Le début d'une relation prometteuseJe n'étais jamais tombée amoureuse. Je voyais mes ami•e•s l'être, ainsi que les personnages des films qui embrassaient l'élu•e de leur cœur sous la pluie. Je me disais que quelque chose clochait chez moi si je n'arrivais même pas à avoir la moindre envie de débuter une esquisse de relation. Je pouvais bien m'entendre avec les hommes que je rencontrais, mais je n'éprouvais jamais l'envie d'être avec eux. Lorsque je sautais le pas avec l'un d'entre eux, je finissais par m'ennuyer et par tout foutre en l'air.
Quand j'ai rencontré B.,j'étais d'ailleurs en train de saboter ma relation avec un garçon très amoureux de moi. Nous étions ensemble depuis bientôt deux ans et j'avais pris la décision de faire une pause. À l'époque, j'étais très malheureuse et très frustrée car les sentiments que mon ex éprouvait à mon égard n'étaient pas réciproques.
Après presque deux ans de relation, ce « break » me permettait de réapprendre à être célibataire. Je sortais davantage « seule », avec mes ami•e•s ou avec ma famille. Ça n'est pas grâce à mes sorties que j'ai rencontré B.,mais sur un site de rencontres. Je me suis inscrite quelques semaines après avoir décidé qu'une pause était nécessaire.Je me souviens encore avoir ri à la lecture de son profil rempli de blagues, et l'avoir rapidement contacté. Après mon premier mail, une suite d'autres messages plus longs les uns que les autres s'est déroulée. C'est peut-être naïf, mais j'ai su que j'allais l'aimer dès nos premières conversations. Nous nous échangions des images rigolotes, des gifs improbables, des articles intéressants, nous partagions les mêmes idées, la même passion du second degré et de la taquinerie.
Après avoir discuté au téléphone, nous avions décidé de nous rencontrer autour d'un verre. Lors de notre premier rendez-vous, j'étais d'abord timide et apeurée. Je n'avais pas l'habitude de faire ce genre de rencontre et surtout je me demandais ce que j'allais pouvoir faire s'il ne me trouvait pas assez intéressante, ou pas assez jolie. Tout s'est déroulé sans problème, nous nous faisions le même genre de blagues que lorsque nous nous écrivions, nous rigolions et partagions nos expériences.Au moment où il m'a raccompagné, il m'a offert un sourire, un « j'espère qu'on va se revoir »... et plus rien. Silence radio pendant une semaine. Je ne le savais pas encore mais ce mutisme était un aperçu de à quoi notre relation allait ressembler.
S'investir... et ne plus revenir en arrière
Parce que j'ai grandi en regardant des films pleins d'idées reçues, j'étais certaine que c'était à l'homme de recontacter la femme après un premier rendez-vous. Je me retrouvais donc à regarder mon portable pendant de longues minutes en espérant recevoir un message de sa part. Une semaine après notre premier rendez-vous, il s'était enfin décidé à m'envoyer un texto qui devait dire quelque chose comme:
« Ça va ? Quand est-ce qu'on se revoit ? »
Je me souviens avoir fait la danse de la joie à ce moment-là !
Second rendez-vous, et premier baiser. Je me souviens que nous nous sommes regardés pendant de longues minutes, sans rien dire. Dans ma tête, un tas de trucs se mélangeaient et m'empêchaient de réfléchir correctement. Mon cerveau tournait à mille à l'heure.« Mon dieu, qu'est-ce qu'il est beau, c'est pas possible qu'il soit si beau, il est grand, je devrais monter sur le canapé pour l'embrasser, il a de beaux cheveux, ça brille bordel, limite je me vois à l'intérieur, il est pas humain, bon on est déjà en train de s'embrasser, là, en fait... C'est agréable ... »
C'est ainsi que débuta notre relation, sans qu'aucun signe ne m'ait mise en garde sur la suite des évènements. B.continuait à être drôle, à être grand et beau, à avoir une répartie d'enfer, à me faire rire et à être patient face au fait que je ne veuille pas coucher directement avec lui. Je voulais d'abord que tout soit clair avec mon ex et transformer notre pause en rupture définitive. Pendant des semaines, nous nous sommes donc contentés de câlins, et jamais il ne m'a mis la pression.Nous passions des heures à parler, à regarder des vidéos drôles, à nous raconter nos blessures et nos victoires. Je le trouvais parfait, si parfait que même ses imperfections devenaient des qualités à mes yeux, si parfait que même lorsqu'il m'a avoué qu'il était sociopathe et suivi par un psychiatre depuis son enfance, je ne suis pas partie en courant ...
Affronter la triste réalité
B. ne m'envoyait quasiment jamais de messages. Par fierté, je ne lui écrivais pas non plus. Du coup, nous ne nous voyions parfois pas pendant de longues semaines. Puis, un jour j'en ai eu assez. Je me suis dit que j'avais passé l'âge des gamineries et j'ai décidé de lui donner des nouvelles quand j'en avais envie... Il ne fut pas plus bavard. Je me suis donc résignée à lui parler, à lui demander pourquoi je devais courir après lui pour qu'on puisse se voir.
Il me répondit ceci (et naïve que j'étais, je l'ai cru) :
« Je ne suis pas un grand fan du téléphone. »
Tout était contradictoire chez B. Lorsque j'étais avec lui, il me traitait comme si j'étais l'unique femme qui peuplait la planète. Nous passions des heures à rire de tout, nous sortions pour aller déjeuner, dîner ou nous balader pendant des journées entières. Lorsque je rentrais chez moi, c'est comme s'il avait disparu. Ne sachant plus quoi faire, j'ai mis le pied sur un chemin dangereux : je réclamais quelque chose que B. n'était visiblement pas près/capable de me donner.Après de longues semaines où nous nous disputions, où nous arrêtions de nous parler, où je faisais semblant d'être partie pour toujours, où je revenais... j'ai fini par mettre un terme à ma souffrance psychologique et à notre relation.
Un mois s'écoula avant de que B. ne m'appelle. Au fond de moi, j'étais très heureuse et très excitée à l'idée de lui parler de nouveau car j'étais encore très amoureuse de lui, mais l'objet de son appel me fit vite déchanter.
« Voilà, je voulais être franc avec toi, parce que c'est important : si je disparaissais pendant des jours c'est parce que je voyais cinq filles en même temps. »