Louis

La vie de Louis

  Toujours mit à l’écart, étant inéluctablement un élément du décor sans cesse refoulé à l’arrière plan, Louis Onurah ne s’est jamais senti vivant auprès des autres. Il ne s’est jamais fait d’amis au long de ses années de primaire et de collège, il se faisait discret et se contentait d’observer tout ce qui se passait autour de lui. Il n’a jamais été quelqu'un de très sociable, ce n'est pas qu'il était insociable mais disons que notre jeune ami était toujours dans sa bulle, dans son petit monde qui était certainement une échappatoire qu’il s’était créé pour fuir cette réalité douloureuse. Car même quotidiennement reclu dans son coin au point que pour tout le monde, cela en était devenu une habitude, cela ne voulait pas dire que Louis s'y était fait. Au contraire, il souffrait beaucoup mais préférait garder tout ça pour lui, enfouir ses sentiments au plus profond de lui afin qu'ils ne ressurgissent jamais. C’était un quotidien difficile mais c’est au collège que notre jeune homme s’est décidé à se plier à ce mode de vie. Il avait cessé de passer des heures le soir dans sa chambre, allongé sur son lit, le regard dans le vide et fixant le plafond, à se creuser la tête pour essayer de trouver une quelconque tactique qui aurait pu lui permettre de devenir un enfant comme les autres, entourés d’amis, de gens sur qui compter et avec qui rigoler. Après maintes réflexions notre collégien avait trouvé qu'après tant d'années passées ainsi, tout changer pour devenir quelqu'un qu'il n'était pas s’avérait d'une absurdité flagrante. Il avait de bonnes notes, avait un avenir assuré et c'est tout ce qui comptait. En effet notre valeureux solitaire était ce que l'on pouvait qualifier de génie, il avait sauté 3 classes mais restait malgré tout premier de sa classe et se passionnait pour les sciences. Le monde du vivant était un univers qui l'inspirait énormément et il se voyait déjà chirurgien de grande renommé. Pour lui, tout était question de calculs, toute sa vie était pensée dans le moindre petit détail et c’est en suivant un chemin tout tracé qu'il allait avancer.
 
  Malheureusement pour lui un facteur n'était pas rentré dans ses calculs. La nature humaine et son comportement.

  En effet, arrivé au lycée, sa nature de génie solitaire ne plu pas à tout le monde et il commença à être victime de harcèlement, agressions et bien d'autres choses encore. Toute son année de seconde fût comme ça. Il se levait le matin, avec dans la tête ce but de réussir et de devenir l'un des plus grands chirurgiens et se disait que ces persécutions n'étaient que passagères, que ça allait bien se passer aujourd'hui. Mais ça n'arrivait jamais. Un groupe de garçons surtout le maltraitait chaque jours sans exception. Ça allait de la simple bousculade jusqu'au lynchage en tournante. Mais Louis ne s'est jamais défendu, il ne savait pas de toute façon, il savait tout sur cette Terre mais là il s'agissait de physique, de technique, or l'intelligence n'avait rien à voir avec tout ça.
Alors il subissait, c'est tout. Mais en plus de ce groupe de garçons, il y avait aussi ces deux petites pestes dans sa classe qui n'arrêtaient pas de l’attaquer psychologiquement. Elles l’intimidaient, lui lançaient des piques sans cesse tant et si bien que notre pauvre génie n'avait plus une minute de calme dans ses journées scolaires.
Tel était le quotidien de notre jeune élève, un quotidien qui, répété perpétuellement, pouvait s'avérer très dur psychologiquement.
Puis la fin de l'année de seconde se termina après une éternité de souffrance pour notre jeune victime et laissa place aux vacances d'été qui étaient bien méritées.

  La rentrée de première arriva et comme l'année précédente, Louis recommença à se faire persécuter tant bien par le groupe de garçons que par les deux filles.

  Soudain, au mois de Novembre l'une des deux filles, Sabrina, arrêta d'aller au lycée. Et c'est au bout d'une semaine que la professeure principale de la classe de Louis annonça que leur camarade, Sabrina Ditro s'était faite violée et que, cet acte immonde entraîna la mort de cette dernière.
La classe resta sous le choque. Elle était si jeune, et qui avait bien pu faire ça ? Une ribambelle de questions fusaient dans les têtes de tous les adolescents qui ne faisaient que parler de ça. Les rumeurs allaient bon train et l’ambiance était très froide. Chaque personne soupçonnant son camarade d'être l'agresseur de cette pauvre jeune fille. Une semaine après l'annonce de la mort de Sabrina, la police vint tous les jours au lycée. Grâce aux tests d’ADN et de sperme, l'un des garçons qui persécutait Louis se révéla être le violeur, mais il arrêta de venir au lycée et disparu de la circulation avant que la police ne puisse l’incarcérer. Les parents de Louis, eux, profitèrent de l’omniprésence de la police pour porter plainte contre toute la troupe d’harceleurs. Le directeur en fut tout de suite informer et les familles des agresseurs furent tout de suite contactées. Mais c’en fût trop pour les jeunes adolescents qui avaient déjà un coup dur sur les bras. Le suicide de l’une des leurs. Bien évidemment à cet âge là la conscience est fragile, la personnalité se crée et les changements radicaux de quotidiens, les tragédies peuvent être propice à la chute de ces être si exposés à la douleur. La copine de Sabrina fût donc la première à flancher et se suicida. Puis ce fût au tour de la bande de garçons qui tombèrent les uns après les autres, soit en se suicidant soit en disparaissant soudainement de sorte à ce que l'on entende plus jamais parler d’eux. Le procès de Louis pour maltraitance n'eût donc jamais lieu. Mais finalement ça ne le dérangeait pas plus que ça car il se dit que ça aurait été un trop gros élément perturbateur dans sa scolarité, il n’en voulait pas.
{Comment aurait été les cours après ? Qu'est ce que les gens allaient dire sur lui? Y allait-il même avoir assez de preuves pour les inculper? Et s'ils étaient reconnus comme non coupable à l'issue du procès ? Son quotidien allait certainement être pire?}
Non tout cela était bien trop pour notre jeune Louis, c'était bien trop de questions sans réponses, bien trop d'éléments bancales pouvant nuir à ce qu'il avait prévu pour sa vie.
Finalement, l’absence de ce procès n'était pas une si mauvaise chose.
C’est ainsi que Louis arrêta d'être persécuté et pu reprendre une vie de lycéen tranquille dans le plus grand des calmes.