Poème inédit :
Parole au poète
Je marche dans le désert de l'esprit,
Dans le silence des regards,
Dans les désirs infinis,
Dans les lèvres entrouvertes,
Pour parler, pour dire
Ce que la parole hésite
De toucher, au risque de
L'oubli, au risque du mensonge,
Au risque de l'indifférence.
Je marche dans nulle-part,
Où les larmes de la clémence
N'ont pas vu les blessures du sol,
Le chagrin des arbres,
Le chant sans voix des oiseaux sans ailes
Sans vol, sans vol, sans vol
Je marche dans l'oubli,
Dun boulevard qui bouillonne
De corps en chair qui brûle,
De corps en fer, en acier
Qui domine l'ardeur,
Qui calme la soif,
Qui soulage de la faim!
La sécheresse de l'esprit
Chasse sans répit toute conscience,
Je marche entre les tombeaux blancs
Et le mausolée hermétiquement fermé.
La sécheresse a fait brûler l'herbe,
La sécheresse a fait faner les fleurs et fait rétrécir les cœurs.
Je marche sur les trottoirs des mensonges,
Où la sécheresse de l'âme
A détruit la bonne parole
De la charité et de l'aumône,
De la piété et du pardon,
L'opprobre gagne du terrain,
Il tisse sa toile autour des cœurs,
Autour des esprits, au fond des âmes,
Aveugle les regards, de poussière,
D'ombres et de silhouettes sombres
Je marche dans le sillage du désespoir de comprendre,
Je marche dans la sécheresse des cœurs
Dans l'artifice des couleurs, le maquillage de la nuit et du jour
Sur les visages sans nom, anonymes, sans horizons.
Je marche dans la poussière de ce qui reste d'un ballet,
Des princes sourds et des muettes princesses dans leur long sommeil,
Et sur les dernières notes du Requiem de la douleur,
Je marche sur le bout du fil singulier
Du doute et du tourbillon de l'incertitude.
Et une voix me dit :
_ Que cherches-tu, poète ?
_ Je cherche ma voie, à travers la parole, le geste, le regard, le cœur
De ce qui aurait pu être un être humain,
De ce qui aurait pu être bon, sincère, généreux,
De ce qui aurait pu être modeste, humble et charitable,
Mais, hélas, j'assiste à l'avance du désert,
J'assiste à la chevauchée de l'esprit du Mal.
J'assiste à la sécheresse de l'âme
Qui souffle le vent de la Géhenne !
J'assiste au miroitement de l'artifice, aveugler tous les regards
Fermer tous les cœurs
Sceller jusqu'à l'éternité
Toutes les portes de la clémence et de la miséricorde !
J'ai enfin une larme qui coule
Elle coule, chaude, comme celle de la dernière pluie
Pluie du dernier été du dernier déluge !
Dans le passage du typhon,
Dans le sillage de la tornade,
Où seules quelques étoiles brillent,
Quelques fleurs espèrent,
Quelques verdures accueillent
L'unique espoir de la rédemption.
L'unique récompense du Seigneur :
Le pardon, la miséricorde,
Dans les Jardins du Délice !
Abdelmalek Aghzaf
Espace Salama 1 sur la route de Larache
Le 07/07/2014.
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Poème inédit : Parole au poète
PoetryQuand le poète parle, il s'adresse au cœur, à l'esprit. Et, patient, il ouvre son âme à la méditation. Le monde l'intéresse, les êtres le fascinent. Il est toujours à la quête du parfait. La création est sa source. Son eau est purificatrice et salva...