Mission Abysse [EN PAUSE]

1- Le réveil

Le bip régulier de la machine laissa place au silence. Le liquide de cryogénisation se vida par le syphon et les perfusions qui transperçaient sa peau tombèrent, laissant quelques gouttes de sang s'écouler des plaies. Une assistance médicale intégrée à la machine désinfecta immédiatement les blessures superficielles avant de disparaître.

Elle ne s'était toujours pas réveillée, ses cheveux châtains entourant son visage. Ses paupières bougèrent et sa bouche remua avant que l'air parvienne enfin à ses poumons et qu'elle ouvre brusquement les yeux. Affolée, elle se débattit dans le caisson avant de reconnaître la machine.

Elle toucha les commandes situées à sa droite et ordonna au caisson d'hibernation de se relever lentement de façon à être à la verticale. Le mécanisme, parfaitement huilé, se mit lentement debout, ainsi que la jeune fille, avant de s'immobiliser. Elle détacha les sangles qui l'entravaient et posa un pied au sol, puis l'autre après avoir bu un liquide qui lui permettrait de reprendre des forces suite au long voyage qu'elle venait de faire. Le caisson se remit à l'horizontale et elle aperçut un encadré lumineux. Les symboles étaient brouillés et elle n'arrivait pas à les lire car elle n'avait pas ses lentilles de contact. Elle tâtonna les compartiments incorporés dans le caisson et en ouvrit un. Elle tomba sur une boîte en contenant, et mit les lentilles avec difficulté sur ses yeux avant de battre des paupières et de reporter son attention sur les mots lumineux.

Lynn Rolland

C'était son nom. À côté était écrit son âge et sa nationalité. Elle tourna la tête et aperçut dans la quasi-pénombre d'autres caissons d'hibernation qui étaient en train de s'ouvrir et vit des formes humaines en sortir : les autres colons. Seule l'absence de lumière témoignait d'un problème, ainsi, elle retourna fouiller dans les compartiments. Elle trouva une lampe torche et un petit couteau.

- Y a quelqu'un ? résonna une voix masculine qui se répercuta dans la salle.

Plusieurs oui retentirent et Lynn comprit que les langues n'étaient pas les mêmes mais qu'elle les comprenaient grâce à la puce traductrice greffée derrière son oreille.

- Est-ce que tout va bien ?

- Oui mais pourquoi y a pas de lumière ? fit quelqu'un d'autre, une femme cette fois.

Lynn alluma sa lampe et éclaira des visages au nombre de sept, avec des mines un peu effrayées.

- Où est-ce que tu as eu ça ? dit un homme d'origine asiatique en désignant la source de lumière.

- Dans les compartiments des caissons, juste à côté des commandes.

Tous se mirent à fouiller dans ces fameux tiroirs en métal et sortir le matériel. Sept autres faisceaux lumineux éclairèrent la pièce sombre. 

- On fera les présentations plus tard, le plus urgent c'est de trouver la salle de contrôle ainsi que l'Intelligence Artificielle et de trouver pourquoi il y a pas de lumières.

À ces mots, la pièce s'éclaira et des cris de stupeur retentirent. Il s'avérait seulement qu'un des colons, un jeune homme blond avait trouvé l'interrupteur et l'avait actionné pour que les lampes électriques fonctionnent. Ils éteignirent leurs lampes torches une à une et scrutèrent la pièce froide et grise. Huit caissons était alignés contre le mur, en face d'énormes portes d'acier avec une commande digitale reliée au centre du vaisseau et commandée par l'Intelligence Artificielle de la navette Sony, APIS (Artificial Primary Intelligence Sony). Il n'y avait aucun autre meuble dans la salle excepté une petite armoire accrochée au mur, une croix rouge désignant que c'était une boîte de soins. Le plafond était terni mais le sol comportait un partie de carrelage vers les caissons d'hibernation et de la moquette vers les portes.

L'homme asiatique s'avança vers la porte et mit sa main sur la commande digitale pour que les portes s'ouvrent. Il y eut un bruit et un message s'afficha sur le mur en face de la trousse de secours et à gauche des portes.

« Chers colons,
J'espère que votre réveil s'est déroulé sans accroc. Vous allez bientôt découvrir et explorer cette nouvelle planète, Abys09. Pour des raisons de sécurité, en attendant que le vaisseau Sony s'arrime parfaitement à la surface de cette planète pour éviter tout danger de collision avec d'autres corps tels que la faune et la flore environnante, nous vous prions de rester dans cette salle jusqu'à nouvel ordre. Des vivres sont entreposés dans les compartiments de vos caissons ainsi que de l'eau potable.
Veuillez respecter ces consignes. »

Le message s'effaça quelques minutes après.

- Bon, on va peut-être pouvoir faire connaissance finalement, dit Lynn.

- OK, je commence, annonça celui qui avait mis sa main sur la commande. Je m'appelle Kyle Tran, j'ai 28 ans et je viens de Chine.

- Salut, je suis Maya Obolenski, j'ai 27 ans et je suis d'origine russe, informa une petite blonde aux yeux noisettes pétillants.

- Moi c'est Liam Rolland, j'ai 23 ans, je suis français, et voici ma sœur jumelle, Lynn, dit un jeune homme aux cheveux châtains en passant un bras autour des épaules de sa sœur, une jeune femme aux yeux verts.

- Voici Adam et Sasha mon petit frère de 24 ans et ma petite sœur de 22 ans, on vient des États-Unis et moi c'est Tristan Mendes, j'ai 26 ans, enchanté, fit un colosse grand de deux mètres et à la mâchoire carrée.

Tous regardèrent la fille restante qui ne s'était pas encore présentée et qui restait en retrait, une grande afro-américaine.

- Euh ouais moi je m'appelle Johanna N'genzu, j'ai 25 ans et je vivais en République Démocratique du Congo. Vous pouvez m'appeler Jo si vous voulez.

- Et bien je crois que tout le monde s'est présenté, il ne nous reste plus qu'à attendre qu'il n'y ait plus de danger et que l'on puisse sortir d'ici explorer les environs, dit Kyle.

Des groupes se formèrent alors chacun dans leur coin : les trois frères et sœurs, Tristan, Adam et Sasha, se mirent contre un des murs ; Lynn et Liam s'installèrent près des caissons d'hibernation vides et ouvrirent une ration trouvée dans un compartiment. Maya, Kyle et Johanna quand à eux, regagnèrent leurs propres caissons pour faire l'inventaire du matériel présent.

Une longue attente de durée inconnue commença alors alimentée par les quelques discussions et le bruit des caissons.