V.

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Une assiette vole et viens se briser sur le mur. À partir de cette instant, je sais que je dois agir comme une grande sœur. Je prends la main tremblottante d'Ana et je monte à l'étage. Je l'entends sangloter dans mon dos mais mes yeux sont secs. Les circonstances éprouvantes de ses derniers jours ne peuvent qu'endurcir mon âme, mon cœur, mes pensées.

Les cris et la violence s'intensifient et cette fois-ci, je cours jusqu'à ma chambre et vérouille la porte derrière nous pour y échapper. Je regarde ma sœur. Son petit visage brun est baigné dans les larmes, son petit corps fébrile est tremblant et par la maladie son crâne est chauve et dégarni et ses yeux creusés par les cernes.

Maintenant les larmes coulent sur mes joues. Comment peuvent-ils se disputer dans de tels circonstances ? Les larmes de tristesse deviennent des larmes de colère. J'essuie rageusement mes paupières trempées et je lève mes yeux en direction de ma petite soeur qui est allongée sur mon lit encore sanglottante. Je jète un oeil vers la porte fermée où derrière la violence y est à son apogée.

Dans toute cette colère, je me sens porter. Je colle ma tête sur ce qui semble être une épaule. Je hume l'odeur que dégage celle-ci, une odeur masculine, une odeur de One Million de Paco Rabane et d'Axe. Josh.

J'ouvre légèment mes yeux et lève la tête vers lui. J'aperçois la ligne de sa mâchoire carrée et les quelques poils de sa barbe de quatres jours. Je repose ma tête sur son épaule et lutte avec le sommeil pour pouvoir capter les mouvements de son corps avec moi porté comme un bébé par ses bras, un dans le plis de mes genoux et un autre dans mon dos.

Avec lui, pas de haine, pas de tristesse, pas besoin de cacher mes plaies et à quel point elles sont douloureuses même si souvent, par pur fierté, je le fais.

Dans la pénombre autour de nous, je cherche son cou avec mon nez pour respirer cette odeur rassurante, pour me sentir proche de mon protecteur.

- Dors princesse.

Il chuchote ses quelques mots à mon oreille après avoir posé ses douces lèvres sur mon front. Après ses paroles, je ferme les yeux me laisse porter.

Il me pose sur le lit et tente de s'éloigner de moi mais je lui attrape la main.

- Reste avec moi. Dors avec moi.

Je lui souffle doucement ses mots comme une supplication. J'ouvre les yeux et ajoute :

- S'il te plait.

- D'accord. Mais avant, viens que je te mette un pyjama.

Je me redresse et lève les bras au ciel. Josh soulève mon pull et caresse de ses longs doigts ma peau. Son touché me donne des frissons et hérisse les poils de mes bras. Son touché aussi brulant qu'agréable. Une fois le pull complètement retiré, il pose ses mains sur l'élastique de mon jogging. Il tire dessus et je soulève le bassin pour laisser passer le vêtement et lui faciliter la tache. Me voilà en sous vêtements devant lui. Le pénombre de la pièce permet de dissimuler mon corps et mes formes.

Il se retourne et se dirige vers la commode. Il l'ouvre et en sors un tee-shirt qui de part sa luminosité laisse deviner qu'il est blanc. Je lève les bras au ciel pour qu'il fasse passer le tee-shirt et après l'action exécuté, je m'allonge sur le lit en attendant que Josh retire son cardigan et son jean.

Après une petite attente, il s'allonge derrière moi en cuillère, collant son torse contre mon dos, ses genoux contre le creux des miens et - surtout - mes fesses contre son bassin. Le contact peau contre peau est chaud et réconfortant mais il y a un sentiment que je n'arrive pas à déceler, sûrement à cause de la fatigue.

Bad : Dark ThoughtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant