La présence.

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Ma vie fut passée de foyer en foyer, de familles d'accueil en nouveaux collèges, de nouvelles rencontres en nouveaux agresseurs... Des moments heureux et des moments difficiles, au travers desquels je traçai mon chemin, un chemin parfois sinueux mais qui, je pense, se dirigeait globalement dans la bonne direction.

Quand j'étais petit, on m'avait dit que ma mère serait toujours là, qu'elle veillait sur moi, même si je ne la voyais pas. Qu'elle resterait toujours dans mon coeur. J'aimais le croire. Je lui parlais lorsque j'étais seul, et il me semblait sentir sa présence, son regard sur moi. Quelques années plus tard je ne croyais plus à ces histoires de fantôme, ou alors peut-être juste comme quelque chose de purement psychologique que l'esprit invente pour se rassurer. Néanmoins, cette impression de présence resta. Comme un regard qui vous chatouille. Quelque chose qui vous suit. Etais-je parano, ou bien fou ?

Elle avait le don de se faire plus sensible dans les moment plus durs. Comme si sentant ma détresse, elle se rapprochait, elle m'englobait d'un sentiment apaisant. Là. Un murmure. "Tout ira bien." "Tu n'es pas seul." Parfois enroulé sous mes couvertures, il me semblait sentir ses doigts caresser avec légèreté mes cheveux ou ma joue, essuyer mes larmes. Alors j'y croyais. Comme une lumière dans le noir, je reprenais confiance, et je rassemblais mon courage.

Peut importait finalement qu'il s'agisse de ma mère, ou d'une invention de mon subconscient : Je ne serais pas parvenu jusqu'ici sans elle.

Dans les meilleures périodes, je parvenais à l'oublier. Elle n'était plus qu'une vague impression à laquelle je m'étais habitué depuis bien longtemps, au point de ne plus la sentir. Comme on oublie un sous-vêtement ou une paire de lunette lorsqu'on les porte tous les jours.

Mais, ce jour là, je sentis de façon très précise l'instant où elle disparut.

L'AngeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant