J'ai toujours su au fond de moi même que la beauté et la merveille qui se reflétait dans les projets de certains scientifiques, n'étaient qu'un masque amer et sombre qui cachait leurs véritables intentions, surtout durant ces dernières années. Ils ont laissé l'impatience s'embraser dans nos corps, et fait valser l'admiration dans nos prunelles incrédules. Jamais l'idée que tout ceci perdrait son éclat en faisant sombrer le monde dans un chaos horrible n'a effleuré les esprits auparavant. Le fantastique s'est alors résumé pour eux à une simple porte dont ils croyaient détenir la clé. Pourtant, il fallait se rendre à l'évidence: Jouer avec le feu s'est révélé pour eux un plaisir fervent, mais ses blessures étaient inévitables. Oh combien ils nous ont fait rêver d'un avenir où tout serait possible! Je me rappelle encore du sourire triomphant qui s'était encré sur leurs lèvres lorsqu'ils avaient voulu montrer au monde entier ce dont ils étaient capables. Mais jusque-là, ils ignoraient que la situation leur échappait depuis le départ, et que le soi-disant "rêve devenu réel" qu'ils se vantaient de nous offrir, ne se transformerait en une arme dangereuse, étant la principale source d'un cauchemar apocalyptique. Croyaient-ils vraiment arriver à quelque chose de meilleur?
Une unité de scientifiques, membres d'une ancienne organisation militante, avait réalisé alors un exploit irréalisable: Mélanger les ADN afin de pouvoir créer de magnifiques créatures étranges, façonnées de telles à incarner plusieurs êtres vivants à la fois. Un peu comme des sortes de mutants, ou de bestiaires fantastiques. Plusieurs personnes avaient été choquées devant une telle audace à modifier la nature, mais la plupart, hypnotisées par ces êtres incroyables, avaient été charmées par un tel avancement. Les pégases, les eales, ainsi que plusieurs autres créatures avaient enfin éclos à la lumière du jour. Il a été décidé que ces êtres vivants devaient être enfermés dans des parcs ou des zoos, où tout le monde pourrait les admirer. Ces derniers avaient été placés un peu partout dans le monde tellement les visiteurs s'y rendaient en abondance. Mais un jour est survenu l'irréparable...
Une épidémie est soudainement apparue quelques temps après. Il s'agissait d'un virus inconnu, qui ne touchait apparemment que ces bêtes étranges. Elles sont devenues plus agressives, plus dangereuses et plus affamés. Leur forme a évolué, entaillant l'image admirative que l'on avait forgée d'eux. Elles ont forcé les barrières, se sont échappées avant de se multiplier à une vitesse fulgurante et déconcertante. Alors que ces créatures étaient source d'émerveillement et de fascination, elles ne reflétaient plus que destruction et mort, en plongeant le monde dans le noir. Beaucoup de personnes ont été sauvagement dévorées et tuées, et la population commença à se réduire. Afin de protéger le reste de l'humanité du danger qu'elles représentaient, les humains se sont mis à l'abri dans des aménagements souterrains, qui les gardaient en sécurité durant quelques temps. Mais cela ne suffisait pas. Ils n'arrivaient pas à s'habituer à cette nouvelle vie, et la menace n'avait pas encore été terrassée. Ils devaient réfléchir à un autre moyen, mais lequel?
Une énième secousse vient perturber mes réflexions. Ma tête heurte la surface froide de la cabine. Cela fait de cela plusieurs heures que nous avons embarqué dans ce bateau, et je commence à me lasser. Le ciel devient de plus en plus menaçant, en se teintant lentement d'une déplaisante couleur grise, qui se reflète sur la mer, déformée par plusieurs rides sous l'action du vent, en la rendant identique à la sienne. De gros nuages gris se rapprochent doucement. Le bateau cingle au milieu de ce tapis terne, une mousse amère se formant autour de son flotteur.
Je continue de contempler ce paysage qui se décolore peu à peu, avant de soupirer longuement. La pluie! Rien de mieux pour entraver la mission. Assise en tailleur près de la fenêtre, je porte un regard las mais déterminé aux différentes personnes à proximité de moi. Dix filles. Dix garçons. Des âges compris entre les douze et vingt et un ans. Chacun d'eux essayant de se convaincre que ce que nous nous apprêtons à faire est offrir une seconde chance au monde. Faire briller un peu d'espoir dans les âmes, après que ce dernier s'est éteint il y a bien longtemps. Et non accueillir la mort à bras ouverts.
VOUS LISEZ
The Lost Land
ParanormalLes licornes, les pégases, et autres créatures magnifiques vous font rêver? Très bien, apprêtez-vous à déchanter! Je m'appelle Clarisse, dix-sept ans, et quand ce bateau débarquera sur le continent, je n'ai qu'une mission, les tuer jusqu'au dernier...