La couleur caramel du café que je peine à préparer chaque jour semble toujours différente, tantôt elle est sombre tantôt elle est claire voire translucide, si translucide que l'on pourrait même penser qu'il n'y a que de l'eau.
Aujourd'hui ma boisson est transparente, aussi intelligible que mon âme, aussi limpide que mes pensées et translucide que mon coeur meurtri. Car je suis seul, je peux apercevoir derrière mes lunettes de soleil les ombres des clients du petit commerce dans lequel je travaille et même avec leur présence, je n'ai que la solitude pour me porter compagnie.
La fumée du cappuccino que je viens de préparer s'évapore très rapidement dans les airs, elle aussi me fuit, ce nuage blanc entame une valse dans les bras du peu de vent qui réussit à se glisser à l'intérieur du bâtiment grisâtre dans lequel je suis.
Mes pas me guident naturellement vers les tables, je n'ai pas besoin de lever les yeux, mes pieds connaissent parfaitement le chemin de ma routine apériodique.
Puis je dépose ce plateau sans même prendre la peine de les regarder, je ne veux plus les voir, je me contente simplement de les remercier en fixant le sol.Ce n'est que lorsque j'ai terminé mon service que je sors enfin de cet endroit encombrant rempli d'inconnus pour me faire aspirer par le froid du soir et je reprends presque aussi machinalement ma marche tout en ayant les mêmes pensées qui viennent me hanter.
Je me souviens encore des aiguilles de leur horloge vitale s'arrêter soudainement après leur dernier souffle, j'avais toujours espéré que ce ne soit que le fruit de mon imaginaire nocturne mais ce n'est que lorsque j'ai signé les papiers concernant leurs funérailles que j'ai pris conscience que mes parents m'avaient abandonné. Après leur décès, je m'étais juré de protéger ma petite soeur, je voulais l'empêcher de rencontrer la faucheuse à son tour mais elle avait préféré jouer avec la mort, elle avait toujours été attirée par cette dernière.
Cette ombre malicieuse et sans pitié m'avait dérobé le dernier membre de ma famille lorsque ma frangine n'avait atteint que l'âge de douze ans, puis ce fut au tour de mes amis.
Peut-être étais-je maudis ? Je pouvais voir leur espérance de vie à travers leurs yeux et pourtant je n'ai rien pu faire, alors peut-être étais-je destiné à un funèbre destin ?C'est ainsi que je me suis retrouvé à porter ces verres à moitié opaques, afin de ne plus croiser le regard des condamnés, il n'y avait plus que le silence pour me suivre où que j'aille mais je ne m'en plaignais pas, je ne m'en suis jamais plaint car j'y suis habitué.
Je n'ai pas les pires conditions de vie, j'habite dans un simple apparemment que je paye de ma poche avec mon collier de petits boulots et lorsque j'ai vraiment besoin d'argent je demande aux survivants de mon entourage de m'aider.
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Your Time [NOMIN OS]
FanfictionChaque nuit, il le retrouve, celui qui l'aide à oublier tous ses soucis. « J'avais envie de tester les trucs d'adolescents normaux. » L'histoire attendrissante de Jaemin et Jeno. OS de 10000 mots.