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L'aube caressait doucement l'horizon, et déjà, les premières lueurs orangées du soleil étiraient leurs bras timides sur le ciel encore pâle.

Un tel spectacle aurait pu m'apaiser. Mais en vérité, il ne faisait que refléter ma lassitude.

Je laissai échapper un soupir, lourd de fatigue, tout en massant mes tempes endolories.

Il aurait été mensonger de prétendre que mon corps ne réclamait pas un peu de répit.

Pourtant, comme tant d'autres nuits avant celle-ci, le sommeil m'avait cruellement fait défaut.

Entre mes pensées tourmentées et les révisions de mes cours, j'avais vainement cherché le repos. Mais mon esprit refusait de s'apaiser.

Le message de mon frère jumeau ne cessait de résonner en moi.

Il m'avait avertie que la situation qui m'avait conduite à travailler ici, au palais, prenait une tournure plus grave.

Rien que cette nouvelle aurait suffi à m'empêcher de dormir. Mais elle venait simplement s'ajouter à un poids que je portais déjà depuis trop longtemps.

Je repensais aussi à mon altercation avec Melissa. L'idée de l'avoir blessée me rongeait plus que je ne voulais l'admettre.

Et à cela s'ajoutent l'incident avec le prince.

Avec Mélissa, mon intention initiale avait été noble : lui ouvrir les yeux sur des vérités qu'elle semblait vouloir ignorer. Mais évoquer la mort de sa sœur... Quelle maladresse. Quel cruel manque de discernement.

Mon initiative, bien qu'animée par une volonté sincère de l'aider, s'était transformée en un coup porté à son cœur.

Je savais qu'il me faudrait réparer cette faute. Je le devais, autant à elle qu'à moi-même.

Je poussai un profond soupir en refermant machinalement le cahier de cours que j'avais tenté de réviser.

Mais mes efforts étaient vains : mon esprit, assiégé par des pensées tumultueuses, n'avait pas laissé de place à l'étude.

L'aube, timide et délicate, effleurait enfin l'horizon.

Déjà, depuis des heures, le palais vibrait d'une activité fébrile.

L'immobilité feutrée de la nuit avait cédé la place à une frénésie matinale, un ballet millimétré où chaque domestique connaissait sa partition.

Mais aujourd'hui, l'agitation portait un éclat particulier, un mélange d'excitation et de nervosité flottait dans l'air.

Le fils de la souveraine était de retour.

Dans les couloirs, les murmures coulaient comme un ruisseau intarissable.

On se pressait, on s'interpellait à voix basse, et les pas résonnaient plus précipités qu'à l'accoutumée.

Je m'éveillai, le corps encore alourdi par la fatigue de la veille.

Un soupir m'échappa tandis que je me redressai en frottant mes paupières d'un geste las.

Malgré l'épuisement, je murmurais une prière, remerciant le Très-Haut pour cette journée nouvelle et pour l'honneur de servir ici.

Que cette journée se déroule selon Sa volonté... et que mes paroles soient bienveillantes aujourd'hui.

Je rejoins les autres employés tout en me plongeant aussitôt dans les préparatifs avant que la famille royale ne s'éveille.

Tout autour, la cadence est effrénée, plus exigeante encore que d'habitude. Les ordres fusent, les allées et venues s'intensifient.

LE PRINCE ET LA CHRÉTIENNEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant