Episode 25 mon histoire(Dusky)

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  ***Loraine***
Je suis assise par terre derrière la porte en attendant qu'il se mette à m'expliquer. Tout au fond de moi je souhaite
connaitre son histoire. Il a raison lorsqu'il dit que je sais qu'il n'est pas un homme méchant mais cela n'empêche qu'il est ce qu'il est et ça c'est mal. Combien de fois j'ai voulu tout savoir sur lui ? Combien de fois j'ai voulu mieux le connaître ? Et
voilà qu'aujourd'hui tout me tombe dessus comme une
malédiction.
Carl (derrière la porte) : « J'ai grandi dans une famille qui n'avait rien de normale. Entre mon père qui passait toutes ses journées dans les petits bistros du quartier parce que trop
déçu d'avoir perdu son emploi et ma mère qui jouait le rôle et du père et de la mère, ma grande sœur et moi devions nous débrouiller tout seul. Mon père s'en foutait carrément de nous
et maman voulant tellement s'occuper de nous a fini par nous négliger sans le vouloir. Elle faisait plusieurs petits boulots à la fois pour pourvoir subvenir à nos besoins et donc elle sortait
tôt le matin à 5h pour ne rentrer qu'à 21h, heures auxquelles
ma sœur et moi dormions. Mais nous étions à chaque fois
réveillés par des cris et des bruits. Mon père qui déchargeait tout son alcoolisme et son incapacité de prendre soin de sa
famille sur ma mère. Tous les jours c'était comme ça. Des cris,
des pleurs et des coups. Puis vient le jour où tout a basculé.
« Papa (frappant maman) : Je t'ai dit de me donner tout
l'argent que tu as.
Maman (sous lui) : Non je ne te donnerai rien. L'argent c'est
pour acheter la nourriture pour mes enfants donc si tu veux
boire vas chercher ton propre argent. »
Il se mit à la tabasser n'importe comment pendant que moi et
Roxane ma grande sœur nous mettions à hurler, à pleurer à la
vue de ce qui se passait. Il ne prêtait pas attention à nous
comme à son habitude et continuait à la rouer de coups. Elle essayait comme elle pouvait de bloquer ses coups mais elle
s'en prenait quand même plein à la face. Le sang commençait
à sortir de son nez et de sa bouche mais c'est comme si cela boostait plus mon père à la cogner avec plus de violence. Moi j'étais effrayé par le spectacle, Roxane aussi mais elle me serrait quand même dans ses bras pour me consoler.
Soudainement papa comme possédé pris la tête de maman
entre ses mains et la cogna à plusieurs reprises sur le sol en hurlant de rage.
« Papa : JE DESTESTE LES FEMMES DESOBEISSANTES. JE
VAIS DONC T'APPRENDRE LA SOUMISSION.
Maman : NON LACHE-MOI ! TU ME FAIS MAL. »
Il cogne un dernier coup sa tête lorsque tout d'un coup silence radio. Ma mère ne parlait plus et ne bougeait plus. Une grande
marre de sang sortait à ce moment d'en dessous de sa tête...
Elle était morte.
« Papa (se levant) : Oh mon Dieu qu'est-ce que j'ai fait ? » Papa a dessoulé sur le coup en s'apercevant de son crime et
comme s'il n'en avait pas assez fait, il se dirigeât dans la cuisine pour revenir avec un couteau et se plaça devant nous.
« Papa : Je suis vraiment désolé les enfants mais je ne veux
pas aller en prison. »
Et là sous nos yeux sans même qu'on ne s'y attende il s'enfonce le couteau dans le ventre. J'étais traumatisé, horrifié. Je venais d'assister à la mort de mes parents comme
s'il ne s'agissait que d'un film qu'on regardait à la télé.
Trois mois plus tard Roxane et moi étions désormais des
enfants de la rue à 10 et 13 ans. On dormait là où la nuit
nous trouvait et on mangeait ce que les poubelles voulaient
bien nous donner de mangeable. On ne connaissait aucun
membre de la famille ni de papa ni de maman. On savait juste
que la famille de maman avait coupé tout lien avec elle parce qu'ils ne voulaient pas qu'elle se marie avec papa mais qu'elle s'y est entêté quand même. On sait juste qu'ils existent mais où on ne sait pas. On devrait se battre nous même pour
survivre. Roxane elle étant la plus grande c'était donc elle qui cherchait la nourriture et m'en rapportait. Mais un jour elle
aussi je la perdis.
« Roxane : Bon Carl attends-moi ici je vais chercher de la nourriture. Tu ne bouges surtout pas ok ?
Moi : Ok Roxy mais stp ne dure pas. Je n'aime pas rester
seul.
Elle s'approche de moi et s'assoit en me souriant. Je me lève
et me mets à genoux devant elle puis pose ma tête sur ses
cuisses. C'est une habitude qu'on a eu elle et moi. A chaque
fois qu'elle me voyait triste elle me disait de venir me coucher
sur ses cuisses pour qu'elle me donne du réconfort. Ainsi je
saurai que je ne suis pas seul.
Roxane (caressant ma tête) : Jamais je ne te laisserai seul. Tu
es tout ce qui me reste dans cette vie et tu m'es très
précieux. Tu es mon petit frère adoré donc jamais, au grand
jamais je ne t'abandonnerais. »
C'était la dernière phrase qu'elle m'a dite avant de s'en aller et de ne plus jamais revenir. Je n'ai plus eu aucune nouvelle
d'elle. Je ne sais donc pas si elle est toujours en vie ou si c'est le contraire. Mais je suis certains d'une chose, jamais, au grand jamais elle ne m'aurait abandonné en tout cas pas de
son propre chef.
J'errais donc tout seul ça et là dorénavant, subvenant tout seul à mes besoins. Je passais mes jours à chercher de quoi me
nourrir et mes nuits à verser toutes les larmes de mon corps.
Je dormais sous la pluie des fois et ne mangeais presque plus.
Les gens me regardaient avec dégoût parce mes vêtements
étaient tout crasseux. Mon corps aussi. Seule l'eau de la pluie
me nettoyait des fois. Je ne savais plus quoi faire jusqu'à ce qu'un jour je rencontre un groupe de jeune un peu plus âgés
que moi. Ils ont décidé de me prendre avec eux après que je
leur ai dit n'avoir personne dans ma vie ni aucun endroit où
aller. C'est plus tard que je me suis rendu compte que ces
jeunes dont l'âge variait entre 12 et 16 ans étaient en réalité des bandits et apparemment ils avaient commencé depuis leurs
bas âges parce qu'étant aussi des enfants de la rue. Ils
agressaient des gens de jour comme de nuit et ce sous la
direction d'un jeune homme d'une vingtaine d'année. Lui ne faisait rien mais recevait tout le butin qu'il leur partageait
comme il le voulait. Il leur apprenait aussi à se battre et à
magner le couteau. J'ai donc intégré le groupe et c'est ainsi qu'a commencé ma formation pour être l'homme que je suis aujourd'hui. J'étais le plus jeune de la bande mais le plus déterminé ce qui a tout de suite plu au chef qui a décidé de
me former encore plus.
A 14 ans je quittais la bande pour une autre plus grande mais
du même chef. Là-bas c'était les armes mais je me suis vite intégré. J'étais en colère contre mes parents de m'avoir abandonné, contre la vie de m'avoir réservé un tel destin,
contre le monde de me mépriser et cette rage me faisait être
le meilleur partout. Je passais ainsi de bande en bande jusqu'à intégrer celle-ci. Le Boss m'a vu une fois en action lorsque je pétais la gueule à un de ses éléments à lui pour avoir tapé sur une fille et il m'a acheté des mains de mon chef. Le Boss a dû
lui verser la somme de deux millions pour m'avoir comme bras
droit. »
Son histoire m'a fait couler des larmes sans même que je ne
m'en rende compte. Il a vraiment souffert déjà depuis un si
jeune âge. Oh mon Carl, mon amour. Comme j'ai envie de le
serrer dans mes bras et de le réconforter. De lui faire oublier
toute cette souffrance mais c'est impossible, moi aussi je
souffre, atrocement.
Carl : Ma princesse, je te jure sur ma vie et sur l'amour que
j'ai pour toi que lorsque je t'ai rencontré j'ai voulu tout arrêté. Je l'ai même fait savoir au Boss mais il m'a menacé de te
faire du mal et aussi aux enfants si je ne renonçais pas à cette idée stupide selon lui. Je voulais devenir un autre homme rien
que pour toi. Je voulais être l'homme qu'il te fallait, l'homme qui te rendrait heureuse et t'aiderait à atteindre tes objectifs. Mais j'ai cédé face aux menaces qui avaient déjà commencé à être exécutés par l'enlèvement de Jess et ton agression. Si ça n'avait ténue qu'à moi seul je ne serai plus Dusky depuis belle lurette. Mais si je le suis encore c'est pour te protéger. Je ne
te prends pas comme excuse mais juste te faire comprendre
que je t'aime au point de faire un tel sacrifice pour toi.
Princesse de toute ma chienne de vie tu es la meilleure chose
qui me soit jamais arrivée. Tu as apporté la lumière à mon existence qui était si sombre, si désastreuse, si merdique.
Grâce à toi je ne me considère plus comme Dusky l'obscur, le sombre mais plutôt comme Lucent le lumineux. Tu es la
lumière qui a éclairé mon existence, éclairé mon âme. Je ne t'en voudrais pas si tu ne me pardonne pas mais sache que
jamais, au grand jamais je ne cesserai de t'aimer. Tu es ancrée
en moi à tel point que si tu as mal j'ai mal, si tu pleures je pleure, si tu pars ; si tu sors de ma vie...je meurs. Je t'aime
comme un fou. Je t'ai dans la peau.
***Carl***
Je suis maintenant soulagé de lui avoir tout dit sur moi. Je ne
sais pas ce qu'elle en pense mais moi ça m'a enlevé un
énorme poids sur l'épaule. Un long silence se fait. J'attends qu'elle fasse quelque chose, qu'elle dise quelque chose mais
rien. Un moment je commence à me demander si elle était
vraiment derrière la porte tout ce temps lorsqu'un bruit de clé
se fait entendre. Je me relève et me nettoie avant de faire face
à la porte. Elle ouvre et ses yeux m'ont l'air humide.
Sûrement qu'elle a pleuré.
Loraine : Je suis vraiment désolée de ce que tu ais traversé
tout ça étant enfant et qui t'a poussé à être celui que tu es aujourd'hui. Mais...c'est trop dur pour moi de l'accepter. Je ne peux pas continuer à t'aimer et t'intégrer dans ma vie tout en sachant que tu es un homme dangereux autant pour le pays
que pour moi et mes enfants. Je refuse d'être la petite amie
de l'homme le plus recherché de la Côte d'Ivoire, de l'homme qui a volé son partenaire et sa vie à mon frère. Non j'en suis incapable. Je ne sais pas encore si je vais le dire à Olivier
mais je te demanderais de sortir définitivement de ma vie.
Elle passe tout doucement ses mains autour de son cou et
enlève la chaine que je lui ai offerte le lendemain de sa soirée
et qui n'a plus quitté son cou. Elle me la tend sans oser me regarder et je suis certains que c'est pour cacher ses larmes. Loraine : Prends-la, je ne veux rien garder de toi.
C'est avec beaucoup d'hésitation que je la prends.
Loraine : Adieu Carl.
Je n'ai pas le temps d'ouvrir la bouche pour parler qu'elle me claque la porte au nez. Je crois que cette fois tout est dit. Je
me rapproche de la porte le poing refermé sur la chaîne et j'y
colle mon front. Elle est encore là. Je l'entends pleurer, je l'entends éclater en sanglots et j'ai mal. Je veux la serrer
contre moi pour la réconforter mais en même temps j'ai envie
de me foutre une balle dans la tête de la faire pleurer de la
sorte. Je ferme mes yeux pour retenir mes larmes qui me
submergent. J'ai envie de hurler tout mon désarroi...C'est fini pour de bon, je l'ai perdu. J'ai perdu ma lumière, ma
princesse, ma raison de vivre, la raison pour laquelle je voulais être meilleur. J'ai perdu MA LORAINE. Que vais-je maintenant
devenir ?
Mais une chose est sûr je ne serai plus Dusky même si je dois
mourir pour cela.  

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