Black Mountains

Chapitre 1

L'odeur du bois humide s'empare de mes narines et commence à pénétrer dans chaque pore de ma peau. Elle se tient fièrement devant moi, tandis que je la regarde avec admiration. Cela fait si longtemps que je l'attends. On dirait de vieilles amies qui se retrouvent après de longues années. Une sensation de satisfaction conquit mon corps, elle sera à moi dans peu de temps.

- Ne faites pas attention au portail, de toutes manières, vous n'en aurez pas besoin. Qui oserait s'aventurer aussi loin dans cette forêt. Plaisante le sexagénaire faisant office de maître des lieux.

Je regarde l'homme âgé en souriant gentiment. Il a raison qui oserait s'aventurer ici en pleine forêt. Bien que les Black  Mountains soient un espace très touristique pendant l'automne, par chance nous sommes éloignés du site populaire.

La petite demeure qui se tient devant moi est le portrait typique de la maison idéale. Située à la frontière d'une clairière, avec un petit lac lui tenant compagnie. Le terrain semble quelque peu entretenu, mais malgré ça, quelques herbes hautes surpassent le travail de l'Homme.

L'homme âgé se dirige vers le porche. Le chalet se tient sur deux étages et finit en un toit pointu. Ce chalet est tout simplement parfait. Je comprends mieux pourquoi elle s'était acharnée toutes ces années à travailler pour avoir assez d'économies et pouvoir l'acheter. J'envisage déjà les futures décorations.

Par exemple, une chaise longue positionnée dans l'angle à droite du porche en bois, assistée par une petite table. Quelques pots de fleurs d'une même couleur poétiseraient l'entrée. Avec cela, je verrais bien de petites lumières qui fonctionneraient grâce au soleil plantées un peu partout dans le jardin.

- Elle est vraiment magnifique. Je murmure en regardant la sublime demeure.

- Je suis d'accord avec vous ! Mais malheureusement, rare sont ceux qui y restent ! Tous me disent que c'est dû à l'éloignement de la ville. C'est vrai, qu'il y a quelques kilomètres à parcourir, mais je dois vous avouer que j'y crois que très moyennement. Ils savaient très bien avant de l'acheter qu'ils n'allaient pas avoir leurs petits pains aux chocolats et croissants tous les matins. M'enfin bon, vous êtes là maintenant. Me raconte l'homme tout en escaladant les marches du porche avec la lenteur d'une personne âgée.

- Puis-je vous poser une question ? Rajoute le monsieur.

- Allez-y. Je lui réponds tout en regardant le bois des marches qui a commencé à être rongé par ses années d'existence.

- Vous devez avoir dans la vingtaine. Je me souviens de votre mère à cette âge là. Elle n'était déjà plus très sage, vous savez. Mais elle profitait de sa jeunesse, comme tous les jeunes de cet âge. Alors pourquoi venir dans un lieu aussi reculé de la civilisation ? Me demande t-il en enfonçant les clés dans la serrure.

Je réfléchis à sa question. En fait, je n'avais pas besoin de réfléchir. Je le savais déjà et lui aussi. Pourquoi vouloir remuer le couteau dans la plaie alors qu'il est au courant de tout. Elle était née ici et est à présent enterrée ici. Bien sûr, qu'il le sait.

Alors qu'il y a deux ans, je vivais encore une vie parfaite entourée des personnes que j'aimais le plus au monde. Ils me manquent. Mais surtout lui, bizarrement. Je me disais toujours que l'amour c'était des conneries, que jamais que je ne serais jalouse. Et à la moindre erreur qu'il ferait, je le quitterais sans aucun remord. Mais toute personne amoureuse le sait au fond d'elle. Même s'il nous trompait une fois, on le pardonnerait. En se disant qu'il ne recommencerait pas, alors que c'est faux. Qui trompe une fois, trompe deux fois et comme on dit, jamais deux sans trois. Même s'il nous mentait dix fois, on lui pardonnerait vingt fois car on se dirait qu'il a compris et ne recommencerait pas. En fait, c'est le problème du premier amour. On est tellement naïf pendant cette amourette.