Un jour dans la vie d'une femme

Aroua (2)

Bonne lecture

**************

Chère feuille, me voila encore une fois, entrain de tracer les traits de mon histoire entre tes lignes. Espérant effacer mes malheurs après que je finisse d'écrire et de décrire mon vécu d'une jeune femme trahis, et d'une stupide qui a suivi son cœur sans laisser à son cerveau une opportunité d'intervenir pour la protéger.

Je sais que tu te demande, comment il me demande au mariage, qui est censé être un lien sacré et légal entre deux personnes, alors que je le décris comme un mariage illicite ? Et bien ma réponse est, mon amour, ou ex-amour en réalité, m'a proposé de l'épouser, mais conventionnellement, ou ce qu'on appelle un mariage Orfi ** ou conventionnel, où nous allons écrire, nous même, une feuille qui sera la "preuve de notre lien", sans la présence d'un Adoul** *, ni de nos parents, ni des témoins. Au début, je me rappelle que je l'ai regardé étonnée, parce que je n'ai jamais entendu parler de ce type de mariage. Et lui bien sûr, il a utilisé mon ignorance pour me convaincre que c'est la bonne solution pour notre situation d'étudiants, pas encore prêts pour le mariage que les gens considèrent comme normal, que notre "mariage" reste valide même s'il est secret, et qu'enfin de compte tous ses amis qui étaient dans la même situation que la nôtre l'ont fait. L'aveugle que j'étais j'ai absorbé ses paroles sans me demander, ou m'informer, si ce qu'on va faire est légal ou non. Je voulais juste lui faire plaisir et ne pas le perdre parce que je l'aimais sans limites. Surtout quand il m'a confirmé que c'est la seule solution que nous avons, puisque mon oncle ne va jamais accepter que j'épouse Nabil alors qu'il était encore étudiant, et ses parents n'allaient jamais accepter notre mariage pour la même raison.

Je ne peux pas nier que j'avais peur. J'avais la trouille et je voulais en parler avec ma meilleure amie Hanane, mais chaque fois que je voulais ouvrir ma bouche pour lui en parler, je me rappelle de "sa mise en garde" de ne dire à personne ce que nous comptions faire, vu que personne ne va comprendre notre amour que nous voulions sceller avec notre mariage.

De ses paroles sur les gens et sa détermination sur le fait de ne pas parler de notre mariage à personne, je sentais que nous étions, ou effet que j'étais, sur le point de faire une bêtise, une catastrophe que j'allais regretter amèrement dans l'avenir. Mais j'ai laissé mon intuition de côté et j'ai fais confiance à l'homme que je pensais finir mes jours à ses côtés, l'homme qui a voulu m'avoir dans le noir, loin des yeux des gens et que j'allais appeler mon époux mais en cachette.

Un de ses amis, Ayoub, a su de leurs amis mutuels ce que nous allions faire, et, malgré que je ne parlais pas beaucoup avec lui, il est venu me voir pour me demander de ne pas le faire, que Nabil ne va jamais m'épouser et que tout ce qu'il veut c'est de m'avoir dans son lit pour me jeter après avoir son plein de moi. Je ne l'ai pas cru, et je lui ai même craché au visage le décrivant de menteur, de jaloux et de mauvais ami. Je me rappelle de ce jour maintenant, et du regard reflétant sa déception, et je souhaite si j'étais intelligente pour savoir que cet homme ne voulait que mon bien, au point de "trahir" son ami pour m'avertir de ses vraies intentions. Surtout qu'il était connu d'être quelqu'un de très honnête, serviable et capable, et un étudiant sérieux que les professeurs appréciaient. Et malgré qu'il était orphelin et qu'il était élevé dans un orphelinat depuis sa naissance, il était très bien éduqué et respectueux. Mais l'idiote que j'étais, je n'ai pas voulu le croire.

Deux jours après, je n'ai pas assisté aux cours, et je me suis retrouvée avec Nabil dans l'appartement qu'il louait avec ses amis. Nous étions seuls, puisque ses amis ont quitté l'appartement ce jour là pour nous laisser à l'aise, et nous nous sommes mariés seuls. Tout ce qu'il fallait faire, c'était qu'il me dise "Accepte-moi pour époux " et que je lui réponde "Je vous prends pour époux ", avant de signer une feuille, qu'il a gardé par la suite, où il déclare m'avoir épousé. Le jour même nous avons consommé "notre mariage", et à partir de ce jour là, nous avons commencé de vivre comme de vrais époux, mais juste en termes de la relation sexuelle. Il me demandait "ses droits" n'importe quand, le matin comme le soir. Pour ne pas l'énerver et pour remplir mes obligations de bonne épouse comme il me répétait, je séchais les cours, et je mentais à mon oncle et sa femme, que je considère comme mes parents, leur disant que je devais passer la nuit chez Hanane pour préparer nos examens afin de rester chez lui. Ils avaient confiance en moi et ils connaissaient Hanane très bien puisque c'est mon amie d'enfance et nous sommes habituées à passer quelques nuits ensemble. Donc ils ne m'ont jamais demandé pourquoi je passais plus de temps chez elle que chez nous.