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Un, deux, trois... Les secondes passaient si lentement. Était-ce sans doute ennuyant pour vous ? Mais pas pour lui. Enfoui dans la bibliothèque de l'école, le jeune Moon Taeil était perdu dans un flot de lettres vivement écrites pour ses yeux.
Il avait tout son temps après tout. Paisible dans un sens, mais assez perplexe dans l'autre, le jeune homme savait toutefois garder un rythme épanoui à sa manière. Il avait largement la possibilité de savourer son récit et à pouvoir profiter d'une présente muse avant de pouvoir retrouver son stupide cauchemar nocturne.
C'était assez dur de savoir ce qui pouvait arriver dans la tête de ce garçon, pour être franc. Il devait sans doute paraître heureux à l'extérieur, ce qui était bien sûr le cas. Mais au fond, une profonde gêne qui semblait étrangère s'emparait depuis son enfance de lui. Si l'on écartait l'être fort différent qu'il était, sa relation avec ses parents était autre chose.
Petit, il passait moins de temps dans cette nouvelle famille imaginaire, que dès maintenant. Dû à son jeune âge c'était normal, mais également sous l'autorité de son paternel qui ne lui accordait sans doute point de grâce même à six ans.
Moon, de son nom de famille, faisait penser à la Lune en anglais. Cette lucarne astronomique qui éclairait le voile terrible et sombre du ciel. Hélas, ce qui était contradictoire pour sa vie, était sans doute le fait que ce satellite était toujours en compagnie de milliers d'étoiles. Tandis que lui... Que pouvait être un ami à ses yeux après tout ? Pensaient-ils ou voulaient-ils qu'il rejoigne leur cercle d'amis après tout ? Personne ne s'était manifesté durant cette année scolaire, alors pourquoi ferait-il le premier pas si jamais aucun enfant et adolescent n'a voulu lui tendre la main.
C'était une routine bien pire que le divorce. Le divorce était déchirant, au point que l'on se rendait compte que l'on quittait non seulement notre amour, mais notre meilleur ami à la fois. Pour Taeil, la solitude était bénéfique dans ce genre de situation, puisque tu n'as personne. Et à citer personne, ce n'est bien personne.
Diriez-vous qu'il devrait changer d'école, de ville, de pays, mais à quoi cela servirait après tout ? Qui vous dit qu'il n'a pas déjà essayé ?
Il pourrait vivre à Paris, que rien ne changerait. Passer par Londres, que le temps serait le seul à avoir de la pitié pour lui car ce ciel blanc changeait de temps à la bipolarité. Souffler à New York qu'il serait confronté à des vieux clichés de film, donc pas la peine.
Plein d'occasions qui n'étaient finalement guère poignantes.

" Tes jambes prennent toute la place, Taeil. ", grogna soudainement une voix légèrement grave. Taeil eut difficilement le courage de lever les yeux de son livre, mais fort heureusement, à reconnaître cette façon de le charrier, et surtout cet humour, ça ne pouvait qu'être lui.
Redressant donc son fin visage de ses pages, le plus petit des deux reconnu Doyoung, son petit-ami. Ce dernier essayait de se frayer une place assise auprès de la fenêtre et de ces rangées de bouquins, bien que le plus vieux n'osait pas bouger pour le moment.
L'élève de première, était comblé de cette soudaine compagnie. Il ne le montrait certainement point. Mais d'un simple regard croisé, autant le plus âgé que lui pouvaient deviner que leur coeur battait dans un élan rythmique. Les mots étaient doux, mais le regard en disait tant.
C'était toutefois, sûrement, mais assez maladroitement, qu'en ayant touché aucun mot, le jeune châtain ramena ses genoux à sa poitrine, offrant un bien trop grand espace à l'amour de sa vie.
Cette action résultait à froncer les sourcils du grand brun qui s'installait tout de même à ses côtés. Ses orbes couleur corbeau ne quittaient pas cette silhouette si innocente, sans cesser tout de même de le juger un peu. 

" Pourquoi tu m'as offert une place aussi grande que ça ? Je ne suis pas large non plus, Tae'. Allez, ramène tes petites jambes sur les miennes, discute pas. ", sans même pouvoir protester, il était clair qu'à partir du fait où Doyoung appliquait quelque chose de sa voix, il le faisait sans aucun doute à la seconde même. Approchant ses doigts des mollets de son petit-ami, celui-ci était tiré par la force de ses paumes.
En quelques instants, le plus grand des deux se trouvait cuisses sous les genoux du plus jeune. Et sans compter que son bras gauche s'amusait à poser son poids sur cette partie supérieure de ce corps frêle.
Doyoung avait agi ainsi afin d'être plus proche de Taeil. Et bien sûr, ce dernier se trouvait peu à peu à prendre place à des rougeurs au niveau de ses pommettes. Cela faisait peut-être un an pratiquement qu'ils se fréquentaient, mais mis à part quelques baisers par-ci par-là, ou de se câliner et de se tenir la main, ils ne faisaient pas grand chose. Mais un rien les rendaient heureux. Leur relation était arrivée à un stade où indestructible était leur citation. Ils n'avaient pas besoin de se disputer, d'avoir à rendre jaloux l'un ou l'autre, ou ne serait-ce à faire quoi que ce soit pour pimenter les faits, qu'ils étaient déjà très heureux.
Et c'était dans cette situation que Taeil se sentait enfin lui-même. Il n'avait, certes, aucun amis, et ce, depuis la nuit des temps. Mais que le destin lui ai fait connaître Doyoung était un miracle. 

𝗬𝗼𝘂'𝗿𝗲 𝗺𝗲𝗱𝗲𝗰𝗶𝗻𝗲 | jh + tiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant