Until Dawn | A man's kiss

Partie 1

Le ciel est d'un bleu éclatant ce matin.

Une poudrerie m'attaque quand Samantha freine à quelques centimètres de mon visage. L'avance que j'avais accumulée a disparu.

L'arbre m'a percuté, non l'inverse. Le mastodonte s'est jeté sur moi. Comment, sinon, expliquer la chute de l'aîné des Washington sur une pente de ski? J'ai encore de ses épines dans la bouche, c'est tout dire.

― Qu'est-ce qui se passe, Josh, tu as perdu pied? se moque Sam, à l'aise sur cette pente comme dans son lit. Ta planche prend la fuite sans toi. Dépêche-toi si tu ne veux pas descendre sans elle.

Le perdant doit nettoyer le matériel ; je n'ai pas l'intention de me coltiner cette tâche.

Mimant me diriger vers mon snowboard, je triche et fonce dans sa direction. Dans son angle mort, je me dessine. Elle est moins surprise que je ne l'aurait imaginé. Ses réflexes me laissent boudeur. Son corps s'incline, et elle bénéficie soudain d'une vitesse toute nouvelle.

― Ne sois pas mauvais perdant! Vas-y, dépêche-toi, je te laisse une petite chance parce que je suis aimable.

La scène est suspendue dans le temps quand elle me fait face, dos à l'immensité de la montagne, à l'exception des quelques flocons de neige poussés par le vent.

Son sourire nargue gentiment ; Samantha n'est jamais volontairement moqueuse. Je décèle néanmoins un esprit de compétition sous cette carapace de bonté. Je suis pressé de retirer chaque couche de mystère pour mieux la connaître. Nous avons tous des secrets que nous dissimulons au monde entier, soit par honte soit par égoïsme. Je soupçonne qu'elle camoufle son esprit de compétition de peur de blesser les autres si elle devait être meilleure. Elle est généralement fière de ses exploits, mais n'en profite pas assez.

― J'ai perdu un gant en tombant. Tu n'oserais pas m'abandonner sur cette montagne, à moitié nu et gelé?

― Oh, pauvre Josh frigorifié... Tu me fais presque pitié. Arrête de gagner du temps. Tu connais cette montagne mieux que n'importe qui. Tu pourrais me battre sans effort. Si je dois gagner, ce sera à force égale. Trouve ta planche.

Si c'est son désir, alors il sera comblé.

Je m'enfonce entre les arbres pour trouver l'arme qui me propulsera à la victoire.

Finalement, la planche s'est coincé dans un terrier. Heureusement que le trou se trouvait à cet endroit, sinon j'aurais pu dire adieu à cette planche qui m'a coûté une petite fortune. J'ai dépensé tout l'argent que j'avais reçu grâce à un concours. Cette planche est un bel investissement hivernal. Avec ma famille, nous glissons sur ses pistes chaque année lorsque nous réussissons à nous croiser plus d'un week-end.

Sur le chemin du retour, je distingue une silhouette assise sur un banc de neige. Sam s'est autorisée une pause. Elle est trop sage. Emily et Jessica n'auraient même pas hésité deux secondes pour dérober la victoire. Malgré tout, je préfère les femmes comme Sam, affirmée, mais sans mauvaises intentions.

Je déboutonne l'une de mes poches et en extrait mon téléphone, à défaut d'avoir une caméra sous la main. Je filme pour garder des souvenirs de cette journée. Mon poids écrasant la neige fait réagir mon amie à mon arrivée. Aussitôt, elle détourne le visage en brandissant la main.

Sa voix rouillée mais si douce à mes oreilles gémit :

― Non, s'il te plaît, j'ai une tête de mort-vivant aujourd'hui. Amuse-toi plutôt avec le paysage.

― Et passer outre ta splendide personne? Franchement, Sam, tu es le parfait modèle à immortaliser. Souris à la caméra et dis à ton ami préféré combien cette montagne en vaut le coup.

― Tu parles de Hannah? Et si on parlait de la manière dont tu t'es vautré dans la neige? Tu t'es écrasé en beauté!

Évidemment, nous rigolons tous les deux.

― Qu'est-ce qu'il y a? As-tu peur de ce que je pourrais faire de cette vidéo?

Je mime un rictus digne d'un psychopathe.

Elle frissonne et se redresse.

― Si tu essais de me faire peur, c'est raté. Descendons plutôt au chalet. J'ai besoin de me réchauffer. S'il te plaît?

Mes doigts profitent que son foulard soit décalé et plongent à son cou pour quémander un peu de chaleur. Sa peau est si brûlante que je regrette de ne pouvoir en profiter davantage.

Elle grogne et replace correctement son foulard.

Quant à moi, je m'installe sur ma planche et referme correctement les attaches, espérant cette fois ne pas frapper de plein fouet un nouvel arbre.