Lucas 2

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Je me regarde dans le miroir de la salle de bain. Mon teint est défait. Mes cheveux mi long sont en pagaille.les traces des griffures sur mon torse musclé continues de saigner...elle n'y ait pas allé de main morte. Je me rend compte que j'ai mal à la jambe.un rapide coup d'oeil m'apprend que j'ai un beau bleu à la cuisse...comment je me le suis fait. Aucune idée.

Je me regarde dans le miroir de la salle de bain. Je ne suis pas dégoûté, ni par elle, ni par moi. Je comprends parfaitement la solitude, le besoin de sentir la tendresse, l'attention et le désir d'une personne sur soi. De se sentir aimer et désirer. Je la comprends. Et c'est pour comme ça que je gagne ma vie. 

Je me regarde dans le miroir de la salle de bain. Je l'entends s'éveiller dans la chambre. j'inspire, je remets mon masque. J'expire, j'entre dans mon rôle. Et je m'avance vers la chambre.

Allongé sur le lit. je la vois qui essaie de cacher sous ses draps ses complexes et ses insécurités.
Je m'approche d'elle à pas de loup. Le regard planté dans ses yeux. Le sourire s'étirant à chaque pas me rapprochant d'elle.
Je mime le désir, l'attention...je crée une tension sexuelle.
Elle est réceptive.
Elle en oublie ses complexes. Elle laisse les draps glisser sur ses courbes révélant une femme d'âge mure, avec un corps marqué par les années, les enfants et les insécurités réglés à coup de pot de Nutella.
Je sais que cet instant est le plus important.
Plus important que l'acte lui même.
Cette instant où, elle se livre enfin, toute entière.
On pourrait croire que la nuit de plaisir serait plus significative...et pourtant, c'est bien après le "plaisir" que tout se joue. C'est à ce moment, une fois que les hommes ont "pris" ce qu'ils désiraient qu'ils commencent à  révéler leurs vrais visages.
Et c'est à ce moment, où je dois être le plus juste possible.
Répondre à ses besoins, à ses peurs, à ses angoisses...lui donner ce qu'elle attend de moi. ce pour quoi elle me paie: combler ses besoins.

Je ne lui dis pas à quel point elle est belle, désirable ou autres flatteries.
Je le lui montre: je la touche sans désir sexuel, comme un enfant qui touche du bout des doigts un rêve. 
Je la regarde, comme un prêtre qui verrai Jésus sortir de sa tombe.
Et je lui dis ce qu'elle veut entendre:

"Je suis désolé"

Je laisse un silence s'installer...gênant...insupportable...elle commence à entrouvrir les lèvres pour le briser. A ce moment je pause mes doigts délicatement sur sa bouche et reprends la parole:

"Hier soir. Je n'ai pas été professionnel. Je...Je me suis laissé aller."

elle rougit légèrement à l'évocation d'hier soir. Je poursuis :

"Je ne peux pas accepter ton argent."
Alliant l'action à la parole, je me lève d'un coup.
créant un vide entre elle et moi.
Je me rhabille et part dans la salle de bain.

Je me regarde dans le miroir de la salle de bain. Et compte dans ma tête: trois, deux, un...

"Attends! Lucas! qu'est ce qui se passe?!"

Un sourire mi figue, mi raisin apparaît dans le reflet de Lucas dans le miroir de la salle de bain et disparaît aussi vite lorsqu'il se retourne vers sa proie car à ce moment précis, il le sait: il a ferré sa proie.


Esclave du désirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant