Chapitre 3

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Vendredi 10 avril, 10h

Encore deux heures de cours et la journée est finie. Max passera me chercher avant d'aller rejoindre les autres au parc. Ana aura acheté les meilleurs sandwichs du meilleur traiteur de tout Bordeaux, Judie amènera le meilleur vin de sa cave, et Max et moi comme à notre habitude : les chips les moins chers du supermarché d'à côté. Ana m'a envoyé un sms ce matin pour dire qu'en plus elle avait une surprise pour moi : j'ai peur !

Cette semaine a été longue et vraiment ennuyante. Max a passé toutes ces soirées chez cette nana qui a un cul à ce damner, selon ses propres mots, du coup j'étais à l'appartement, avec Enzo. Quelque chose s'est brisé entre nous depuis l'autre jour. Chacun de ses mouvements me fait sursauter, je suis tout le temps sur le qui-vive, je n'ai pas fait une vraie nuit de sommeil depuis au moins une semaine. Nous ne nous sommes quasiment pas adressé la parole et pourtant, il n'a jamais passé autant de temps chez nous. Je pense que d'une certaine manière il s'en veut encore.

Mais Mr Duflonget n'a pas du tout apprécié que je rattrape mes heures de sommeil durant son cours de microbiologie. Qui en a quelque chose à faire de la microbiologie ? C'est la matière la plus assommante du monde : les virus, les bactéries et les champignons ne sont pas ma priorité actuelle. Voilà pourquoi je suis assise seule devant la fac, en attendant que le cours finisse avant de rejoindre le prochain. Beaucoup d'ouvriers s'affairent pour finir le chantier de rénovation de la façade de notre université. Je m'allume une cigarette et vais m'asseoir sur les marches de la fac, en regardant les gens passer et les ouvriers travailler.

J'aperçois au loin une silhouette connue : Yliès. En tenue d'agent de sécurité, tenue qui révèle beaucoup de chose du corps qui se dresse devant moi, sans pour autant le faire passer pour un village people. Quelques ouvriers sont regroupés autour de lui et se font apparemment passer un savon pour une quelconque règle de sécurité non respectée. Cependant ce sourire stupide est toujours collé sur son visage ce qui rend ses paroles beaucoup plus douces. Les ouvriers s'éloignent de lui et en profitent pour mater ouvertement mes jambes qui dépasse de ma robe : quelle bande de gros porcs. Je tourne la tête vers Yliès qui m'observe et me fait un clin d'œil. Je m'apprête à me lever pour aller lui dire bonjour quand il tourne les talons, monte dans sa voiture et s'éloigne sans un regard.

J'ai du louper un épisode.

Vendredi 10 avril, 11h

J'avais tord. Il y a pire que la microbiologie. Je suis actuellement en cours de chimie organique, et ai déjà élaborer 201 techniques d'évasion au cas où que je me retrouverai enfermée avec Judie et quelle commencerai à me raconter son enfance pour la 256749ème fois.

Mon téléphone vibre dans ma poche et je reçois un message d'un numéro inconnu :

« Arrête de me mater quand je travaille. »

Même sans connaître ce numéro, je sais très bien de qui ce message émane. Je ne peux m'empêcher de le relire, deux, trois, quatre fois. Je décide de ne pas répondre mais enregistre tout de même son contact. Je mets quelques minutes à trouver le nom idéal : « Colgate ». Avec son sourire, il doit bien avoir quelques actions chez eux !

Vendredi 10 avril, 15h

Nous sommes dans le parc depuis deux bonnes heures à parler de tout et de rien (surtout de rien). Judie et Ana sont en face de moi en train de se remaquiller et de faire les yeux doux à tous les apollons du parc. Max à sa tête posée sur les jambes de « cul » qu'il a ramené. D'ailleurs, il va falloir que je lui demande son prénom un de ces jours, je ne vais pas continuer à l'appeler simplement « cul » tout le temps même si cette perspective me fait rire. Je me contente de regarder les skateurs sur l'esplanade d'à côté en répondant aux deux trois personnes qui osent interrompre le fil de mes pensées.

Hier, Aujourd'hui, À jamaisWhere stories live. Discover now