L'ironie du sort

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Dublin, le jeudi 13 septembre, un peu plus tard dans la journée.

« - pourquoi tu hurles comme ça ! s'exclamait une voix aiguë à l'autre bout du couloir alors que je me rendais à mon troisième cours de la journée.

- Il n'est même pas foutu de me présenter ses excuses en face ! Qu'est-ce que tu veux que je fasse avec un copain comme ça ? Répondit l'autre jeune fille avant d'éclater monstrueusement en sanglots.

- Ecoute, de toute façon vous aviez rompu avant la rentrée, il n'y a aucune raison de revenir là-dessus maintenant, c'est finit ».

En arrivant à hauteur de ces deux étudiantes, je reconnu l'une d'entre elles : la rousse au papier. Cette fille était la représentation même de la salope hautaine et fausse, sans aucun tact, sans aucune parcelle de compassion. Elle parlait crûment, sans veiller à ne pas blesser son interlocutrice.

« - Ah tiens, encore toi » lâcha-t-elle au moment où je les croisais. Je ne répondis rien et me contenta simplement d'avancer, sans accorder d'importance à une attitude aussi puérile. Son manque de maturité donnait presque envie de la plaindre. Avant de sortir définitivement du couloir, j'entendis l'autre lui demander des explications sur cette réflexion. La fin de la conversation m'importait peu. Au vu de mon incapacité à me faire des amis ici, mon seul objectif était désormais de réussir ma licence haut la main.

L'amphithéâtre dans lequel je devais me rendre se trouvait à l'autre bout du campus et je ne m'imaginais pas arriver en retard à mon premier cours de sociologie. Je cherchais alors à apercevoir quelqu'un de ma licence afin de m'assurer être dans la bonne direction mais j'étais encore malheureusement incapable de savoir si les gens que je croisais avaient partagé le même cours que moi deux heures plus tôt. Tous ces visages étaient encore durs à mémoriser, il était trop tôt pour reconnaître un camarade de classe parmi cette houle d'étudiants qui bondaient plus ou moins les couloirs de l'école. J'accélérais alors légèrement le pas.

« - Hilarie, Hilarie ! » criait une voix dont je reconnaissais facilement l'accent. Je me retournais alors avec un sourire, ravie de retrouver ma nouvelle amie inconnue. Nous suivions alors le cours de sociologie, l'une à côté de l'autre, en échangeant simplement quelques mots maladroits dans un étrange mélange de nos deux langues respectives. Un visage rouge de timidité se pointa devant nous pendant la pause.

« - excusez-moi, pourriez-vous me dire à quelle heure a lieu la soirée d'intégration de ce soir ?

- Euh, il y a une soirée d'intégration ce soir ? » Je me sentais vraiment extérieure à ce monde, comme une extraterrestre. L'inconnue se montrait alors totalement rassurée de voir qu'elle n'était pas la seule exclue.

- Oui, ils ont distribué des petits papiers sur les tables mais je suis arrivée trop tard et n'ai pas eu le temps de lire l'heure, j'ai simplement l'adresse...

- Je crois que c'est à 20h, dit l'irlandaise.

- Je te présente Gaëlle, c'est une irlandaise, elle ne parle pas trop français...

- Oh je vois, dit-elle aimablement tandis que les rougeurs sur ses joues s'atténuaient, je suis Zoé, et toi ?

- Moi c'est Hilarie. Tu veux t'installer avec nous pour la suite du cours ? Proposais-je, heureuse de m'être fait une nouvelle amie.

- Oh avec plaisir, le temps passera plus vite comme ça ! »

En effet, le cours passait plus rapidement. J'étais au début septique à l'idée d'un cours de sociologie puisque je venais d'une terminale littéraire, mais l'économique politique qui était mise en relation avec la sociologie dans ce cours n'était pas de l'économie pure et dure. Ça avait quelque chose de plus curieux et de plus logique. Cette matière avait le don de nous expliquer des choses qu'on pensait connaître et nous faire comprendre que nous ne les maîtrisions pas tant que ça.

Sur les rails d'une vieWhere stories live. Discover now