Mon Avenir

Prologue

Assise en tailleur sur mon lit double, une cigarette entre mes lèvres, je finis le livre que je lis depuis bientôt quatre jours. Il parle d'amour, de jalousie et de problèmes. Un bon roman pour une adolescente immature, j'imagine. Je termine la dernière page ; de toute évidence, le garçon finit par déménager, et la fille n'arrive pas à passer à autre chose... quelle fin prévisible. Au quart des deux centaines de pages, j'ai su qu'ils allaient finir par se séparer. Les gamines trouvent une séparation triste et excitante à la fois. J'ai eu ma période aussi, alors je ne m'attarderai pas sur le sujet.
Je dépose le livre parmi tous les autres, sur mon étagère. Contrairement à ce que laisse dire mon apparence, je lis beaucoup. J'aime me transporter dans la peau des personnages, et parfois imaginer une suite ou qu'est-ce qu'il se serait passé si le personnage principal aurait fait un autre choix. C'est pour cela que j'ai décidé d'étudier les lettres, avec l'espoir d'un jour sortir mon livre.
J'arrête de rêver au moment où ma mère fait irruption dans ma chambre.

- «  Maman ! Je t'ai déjà dit de ne pas venir comme ça dans ma chambre ! Grogne-je.

- Je venais seulement te dire que ton cours est dans cinq minutes.

Je fais les gros yeux. J'avais totalement oublier mon cours de boxe. Je jette ma cigarette par la fenêtre et me précipite hors de ma chambre. Maman est au courant que je fume. Depuis que je suis toute petite, je suis stressée en permanence. On a tout essayé ; anti-stresse, thérapie, yoga... la seule chose qui me calme reste le tabac. Cependant, je me régule à une ou deux cigarettes par jour. J'attrape les clés de la voiture, puis sors de l'appartement. Je descends les escaliers à la vitesse de la lumière et grimpe dans ma voiture rouge. J'allume la radio ; ils passent du rock alternatif. Je laisse cette station et roule jusqu'à la salle. Je gare la voiture dans le parking et entre à l'intérieur. Il y a une odeur de transpiration et de déodorant pour homme. J'entre dans le vestiaire, enfile un legging noir et une brassière de sport puis attache mes cheveux en une queue de cheval. Mes gants en main, je sors et monte directement sur le ring, en passant au-dessous de la corde élastique. L'entraîneur, Aaron, tape dans ma main pour me dire bonjour. Il me donne un morceau de plastique pour protéger mes dents. Je le mets dans ma bouche, enfile les gants et me mets en position d'attaque. Il fait de même.
Nous commençons à nous donner quelques coups, pour nous échauffer. Au bout de bien trente minutes, je commence à me sentir essoufflée. Je retire les gants et le protège-dents. J'ai la tête qui tourne, j'ai la nausée. Je m'appuie à la rambarde et essaie de déglutir, en vain. Ma respiration s'accélère, tout comme mon rythme cardiaque. Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Cana, tu vas bien ?

J'ai l'impression que les bruits sont lointains, que je n'entends que les battements de mon cœur.

- Cana ?

J'ai l'impression que l'entraîneur m'appelle. J'essaie de me redresser, mais je sens mes jambes se fléchir, mes genoux tomber à terre. Puis après, le noir complet. Plus rien.