L'alphabet secret de Millénium

A B C D

A pour Asile

Zorin Blitz n'était pas une sentimentale. Les mots "patience", "douceur" et "attention" ne faisaient pas partie de son vocabulaire. Car c'était sous ses muscles, que se cachait un monstre assoiffé qui attendait impatiemment d'être lâché sur le champ de bataille pour aller mettre en pièce tous ce qu'il verrait comme un ennemi. De plus, même avant d'avoir sa faux ou de développer ses capacités à projeter des illusions, elle était déjà un monstre sans pitié. Ayant déjà tuée quelques-uns de ses propres camarades, ainsi que certains assistants du Doc, dès ses premiers jours en tant que vampire artificiel. Son état était instable, imprévisible et dangereux. Elle ne marchait que sur la devise de "tuer pour survivre" et ne vivait que dans le but d'être la plus forte de tout Millénium. 

Maintenant, la question est, si elle était vraiment ce qu'on dit, pourquoi n'avait-elle pas repoussée violemment Rip Van Winkle lorsque cette dernière c'était réfugiée dans ses bras le jour de son réveil tumultueux ? Pourquoi avait-elle choisi de former une vampire artificielle aussi peureuse et craintive ? Aussi fragile et juvénile ? Aussi naïve et légèrement folle ? Pourquoi s'occupait-elle autant de Winkle alors qu'elle ne se préoccupait de personne auparavant ? Pourquoi elle ne cessait de la protéger ? Pourquoi elle lui donnait son sang quand elle refusait de manger ? Pourquoi elle portait autant d'attention à sa camarade ? 

On dit que le Major a manqué de mourir d'une crise cardiaque, dû un sacré fou rire, en apprenant le nouveau comportement de son officier féminin. Surtout qu'elle lui avait souvent parlé de son manque de pitié, de son plaisir à jouer avec ses victimes et de sa forte envie de déchaîner la guerre à ses côtés contre le monde entier. Et il avait encore plus ri quand on lui avait rapporté qu'elle était incapable de se montrer violente face à l'autre vampire féminine de Millénium. 

Par ailleurs, il avait témoins de ce jour-ci, lorsque Rip Van s'était engouffrée contre l'uniforme de Zorin pour fuir le Doc, effrayée par ce dernier, pour qu'elle devienne son seul rempart. Elle aurait pu la repousser ce jour-là, d'un seul coup de pied dans l'abdomen, mais elle ne l'avait pas fait... Au contraire, elle l'avait plutôt gardé contre son corps, n'hésitant pas à la tenir comme ci la jeune fille lui appartenait. 

Et qui avait été la plus folle ce jour-là Rip en se réfugiant dans les bras de la plus dangereuse monstresse de Millénium ou Zorin en choisissant de prendre sous son aile la faible chasseresse ?

Peut-être était-ce le regard larmoyant que lui avait lancé Rip, une fois la joue collée à sa poitrine, qui l'avait fait craquer ? 

Finalement, comme l'une permettait de contrôler l'autre, le major avait demandé au Doc de ne pas les séparer si c'était pour avoir deux monstresses sous son contrôle.

B pour Bébé

Les vampires ont besoin de dormir. Le sommeil leur est nécessaire pour pouvoir regagner leurs forces, surtout s'ils ne consomment pas beaucoup de sang. Pour les vampires artificiels de Millénium, le cercueil n'a pas toujours été une éventualité mais le sommeil est resté primordial afin de pouvoir réussir les entraînements. Au début de sa vie de vampire artificielle, Rip privilégia dormir sur un matelas. La couverture recouvrant sa tête, elle n'eut aucun mal à s'endormir. Malheureusement, elle était fortement sujette aux cauchemars et aux terreurs nocturnes. De ce faite, ces nuits devinrent plus courtes, Rip refusant de dormir très longtemps, voir pas du tout, à cause de cela.

Ce qui lui porta préjudice un jour, lors d'une mauvaise rencontre avec les Russes, où son manque de sommeil la rendit moins attentive et l'empêcha de s'éloigner à temps d'une grenade. Elle était en train de nouer sa cravate lorsque le Doc lui ordonna d'aller se reposer juste après son départ de l'infirmerie. Rip grommela une faible réponse. Plutôt que de se rendre dans sa chambre partagée, elle se dirigea vers la salle des officiers où son mousquet avait été mis. Quand elle entra, le lieutenant Zorin était accoudée à son fauteuil, la cigarette à la bouche. Sa réaction face à sa camarade fut directe.