, les chercheurs réussirent à créer l'homme parfait. La puce envoyait des informations électriques dans le lobe frontal pour diriger principalement le raisonnement moral de l'homme, puis dans le lobe temporel gérant les émotions, obligeant l'homme à ne ressentir que certaines émotions en fonction de la situation. Réparties dans tout le cerveau, ces ondes créèrent un homme bon moralement, sans pensées néfastes pour la société, avec un comportement irréprochable vis à vis de son prochain, qui suivait les instructions et se conformait aux lois en vigueur.

En 10 ans la totalité de la population mondiale se retrouvait avec un régulateur d'ondes dans son corps volontairement ou non ...
La sauvegarde de la planète était assurée

Raphaëlle se leva à 7h30 comme chaque matin depuis 21 ans. Elle était comme les autres et c'était bien. Sa puce de régulation envoya quelques ondes bien placées, et, son cerveau se mit en marche. Ses muscles se tendirent et un sourire de convenance se plaqua naturellement sur son visage. Avec les années Raphaëlle s'était habituée à ne pas contrôler son expression faciale et à se soumettre à l'influence de la puce microscopique placée derrière sa nuque. Devant le miroir elle brossa repetitivement sa courte chevelure. Pas un épi ne devait dépasser. La puce ne le permettrait pas. Elle était programmée pour être parfaite, de son comportement à sa tenue vestimentaire. Chevelure impeccable et habits repassés jusqu'au moindre pli, elle sortit dans la rue pour aller au travail.

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Sa chevelure blonde se fondait dans la foule impeccablement alignée dans la rue. La foule se divisait en deux files qui se mouvaient calmement. Le doux murmure des conversations s'entendait depuis les hauts buildings colorés. Depuis la catastrophe planétaire des années 2020, chaque bâtiment était construit en matériaux écologiques et renouvelables. Tout fonctionnait à l'électricité: chauffage, eau, ménage, habillage ... Les grands scientifiques estimaient désormais qu'à la place de la destruction quasi inévitable de la planète prédite il y a 20 ans de cela, il ne leur faudrait plus qu'une centaine d'année pour restaurer la nature.

Raphaëlle avait rejoint une collègue de travail dans la foule et elles discutaient à présent du programme de leur journée. Les discussions de la plupart des gens tournaient autour de trois choses: famille, travail et quelques faits divers qui faisaient rire doucement les gens. Tout etait programmé pour que la vie soit parfaite. Elles arrivèrent à l'hôpital où elles travaillaient ensemble en tant que chirurgien. Plus de stéréotypes liés aux métiers; désormais, chacun était choisi par un algorithme pour être envoyé dans des entreprises après ses études. Lors de la création de la puce de régulation les créateurs avaient décidés pour des questions d'éthique de laisser des goûts et affinités personnels afin de rendre la perfection de l'être humain imparfait à l'origine, la plus naturelle possible. Toujours est-il que Raphaëlle après ses années de médecine avait été promue au rang de chirurgien dans un hôpital Universitaire.

Elles entrèrent dans le bâtiment lumineux, saluèrent d'un grand sourire les standardistes qui leur répondirent avec un regard éclatant de joie et de fierté et un sourire à couper le souffle. Pas un cri dans les couloirs des urgences, pas un soupir de frustration, pas un signe d'énervement. Les patients saluaient les deux médecins qui passaient avec le respect qui leur était dû sans laisser transparaître la moindre émotion, bien que certains devaient très certainement souffrir atrocement de leurs blessures. Leurs affaires déposées dans le casier, les deux jeunes femmes revêtirent leurs blouses et leurs rôles de médecin par la même occasion , leur journée commençait. ..

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Laver ses mains, passer dans les portes de décontamination, découvrir le patient, faire travailler son cerveau pour trouver le moyen de sauver un être humain voilà le quotidien de Raphaëlle. Les humains avaient beau être devenus parfaits, la nature et le hasard réservaient toujours des surprises inattendues. Les blessures étaient courantes et la perfection morale des hommes n'empêchait pas la mortalité du corps. Les maladies telles que le cancer et le Sida étaient devenus  des cas d'études pour les élèves en médecine mais certaines personnes se présentaient néanmoins aux urgences avec certains problèmes de santé dû pour la plupart à un problème génétique.

Ce patient ci n'était pas différent des autres. Une fracture ouverte au bras gauche après la chute d'un pot de fleur,  pile au moment où le malheureux passait en dessous. Replacer l'os, réparer les tissus endommagés et refermer la plaie voilà ce que ses connaissances lui disaient après ses années d'études en médecine. Son équipe était sous ses ordres avec un sourire poli aux lèvres,  exécutant ses ordres sans donner leurs avis. Un mélange de soumission  et de fierté flottait dans l'air aseptisé du bloc opératoire. Qui pouvait rêver mieux ?

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Les pieds de Raphaëlle la portèrent jusque dans son appartement. Sobre, chic et moderne voilà comment le délégué chargé de l'apparence des appartements l'avait décrit. Après la fin de la période de pose des premières puces, le gouvernement avait décidé de remanier toute la construction mondiale économique politique judiciaire écologique et bien sûr esthétique. Des délégués chargés de la décoration de chaque ville avaient dessinés un design bien précis  pour chaque ville et chaque quartier. Leur devise : " La perfection jusqu'au bout des toits". Un des principaux changement mondiaux avait été de supprimer toutes les inégalités économique et pour montrer la fin du système inégalitaire économique mondial, ils avaient décidé de le représenter matériellement avec une égalité dans les structures mises à disposition des populations. Ainsi l'appartement de Raphaëlle située au 3e étage d'un building haut de 15 mètre était presque entièrement peint  en blanc mis à part quelques tableaux bleu azur représentant l'infime part de personnalité qu'il lui restait.

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Sitôt arrivée chez elle, Raphaëlle se laissa guider par ses jambes qui la menèrent droit à son fauteuil en face d'une télévision faite en tout et pour tout d'un tissu blanc conducteur d'électricité. Le secret des ondes une fois maitrisé par les scientifique avait laissé place à une infinité de progrès technologiques. La télévision fonctionnait sur un principe d'onde émettant de nombreuses autres variations dans l'air qui une fois transféré dans les yeux produisaient une image.

Raphaëlle n'était à ce moment ci pas maîtresse de son propre corps elle se laissait guider par ses muscles qui étaient dirigés par la puce située dans sa nuque. Depuis un poste dans l'espace un scientifique venait d'activer un signal obligeant tous ceux qui ne travaillaient pas à se rapprocher d'un écran de télévision pour observer le débat politique qui allait commencer. Les hommes politiques étaient prédestiné à leur métier selon des caractéristiques étudiées par les scientifiques. Ils pensaient que en trouvant un gène commun aux grands dirigeants mondiaux, ils parviendraient à produire des dirigeants bons et moralement irréprochables. Ceux ci ne possédaient pas de puce mais leur éducation était sans merci et le résultat semblait être le même. Les politiques n'avaient pas de choix quant à leur avenir et grâce à l'éducation qui leur était fournie, ils avaient tous le même but mais avec des moyens différents.

Dans le but de conserver un semblant de démocratie, les scientifiques avaient trouvés plus à propos de créer des sortes de débats politiques et de laisser les sentiments des populations choisir le futur dirigeant des 10 prochaines années. Les populations ne votaient pas mais les réactions de leur cerveaux étaient enregistrés par une machine située à Pékin afin de décider lequel des politiques était le plus apprécié de la population. Un vote pouvait se falsifier mais on ne ment pas sur les ressentis.

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Mais bien évidemment tout cela Raphaëlle ne le savait pas ... Elle se contentait de suivre la puce d'assister passivement au débat entre chaque politique qui se ressemblaient dans leur gestes, leurs mots et leurs réactions. Après tout pourquoi vouloir lutter quand on vis dans un monde parfait ?
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