Chapitre 15

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Sagitta, Douzième Royaume, Palais de Valyar.

Satia s'éveilla doucement, l'esprit encore embrumé. Les souvenirs de la veille se confondaient avec ses rêves. Pourtant, impossible de confondre l'immense lit avec la chambre qu'elle occupait en ville.

Elle se trouvait bien au Palais, au cœur de la capitale des Douze Royaumes.

Satia s'assit et repoussa le lourd édredon en se massant le front. Une sourde migraine battait ses tempes, comme au lendemain d'une soirée trop arrosée.

Elle n'avait aucune idée de l'heure à laquelle elle s'était couchée – très tard, certainement.

Et le soleil devait être levé depuis bien longtemps, si elle en croyait l'éblouissante lueur que les lourds rideaux de velours ne parvenaient pas à occulter.

Avec un soupir, elle posa les pieds sur l'épais tapis qui garnissait le sol. Retarder l'inévitable ne servirait à rien. Elle se dirigea vers la salle de bain à sa disposition, qui jouxtait sa chambre.

Satia s'émerveillait de la taille de ses appartements ; deux fois plus grands que la petite maison qu'elle occupait avec son père.

Elle versa un peu d'eau claire dans un broc pour se rafraichir le visage. Les idées un peu plus claires, elle détailla son reflet dans le miroir. Il ne restait pas grand-chose du maquillage de la veille, alors Satia se saisit d'un linge et enleva les dernières traces. Si seulement elle pouvait faire disparaitre sa fatigue du même geste simple...

Elle sursauta soudain. Quelqu'un avait frappé... à la vitre ? Un son si cristallin ne pouvait provenir de la porte.

Satia se précipita dans sa chambre, et tira sur les épais rideaux. Un flot de lumière l'éblouit et elle plissa les yeux, avant de rester bouche bée. Lucas ! Ici ?

Sans attendre, elle lui ouvrit.

Le Massilien, qui avait patienté sur le petit balcon, entra dans la pièce.

–Durckma, salua-t-il formellement, poing sur le cœur.

–Tu ne vas pas t'y mettre aussi ! fulmina la jeune femme. Que fais-tu là ?

–Je passais te dire que je quittais Sagitta.

–Déjà ? s'étonna Satia. Mais...

–Tu seras en sécurité au Palais.

–Certes, mais j'aurais espéré pouvoir compter sur ta présence, maugréa-t-elle. Je plonge dans un monde inconnu où je ne connais pas les règles. Pouvoir en parler aurait été rafraichissant.

–Tu t'en sortiras très bien, dit Lucas, impassible.

–Ta décision est déjà prise, c'est ça ? soupira Satia.

–J'ai mes ordres, oui.

La jeune Durckma fit quelques pas. Elle avait l'impression d'oublier un élément important, mais avec ses maux de tête, impossible de réfléchir correctement.

–Aurais-tu trop bu, hier soir ?

Satia lui jeta un regard noir.

–Pas plus que ça. Je ne pouvais déjà pas me le permettre, et maintenant je ne vais pas gâcher si vite l'image de la Durckma parfaite que je dois refléter.

–Je ne pensais pas que tu prendrais ton rôle au sérieux si rapidement.

–Je sais dans quoi je me suis engagée, Lucas.

Les Douze RoyaumesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant