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Les nuages passent au dessus de ma tête, masquant peu à peu le ciel bleu. Je fronce mes sourcils et pince ma main. Une petite marque rouge s'imprime sur ma main, et une goutte d'eau atterris à côté. Je lève la tête vers le ciel et entends la voix de ma mère:
- Aeris! Rentre à la maison, il commence à pleuvoir!
Je regarde en bas de la colline ma maison et ma mère.
- J'arrive.
Je dévale la colline à toute vitesse, le souffle coupé par le vent. En bas, mes petits frères et ma petite sœur me regardent d'un air vide. Je les fixe trente secondes, et détourne le regard, incapable de soutenir cette vision morbide de ma famille. J'entre dans la maison et aperçois le corps de mon père allongé par terre. J'écarquille mes yeux d'enfant:
- Maman? Pourquoi papa est par terre?
Ma mère passe la tête dans l'encadrement de la porte de la cuisine, une corde à la main:
- Tu as brûlé les cadavres de tes frères et soeurs? Ton père, je m'en suis chargée.
J'ai un haut-le-cœur.
- Tu les as tués?
Elle me souris d'un air évident:
- Mais bien sûr? Que voulais tu que je fasse d'autre?
Elle lâche un petit rire et repart dans la cuisine. Ma mâchoire se décroche et je fais vite le geste de la remonter. Il faut dire que ça allait bien finir par arriver. Soudain, je sens les cernes qui se marquent sous mes grands yeux verts, mes petites lèvres roses devenir sèches et mon cœur ralentir. Je le savais, oui, mais aurais-je pus l'en empêcher ? Je trottine jusqu'au garage chercher le bidon d'essence et repart vers le salon. Je le dépose à côté du canapé et monte à l'étage préparer mes valises. Sur mon lit, je remarque un petit papier inscrit à mon nom. Je le déplie et le lis:
"Je ne sais pas par où commencer, encore moins où m'arrêter. Mais je voudrais que tu m'attendes, car je suis sûre que je reviendrais, que je te retrouverais, et tout redeviendra normal. Mais attends moi, je t'en supplie. Je t'aime, Maman."
Tu mens mal, Maman. Une soudaine odeur de brûlé me parviens d'en bas,  et du haut de mes huit ans, je regagne l'escalier, mais le feu l'as déjà atteint. Je décide alors de passer par la fenêtre, d'où je vois ma mère fuir:
- Maman!!! je lui crie désespérément. Elle se retourne et m'affiche un air joyeux:
- Reste là ma chérie! Maman reviens!
Et elle se détourne et s'en va. La fumée commence à se faire plus dense, et une odeur de chair brûlée se fais ressentir dans la pièce. Je sors la corde de mon armoire et l'accroche au tendeur de mes rideaux, tire un bon coup dessus, prends ma valise, et descend doucement le long du mur. Mais la corde était vieille et n'as pas supporté mon poids. En dessous de moi, un petit carré d'herbe incandescente. Ma chute. Mon dos. Me. Brûle. Hurlements. Et noir.

Retiens-moi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant