𝕃𝕖𝕥 𝕞𝕖 𝕒𝕝𝕠𝕟𝕖 ᵗᵃᵉʰʸᵘⁿᵍ

🍬O N E🍬

La jeune fille vit la silhouette de son ancien amant s'éloigner et disparaître derrière un brouillard. Comme si c'était irréel, qu'un simple rêve. Ou plutôt un cauchemar, si on se fie à son contenu. Elle aimerait que ça soit simplement ça. Qu'elle se réveille, les cheveux en bataille, le visage inondé de larmes et le cœur battant la chamade. Mais ce n'était malheureusement pas le cas. Elle ne pouvait se retirer de la tête les mots de cet homme qu'elle a tant aimé.

« Qu'est-ce que j'en ai à faire de toi? Je ne t'aime plus. Je t'ai laissé une chance, j'ai essayé de t'aimer comme avant, mais j'ai échoué et je m'en retrouve tout de même heureux. Adieu, Maïté. »

Son propre prénom, à quel point elle l'haïssait? Ses parents n'ont pas pu faire comme tous les autres et l'appeler Juliette ou Sarah? Elle détestait son prénom plus qu'autre chose, sans raison apparente autre le fait que ça la rendait différente. Elle se dirigea vers sa maison, le cœur en miettes et les yeux remplis de larmes, mais durant le trajet, elle sentit un regard pesant contre son dos.

"Maïté"

Elle se retourna. Elle avait entendu une voix murmurer son nom, mais pourtant, personne ne se trouvait derrière elle.

"À ta droite, Maïté"

Elle regarda à sa droite et vit un homme étrange. Il avait les cheveux bruns, simples. Un visage asiatique. Mais il dégageait un aura... Mystérieux...

"Qui es-tu?" Demanda-t'elle.
"Je m'appelle Taehyung"

Ils se mirent à marcher, côte à côte. Ou plutôt, Taehyung marchait à ses côtés.

"Comment est-ce que tu connais mon nom, je ne te connais pas."
"Moins de question... Allons chez toi."
"Pourquoi je t'amènerais chez moi?"

Le jeune homme s'arrêta, et elle fit de même, intriguée par ce vif changement d'humeur. Ses sourcils froncés, ses prunelles dévoilant un éclat de pure douleur, il la toisa.

"Tu ne te souviens vraiment pas de moi?"
"Non... Même ton prénom ne me dit rien, Taehyung"
"T-Tu ne te souviens même pas de la fois où l'on a grimpé dans le pommier le jour de ta fête? La fois où on s'est battu avec Jimin? Ou encore, quand on a énervé Suga hyung pour qu'ils nous amène aux manèges? Ou... notre promesse? Ta promesse?"
"Je ne me souviens de rien. Désolé"

Ils se remirent en marche, la rouquine essayant sans résultat de semer le grand brun. Elle continua donc vers chez elle, ne sachant pas pourquoi elle le conduisait à sa maison. Elle aurait pu aller dans un café et attendre que le garçon la laisse seule, mais elle était fatiguée et n'avait aucune envie de s'attarder... De plus, elle avait l'impression que même si elle refusait, il la suivrait tout de même.

La rue était silencieuse, ce qui était plutôt inhabituel à New York. Tout ce que l'on entendait était le bruit des pas des jeunes adultes et les reniflements de la plus vieille de quelques semaines.

"Eh bien moi je me souviens de toi..." Murmura le jeune homme en baissant les yeux vers le trottoir.

Elle resta silencieuse, ne sachant comment réagir. La vérité était qu'elle se souvenait de tous ces moments qu'il avait cité plus tôt, mais elle ne parvenait pas à mettre un visage sur le jeune garçon avec lequel elle passait le
plus clair de son temps, à l'époque.

"Qu'est-ce qui pourrait me prouver que tu es réellement mon ami d'enfance?" Risqua la rouquine.

Comme toute réponse, il lui montra sa joue droite. Maïté resta neutre, mais elle savait à présent qu'il disait vrai. Une fine cicatrice argentée décorait la pommette du garçon. Elle la frôla du bout des doigts, comme pour s'assurer qu'elle était bien réelle.

"Tu me rappelles bien quelqu'un..." Avoua-t'elle

La vérité était qu'elle était maintenant certaine qu'il s'agissait de son ami d'enfance. Arrivée à la maison, elle entra, suivie par le brun et alla à la cuisine.

"Maman, je te présente..."

Elle se tourna et découvrit le couloir vide. Taehyung était donc parti? Tant mieux, sa présence, bien que familière, n'enchantait guère Maïté. Cependant, sa soudaine absence était très étrange...

"Tu me présentes...?" Insista la mère de la jeune fille.
"Laisse tomber, il est parti."

Bizarre, tout ça... Pensa Maïté.

"Est-ce que j'avais un ami qui s'appelait Taehyung, lorsque j'étais jeune?"
"Oui. Tu racontais qu'il allait à la même école que toi. Au final, je ne l'ai jamais rencontré." Lui raconta sa mère en riant.
"D'accord..."
"Pourquoi?"
"Non, rien." Dit la plus jeune en souriant à sa génitrice.

La rouquine monta jusqu'à sa chambre et s'assit à son bureau pour dessiner. Cela l'aidait, comme toujours, à évacuer ces sentiments négatifs qui la taraudaient.

"Sympa, cette chambre." La surprit Taehyung.

Elle se tourna vers le bruit et le vit accoté au cadre de la fenêtre.

"Mais-"
"Tu ne dois me présenter à personne, Maïté."
"Comment-"
"Ne pose pas plus de question."
"Pourquoi ne pas te présenter à mes parents?"
"Je n'aime pas la compagnie."

Elle fronça les sourcils. Cette excuse lui paraissait pitoyable, futile, mais elle n'insista pas plus.

"Tu pourrais partir? Je me fous de la manière dont tu es rentré, mais part, c'est illégal, et franchement, c'est flippant..."
"Pourquoi avoir quitté la Corée? Pourquoi m'avoir abandonné?" L'ignora le brun.
"C'était pour le travail de ma mère, je n'avais pas le choix." Répondit la jeune femme
"Et pourquoi avoir balayé ma présence de ta tête, Maïté?"
"Déjà, arrête de m'appeler comme ça. Si tu me connais depuis longtemps, tu dois savoir que je préfère que l'on m'appelle-"
"May. Oui, je sais. Mais tu as un si beau prénom..." La coupa-t'il.
"Taehyung... J'aimerais avoir une faveur de ta part. Une seule."
"Je t'écoute."
"J'ai prise cette décision lorsque je suis partie de la Corée, et même si j'étais jeune à cette époque, je suis toujours en accord avec ce choix. S'il-te-plait, comprends le. J'avais décidé de prendre un nouveau départ. J'avais décidé d'oublier mon enfance pour éviter que je vive toujours dans le passé et que je me morfonde de ne plus te voir. Alors pars."
"J'ai besoin de toi, May..."

Le brun s'approcha de la fille dont les yeux se remplissaient de larmes, sans même qu'elle en sache la raison. Les souvenirs d'une séparation semblable affluaient maintenant dans sa tête, la prenant au dépourvu. Elle n'avait envie que d'une chose: oublier.
"Laisse-moi tranquille... Vas-t'en!" S'écria-t'elle.
"Je t'en pris, laisse-moi une dernière chance... Je te promets de la saisir"

Elle ferme les yeux et se remet face au mur. Le brun, désespéré, pris ce geste pour une réponse affirmative et recula de quelques pas.

Qu'il disparaisse. Qu'il disparaisse. Faites qu'il disparaisse.

Quand elle ouvrit les yeux, la pièce était vide, et la fenêtre, ouverte.