L'enfer du pays des jouets

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Il faisait noir, très noir. Amalia ouvrit laborieusement ses yeux conquis par la fatigue dans la pièce lugubre qui lui était à présent inconnue. L'endroit dans lequel elle se trouvait dégageait une étrange odeur de moisissure et de saleté. Elle tenta de discerner un quelconque bruit, mais le moindre son qu'elle pouvait distinguer était celui d'un lourd silence presque assourdissant.

Amalia déposa insoucieusement sa main à sa droite et flaira une substance aussi gluante qu'un litre de morve. Elle fut dégoutée et sentit la nausée monter en elle, mais se contenta de grimacer. La jeune vampire était persuadée qu'il s'agissait d'une blague, mais à ses yeux, elle n'était nullement hilarante. Elle n'y comprenait rien et cela l'a mettait en colère. Tout était confus et les questions s'entremêlaient dans son esprit en désordre.

Après quelques instants, sa vue s'adapta à la noirceur de la pièce et elle posa le regard sur les objets l'entourant. Aussitôt, la frayeur s'empara de son être. De ses yeux, elle aperçut une de ses pires phobies se concrétiser ; celle des poupées vaudou.

Il semblait y avoir près d'une centaine de poupées maltraitées à ses côtés toutes positionnées de différentes façons. Celles devant elle s'adonnaient à des jeux sexuels et, au plafond, il y en avait qui étaient pendus. Il y en avait notamment assises sur une chaise tenant des objets morbides tels qu'une tête de mort, des couteaux ensanglantés et même des casse-têtes qu'on utilisait dans les guerres historiques pour fracasser le crâne des ennemies. D'autres furent couchées dans des berceaux avec un œil ou quelconque membre manquant. D'autres étaient assises sur de mini chevaux berçants. C'était l'enfer du pays des jouets. Amalia n'avait à peine qu'un cercle d'un mètre de diamètre pour s'étendre, pour dormir, pour vivre ! Le reste du planché était complètement envahi par les jouets brisés, alias des ordures prêtes pour le dépotoir ou une maison hantée.

Lorsqu'on tirait la corde derrière, la poupée prononçait une phrase différente des autres. Par exemple, « Je t'aime gros comme l'univers », « Tu es belle », « Tu sens la rose » etc.

Amalia crut un instant qu'elle se trouvait dans une cave, puis l'autre, que c'était une maison hantée. Elle en était persuadée, il n'y avait aucun doute. Pourtant, le cauchemar était bien réel et ce n'était pas qu'une simple maison hantée ou une mauvaise blague qui se terminerait d'une seconde à l'autre. Il s'agissait des catacombes de l'Académie des vampires.

{...}

Elle remarqua également qu'elle s'était métamorphosée en Malcom, son amoureux sorcier.

Celui-ci avait des cheveux d'un noir funeste s'égarant sur son front et couvrant son œil droit étant rouge. L'autre était d'un bleu azur et, puisqu'il était le seul à posséder deux yeux différents dans le comté, il était très jugé par ses camarades. Habituellement, les vampires ont les yeux rouges et les sorciers ont les yeux bleus dans Blackwood. Certains allaient même à dire qu'il n'était pas un sorcier pur, mais un mélange des deux ce qui le frustrait. Ses parents lui avaient confirmé qu'ils étaient deux sorciers, mais Malcom persistait à croire que quelque chose lui avait échappé, que leur histoire n'était pas elle qu'ils disaient qu'elle était.

À sa naissance, Malcom avait mentionné à ses parents sa préférence aux vampires et son regret d'être un sorcier. Quel scandale, n'est-ce pas ? Depuis, ceux-ci se nommant Zofia et Valek l'ont renié de leur famille en raison de ses paroles et de sa différence. Il a été confié aux sages qui étaient optimistes à l'idée que Malcom change d'idée. Ils croyaient qu'il était trop jeune pour réfléchir à ce qu'il disait, qu'il n'était pas complètement responsable de ses paroles. Mais même en vieillissant, l'envie ne s'est pas volatilisée, et, peu à peu, les espoirs des sages se sont évanouis. Ceux-ci guettaient tous les gestes et les comportements de Malcom depuis des années cherchant constamment un motif valable pour pouvoir le séquestrer à jamais.

Un amour illiciteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant