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Alexis

Alexis fixait le but devant lui, le pied droit posé sur le ballon blanc, il était concentré. Soudain, son genou se cassa, les muscles de son mollet se tendirent, sa cheville dure comme fer, il tapait. La balle débuta un vol dans les airs, à une telle vitesse qu'elle était certainement supérieure à celle de la lumière,le gardien n'ut pas le temps de réagir, qu'elle s'enfonçait déjà dans la lucarne faisant frémir le filet.

Ce dernier point marqué annonça la fin de l'entrainement, l'entraineur siffla bruyamment dans son signet et fit signe aux joueurs de s'approcher. Ces derniers autour de lui, il se mit à faire son discours de fin, avec son ton autoritaire.

- Les gars, c'est une bonne reprise mais il en faudra plus pour la saison. Nous avons et devons assurer cette année, faudra rien lâcher, les adversaires seront rudes, ils auront aucune pitié, que vous soyez fatigués, déprimés, défoncés j'en ai rien à foutre. A partir du moment, que vous rentrez dans le terrain, je veux des combattants, des hargneux, on a une coupe à gagner! Aucun retard, aucun relâchement sera attendu, y'en a pleins qui sont prêts à prendre votre place. J'en ai fini pour ce soir, match samedi 20H !

Les joueurs s'en allèrent, tchèquant le coach et se dirigèrent vers les vestiaires.

- Alexis!

Le concerné s'arrêta faisant signes aux autres de ne pas l'attendre, il se retourna vers Will.

- J'aimerai te parler de ton rôle de capitaine...

Il fronça les sourcils, assez contrarié, pour lui c'était une évidence enfin ils en avaient parlé lors de l'entrainement précédent, les gars ne voyaient aucune objections à ce qu'il mène l'équipe, il ne voyait pas où était le problème.

- Et bien, figure toi que j'ai discuté avec ton professeur principal, j'ai été très surpris. Enfin merde, Alexis ! Baiser dans les couloirs, vraiment ? Je pourrais très bien te suspendre, même te renvoyer définitivement de l'équipe. T'es capitaine, bon sang,tu dois montrer le putain d'exemple,imagine les autres s'y mettent aussi !

-Désolé

- Merde, arrête de faire cette tronche, on dirait un gosse. Puis des excuses, c'est bien beau mais et après ? J'ai besoin d'actes, moi, que tu mûrisses un peu. Sinon, je me verrai dans l'obligation de retirer ton titre, voir te mettre sur le banc. A toi de voir, où tu te retires maintenant et je te maintiens dans l'équipe en tant que meneur remplaçant soit tu décides de changer de comportements et conserve ce qu'il t'appartient.

-Mais...

L'entraineur le coupe rapidement, les bras croisés contre son torse, clairement embêté par son élève, foutrement têtu.

- Mais quoi, je n'ai pas le droit ? C'est ça, hein ? Au contraire, j'ai tout les arguments pour.

-Et l'équipe ? Sans moi, elle n'est rien, je mène, je marque la moitié des points à chaque match. Vous perdrez la coupe et tout les avantages qu'ils vont avec, ce serait injuste,autant pour eux que pour moi.

-Et bien, on s'y fera.

Sur ce, leur discussion s'arrêta, laissant les deux hommes en froid et l'atmosphère du terrain glaciale. Le coach regarda son joueur rejoindre les autres au vestiaire, au fond de sa cage thoracique ,son cœur serré. Ce discours, il l'avait fait à contre cœur, il espérait que le plus jeune comprendrait. Mais comme une vraie tête de mule, il l'avait mal pris et s'était cambré.

Will considérait Alexis comme son fils, il l'avait pris sous son aile à la seconde où il l'avait vu jouer. Il y a trois ans déjà, un soir de septembre, les cours s'étaient déjà terminés depuis un bout de temps. En refermant le gymnase, il avait entendu du bruit venant du terrain extérieur, discrètement il s'était approché. Et avait découvert Alex enchainant les buts, faisant d'incessants aller-retours, il se déchaînait. Pour un débutant, il était doué, très doué même.Et l'entraineur ne s'était pas trompé puisque après avoir lourdement insister auprès du garçon, de rentrer dans l'équipe. Il fit sensation, l'équipe l'accepta sans sourciller et progressa rapidement, gagnant matchs après matchs, ce qui était une première. Alex était le genre de joueur qu'on ne rencontrait qu'une fois dans une carrière. Il était une sorte de champion né, bourré de talent mais foutrement trop con pour s'en apercevoir. Will était conscient qu'il avait encore beaucoup à faire pour son élève, il avait encore tellement à apprendre, c'était encore un gosse et il valait impérativement qu'il grandisse. Il savait que ce n'était qu'une image qu'il voulait montrer aux autres car le coach savait que sur le plan personnel c'était totalement le contraire. Il avait dû affronter des difficultés beaucoup trop grandes vis à vis du petit bout qu'il était. 

Le coach secoua vivement la tête pour ne pas se laisser attendrir.  L'année prochaine, il devra laisser son poulain à l'Université et ce n'était pas avec ce putain de comportement qu'il allait réussir. Selon son collègue, Alexis manquait beaucoup trop de maturité et de discipline, il fallait en recourir avant qu'il soit trop tard. 

Le moyen était simple: lui montrer qui avait vraiment les cartes dans les mains dans la vie. A l'inverse de ce qu'on croit, ce sont souvent les autres qui les ont, pas même notre propre personne. 

Alexis refoulait tout les élans de rage qu'il venait à lui, il avait juste envie de casser tout ce qu'il l'entourait, de crier à s'en déchirer les cordes vocales. Tout ce qu'il arrivait à penser, c'était Mr. Styles, ce con qui débarquait dans sa vie comme ça et à lui arracher tout ce qu'il avait, un par un. Il s'imaginait le trouver chez lui et lui déchirer la gueule, lui faire payer et lui permettre de fermer sa gueule une bonne fois pour toute. Brutalement, il balança ses affaires en boule dans son sac de sport, il se cassa de ce gymnase pour se diriger vers le parking extérieur.

Il aperçut rapidement deux silhouettes frêles, qu'il identifia comme Lisa et sa sœur. Elles discutaient, adossées contre le parechoc de la voiture. 

- Et bien, enfin te voilà ! La princesse se fait attendre, les autres sont déjà sortis depuis un moment, qu'est ce que t'as foutu ?

Il se mordit la lèvre inférieur, voulant éviter d'avouer la vérité devant sa sœur, honteux.

- Une chevelure comme la mienne doit s'entretenir voyons !

Il fit un clin d'œil aux filles, tout en passant la main dans ses cheveux comme un surfeur le ferait sur la plage. Il déverrouilla de l'automobile puis y rentra, Félicitée s'installa à l'arrière tandis que Lisa prit place à l'avant, du coin de l'œil il examina cette dernière. Son visage était toujours marqué par les blessures de la veille, un coquard à l'œil droit, la lèvre fendue, l'arcade sourcilière légèrement ouverte. 

- Pourquoi t'es pas restée chez toi ? 

- Et rester avec lui ? Non merci. Je sais ce que tu vas dire, les gens vont parler et tout mais j'en ai rien à foutre,qu'ils parlent! Ils me voient déjà pas comme une fille fréquentable, ils font croire que je me suis battue avec un gang ou avec mon dealer,c'est toujours mieux que la réalité.

Félicitée ricana à l'arrière, depuis toute petite, elle admirait Lisa et le caractère qu'elle possédait. Ce qui avait le don d'agacer Alexis, il aurait préféré qu'elle ne prenne pas pour exemple, une espèce d'insociable badgirl. 

Il se gara sur le bas coté de la route, devant sa petite maison de banlieue. Félicitée sortit précipitamment de la voiture, pour rejoindre la maison et ses sœurs. Les deux plus agés restèrent dans la voiture obscure et silencieuse, Alexis se décida enfin à lâcher la bombe.

- Will veut me retirer le rôle de capitaine

- Sérieux, pourquoi ? 

- Styles lui a raconté que lundi dernier, j'avais couché en plein couloir avec Jessica

- C'est vrai ? 

- Putain bien-sûr que c'est vrai j'sais même pas comment ça à commencer mais j'ai fini par la plaquer contre un mur et lui rentrer ma queue d'dans

Lisa le regarda avec des grands yeux, la plupart se seraient moqués et lui auraientt tapés l'épaule fraternellement mais pas Lisa, elle comprenait les enjeux. Là, on ne parlait pas de baise mais indirectement de son avenir, sans être capitaine, les universités ne s'intéresseraient pas à lui. Pas capitaine indique pas de bourses donc pas universités, pas de diplômes, pas d'emplois. Juste bon à pourrir dans un fastfood en touchant à peine le smic. 

- Tu comprends si j'ai pas d'universités, ni rien je pourrais jamais offrir un meilleur avenir aux jumelles et à Julia

Il parcouru les alentours des yeux, désignant les vieilles maisons en ruines, trop dégradées par le temps et les buildings prêts à s'effondrer.

- Jamais les sortir de ce trou à rats

" Parfois, nos choix ne sont pas importants, ce sont les conséquences qui les entrainent qu'ils le sont."

Dans ce cas, Alexis allait subir les conséquences de ses stupides choix. 

Styles : 2
Alexis: 1


Tourbillons [HS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant