Water

XVIII: Moi aussi

Ça fait 30 minutes que j'ai reçu ce message et je ne sais pas quoi faire. Je m'en veux terriblement de ce que j'ai fait à Lauren à la piscine. Évidemment que je l'aime encore. Je n'ai jamais cessé. Mais la religion...

Pesons le "pour" et le "contre".

Le "contre" d'abord car je préfère finir sur une note positive.
La religion, le regard des uns, les commentaires des autres.

Le "pour": je l'aime, elle m'aime et je crois que finalement ces raisons suffisent. En plus je sais que ma mère est d'accord avec ça. Ma tante m'a même dit le jour de son anniversaire, elle était pompette, que ma mère était bi et qu'elle était déjà sorti avec une Clara.

Sur le coup j'étais choquée mais j'ai fini par m'y faire. Ça reste tout de même ma mère aux dernières nouvelles. En parlant d'elle, ça fait surtout trente minutes qu'elle me rabâche de répondre à Lauren. Elle a eu la bonne idée de passer derrière mon dos pendant que je lisais le message... merci maman...

"Tu me dis depuis trente minutes que tu l'aimes on est d'accord sur ce point?"

"Oui maman."

"Alors pourquoi tu ne lui envoies pas ce foutu SMS qu'elle doit être impatiente de recevoir?"

"Parce que j'ai des raisons!"

"Lesquelles? Elles ont intérêts d'être bonnes!"

"Le regard et les commentaires des gens et surtout la religion."

"Pour le regard et les commentaires tu t'en fiche, c'est pas à eux de dicter ta vie. Et pour la religion, tu es quelqu'un de bien, Dieu est amour et a dit d'aimer son prochain. Certes c'est un péché, mais il y en a des pires!"

"Oui mais j'ai peur..."

"Peur de quoi?"

"De... l'après..."

"Vis ta vie, ne te soucies pas de l'après, mais évite de pécher."

"Donc accepter celui-là mais en échange faire de bonnes choses?"

"Dieu est miséricordieux, si tu fais le bien, avec un peu de chance et de croyance il te pardonnera."

"Merci maman..."

Ces mots me font plaisir à entendre. Je décide donc de prendre ma mère dans mes bras pour le lui montrer.

"Maintenant envoie ce message où va chez elle, je ne sais pas mais sors-toi les doigts du cul."

Ma mère et sa finesse. Dinah détend sur elle, c'est mauvais signe tout ça.

C'est sans plus attendre que je décide de prendre mes jambes à mon cou et rejoins la maison de Lauren, et ayant deux pieds gauches, je frôle de m'éclater sur le sol une bonne vingtaine de fois.

Ça y est, je suis devant. Je toque ou pas? Je n'ai pas couru tout ce chemin et frôlé la mort pour abandonner maintenant. 

*toc toc toc*

J'entends une voix derrière la porte

"C'est qui?"

"Une banane."

Ce n'est sans attendre plus longtemps que Lauren ouvre la porte.

"Tu m'as pas laissé finir ma blague, t'es pas drôle Lauren..."

Je fais la moue tandis qu'elle me prend dans ses bras, geste auquel je répond dans la seconde qui suit.

"J'ai cru que tu ne voulais plus me parler."

Oh non... Elle pleure, et vu les yeux qu'elle avait quand elle m'a ouvert, encore à cause de moi...

"Je suis désolée Lauren, je ne voulais pas te faire du mal, enfin pas consciemment."