Brisée

135 9 3
                                    

En rentrant chez moi, mon téléphone sonne, après avoir regardé l'appelant, je souris puis décroche :

-Hey ! Encore toi, je vais finir par croire que tu peux plus te passer de moi.

-Ahahah très drôle, fait Barry à l'autre bout du combiné. Quand on s'est quitté, c'était Iris qui m'appelait pour m'annoncer qu'Eddy allait beaucoup mieux. Du coup, on organise un petit quelque chose ce soir chez Joe, tu serais libre ?

-Bien sûr que oui, je suis contente qu'il aille mieux, dis-je avec un sourire en repensant à cette fameuse nuit, je viendrais avec plaisir. A ce soir alors.

Sur ce, je file sous la douche pour commencer ma préparation.

Douche, brushing, maquillage,...Quelle tenue choisir !

Du calme Avie c'est juste une simple réunion entre amis pour la convalescence d'un homme que tu avais toi-même envoyé à l'hôpital.

Pourquoi le monde est-il si petit ? Dites-moi.

Après avoir passé plus de 10 minutes devant ma petite garde-robe, j'opte pour un short en jeans bleu clair et un petit haut en dentelle couleur crème ainsi que des sandales à lacets.

Puis je m'installe devant mon miroir et me livre un entraînement de ce que je pourrais dire à Eddy, je ne voudrais pas en faire trop ou pas assez.

Au fond, c'est plus qu'une simple réunion. Ces personnes sont les amis et la famille de Barry, et c'est la première fois qu'on sera tous réunis. Plus j'y pense et plus la situation me stresse.

Et si Joe ne m'aimait pas ?

Encore avec Iris, je ne m'en fais pas trop car j'en déduis que ce n'est que son côté protecteur qui fait qu'elle ne m'aime pas. Comme une sœur et un frère, puisque c'est la relation qu'ils affirment avoir.

Mais Joe... c'est comme son père son avis doit être très important pour Barry.

Je cherche mon gloss et m'en remets une couche, puis en articulant, je commence :

« Bonjour...non non Avalon, bonjour c'est trop officiel...Hey !...non ça ne va pas non plus... Salut ! Non, on n'est pas assez proche... bon et puis zut j'improviserai. »

Je prends mon sac à main et m'avance vers la porte quand mon regard se pose sur l'horloge : 17 h 45.

L'excitation et le stresse de la soirée m'ont fait perdre toute notion du temps, il me reste une bonne heure voire deux.

Mon regard passe de l'horloge au téléphone posé sur son socle. Et j'ai soudain une pensée pour ma mère.

Maman.

Cette femme qui m'a porté et aimé dès les premiers instants.

Cette femme que j'avais perdue, mais que le capitaine a retrouvée pour moi. Je me demande d'ailleurs si elle pense à moi parfois, si elle m'aime toujours. Parce que le jour de nos retrouvailles, cet amour, je ne l'avais pas senti. Peut-être est-ce pour cela que je n'ai pas voulu de réels contacts avec elle. Oui, elle m'avait prise dans ses bras, elle m'avait dit que je lui avais manqué et que c'était le plus beau jour de sa vie. Mais je n'avais rien ressenti. La chaleur de l'amour, ce bien-être qu'on ressent lorsque l'on est avec une personne aimée, je ne l'avais pas ressenti. Je ne dis pas que cela venait d'elle, peut-être est-ce moi. Peut-être que je n'ai plus le droit d'aimer ou d'être aimée... Peut-être que c'est le karma, le destin, le hasard ou peu importe qui se venge pour toutes les vies que j'ai volé. Ma punition serait-elle de rester seule à jamais ? De ne jamais connaître le réel bonheur ?

Mais pourquoi est-ce que je pense à ça ? Pourquoi maintenant ? J'ai réussi à vivre toute ma vie sans pic émotionnel, mais depuis que j'ai commencé cette mission, l'amour et l'amitié sont devenus bien plus que des mots pour moi.

Sans me rendre compte, je porte le combiné à mon oreille après avoir composé le numéro.

BIP

Je veux juste voir si le karma veut vraiment se venger.

BIP

Je veux prendre le risque de me lancer dans l'inconnu, d'explorer cette relation interdite.

BIP

Mais, et si le destin arrivait finalement à me briser.

-Allô ?

De peur, je raccroche après sa réponse. Je me laisse glisser le long de la porte jusqu'au sol tenant toujours le combiné bien fermement dans mes mains.

Assise au sol, le visage serré, j'essuie du dos de ma main une larme qui s'est échappée.

Brisée, je crois que je le suis déjà.

ImpossibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant