Je me réveille dans les bras de Mathieu qui semble toujours en train de somnoler. À contrecoeur, je me retire de son étreinte. Étant seulement vêtu d'un caleçon et d'un t-shirt, je m'empourpre. Je regarde l'heure sur mon téléphone même si la lumière que celui-ci dégage m'aveugle. 7:21. Ça va, j'ai largement le temps puisque les cours commencent à 8:50. J'enfile une chemise kaki et une paire de jeans noire. Une fois prêt, je retourne dans ma chambre pour réveiller le châtain. Quelque chose ne va pas. Il tremble violemment et marmonne des choses incompréhensibles. Étonné, je reste planté sur place, ne sachant pas quoi faire. Mathieu se met à pleurer et par réflexe, je lui saute dessus pour le câliner. Tranquillement, il redevient serein et ouvre ses yeux.
-A-Antoine?.. Dit-il en me questionnant du regard.
-C-Ce n'est pas qu'est ce que tu penses!...
Je le lâche rapidement alors que mes joues s'enflamment pour me rendre encore moins subtile. Un grand malaise s'installe mais se volatilise aussitôt que Mathieu me sourit. Il me pardonne et pour mon plus grand bonheur, ne cherche pas à découvrir ce qu'il s'est passé. Le nain sort de mon lit pour venir déposer un baiser sur ma joue en feu. Pour nous, ce n'est qu'un acte amical. On a commencé à faire ça lorsqu'on avait neuf ans et maintenant, c'est devenu une habitude, pour ne pas dire une routine.
Mathieu s'habille rapidement et vient me rejoindre dans la cuisine pour prendre le déjeuner. Je lui ai préparé un croissant au miel accompagné d'un verre de lait au chocolat, sachant qu'il ne mange pas beaucoup. Il me remercie et tente d'engloutir rapidement ce que je lui ai préparé. Il semble étonné puisque je ne mange rien. Le petit nain me donne la moitié de son croissant mais je refuse immédiatement, lui disant que je n'ai pas faim. Mathieu hausse des épaules et quand il s'apprête de mordre à nouveau dans son croissant, mon ventre gargouille. Honteux, j'essaye de cacher les bruits en toussant mais il rigole comme pour me dire qu'il l'a entendu. Je rougis de honte et détourne le regard alors que Mathieu se rapproche dangereusement de mon visage pour enfoncer son croissant dans ma bouche en souriant innocemment. Je m'attendais à un baiser ou quelque chose du genre donc j'affiche une mine déçu et je suppose que Mathieu a compris le message indirecte puisqu'il vient déposer un bisou sur le bout de mon croissant. Après quelques secondes qui me semble comme une éternité, il se retire en volant un morceau de croissant avec lui. Mon visage s'enflamme et je reste immobile, essayant péniblement de comprendre ce qu'il s'est passé. Le petit malin semble fier de lui et se lève pour aller prendre le nécessaire pour la journée.
Après avoir repris mes esprits, je rejoins Mathieu avec un peu d'hésitation. Nous marchons jusqu'à notre école en parlant de tout et de n'importe quoi en repensant à ce qu'il s'est passé ce matin, le sourire aux lèvres. Inconsciemment, j'attrape la main de mon cher ami et la sert doucement.
Dès qu'on arrive, un groupe de personnes nous accueille "chaleureusement". Quatre personnes se dirigent vers nous en montrant des sourires moqueurs. Depuis quand ça a commencé ça? Ah oui, lorsque Mathieu n'avait que sept ans, ses camarades de classe le taquinait souvent. C'était une victime facile puisqu'il n'allait jamais dénoncer aux professeurs ou à ses parents donc tout le monde allait se défouler sur lui quand ça leur chantait. Ça a commencé avec moqueries d'enfant puis ça s'est aggravé. Les insultes étaient de plus en plus blessantes et nombreuses puis certains commencèrent même à l'agresser physiquement et dans certains cas, sexuellement. Ces jeunes adolescents libéraient leurs haines et agressivités sur Mathieu alors qu'il ne leur ai rien fait. Il se faisait juger pour tout ce qu'il faisait. On le traitait de pédé, de dégueulasse, de personne pas normal et j'en passe. Ces cons n'étaient pas nécessairement des homophobes, les mentalités ont heureusement évolué mais ils disaient ces mots blessants juste pour refouler leur haine. Je suis devenu l'ami à Mathieu lorsqu'il avait huit ans. Je venais d'emménager en ville avec mon père et par chance, je devais aller à la même école que Mathieu. Il était dans un si piteux état que je ne pouvais m'empêcher de l'aider. Aucun enfant ne mérite de supporter un enfer silencieusement. Quand j'étais là, il souriait. Peu importe qu'est ce qu'il se passait, je n'ai qu'à le prendre dans mes bras pour qu'il se sente en sécurité. Je n'ai jamais su comment il arrivait à être si fort mentalement. Si j'étais à sa place, j'aurais possiblement déjà sauté d'un pont. Bref, il est rapidement devenu mon protégé et on est resté des amis depuis.
Pendant mon monologue psychique, un grand brun attrape le bras fragile de Mathieu et le sépare de moi. L'ambiance a changé en une fraction de seconde et je sens une grande rage monter en moi sans que je puisse rien y faire. Je ne ressens plus rien, les pressions physiques ont toutes disparus. J'ai l'impression de quitter mon corps pour devenir spectateur de ce qu'il va se passer. L'ami du grand connard aux cheveux bruns s'approche de moi mais je lui donne un violent coup de poing au nez avant qu'il puisse faire quoi que ça soit. Étonnamment, il s'écroule au sol tellement que l'impact a été violent. Les spectateurs semble aussi choqués que moi mais je ne peux pas le montrer. Je n'ai jamais eu autant de force, ce sentiment de perte de contrôle totale me rend extrêmement mal-à-l'aise. Mes membres tremblent d'excitation et ma soif de sang est incontrôlable.
Je sors fluidement un couteau de poche de mon sac et d'une vitesse incroyable, je me retrouve derrière le brun. Je plaque violemment mon couteau contre son cou sans aucune hésitation ou peur de le blesser. Il semble paralysé par la peur et la douleur.
-Lâche le. Dis-je d'une voix terrifiante qui n'est plus la mienne.
Automatiquement, il lâche le bras de Mathieu et je fais de même pour son cou. Tel une poule mouillée, il se casse en courant, suivit de ses compagnons de crime. Je me retourne vers mon protégé et il me regarde avec énormément de terreur. Je reprend petit à petit le contrôle de mon corps et je m'écroule au sol, épuisé mais surtout terrifié. Qu'est ce qu'il s'est-il passé, bordel... C'était effrayant. Autant pour l'imbécile de plus tôt que pour moi. Je ne contrôlais plus mon corps, j'ai faillis tuer un homme. J'ai peur. J'ai vraiment peur. Ma vision devient floue et je tremble de plus belle. Qu'est ce que j'ai fais? Est-ce que Mathieu m'en voudra? C'était un instinct ou une simple folie? Pourquoi ça s'est arrivé? Ça va t-il se reproduire dans le future?
Une masse de chaleur vient se blottir contre moi. Ma vision redevient plus ou moins normal et mes tremblements cessent. Seulement Mathieu peut me procurer ses effets si rapidement donc évidemment, c'est lui que j'ai surnommé "masse de chaleur". Il tremblote contre moi donc pour le rassurer, je resserre notre étreinte. Je ne sais pas s'il a eu peur de l'idiot aux cheveux chocolats de tout à l'heure ou de l'idiot aux cheveux chocolats dans ses bras...
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PERLES [MATOINE]
FanfictionMathieu était lié à Antoine et vise versa. Ils vivaient un amour réciproque mais secret. Leurs regards remplacèrent les mots. Un sourire forcé expliquait sa tristesse. Un sourire sincère démontrait sa joie. Ils pouvaient se lire comme des livres ou...