Mes écouteurs enfoncés dans les oreilles, je regardais défiler par la fenêtre du bus le paysage gris usuel de ma ville d'Angleterre du nord. Ici il ne fait jamais beau, ou du moins rarement; le ciel est toujours teinté de ce gris blanc donnant à la ville une leur nostalgique, presque mélancolique, mais cela n'a rien de déprimant. Les lampadaires sont allumés bien qu'on ne soit qu'en septembre et qu'il ne soit que dix-huit heures. Les cours ont repris depuis peu et s'habituer au rythme scolaire est un véritable calvaire, et encore plus dans ce lycée privé.
J'arrivais enfin chez moi, mon lycée se situait en plein cœur de Manchester et, résidant un peu en périphérie, j'en avais pour environ trente minutes de bus.
Nous étions un vendredi soir et ce soir là, j'étais invitée à une soirée qui débutait à vingt-et-une heure. En réalité je n'ai pas été "invitée" mais étant donné que la meilleure amie de l'organisatrice est ma voisine de maths, elle a réussi à me trouver une place. Je misais sur cette soirée pour m'intégrer car venant d'un établissement différent de la plus part de mes camarades je n'avais que très peu d'amis qui n'étaient même pas dans la même classe que moi. Pour faire court je n'avais donc pas d'amis dans cette classe et cette soirée définira mon statut dans ce lycée autant dire qu'elle m'est très importante. Pour cette soirée je choisis de m'habiller plus ou moins normalement et de ne pas trop me maquiller, j'opte donc pour une robe noire simple m'arrivant au dessus du genou, j'emmène ma veste en jean car les soirs de septembre sont imprévisibles et j'enfile mes docs Martens noires. En terme de maquillage, un peu de mascara et un trait d'eye-liner suffiront, je ne veux pas en faire trop pour cette première soirée.
Soudain, j'entends mon téléphone vibrer et constate sans stupéfaction qu'il s'agit de d'Arielle, ma voisine en cours de maths. Arielle et moi passons plus de temps rire qu'à écouter le professeur, pour elle ce n'est pas un soucis, elle est dotée d'un talent mathématique dont je jalouse secrètement tandis que moi je suis plutôt littéraire.
« - ARABELLA oh mon dieu je pensais qu'il n'y aurait pas plus de trente personnes ce soir mais il y en a carrément soixante-quatre, dont vingt-huit garçons tu pourras parfaitement t'intégrer, je leur ai raconté que tu jouais de la guitare et que tu chantais donc t'as intérêt à pas tout foirer.
Oh et il y aura de la beuh. »
Arielle raccrocha subitement et quand je tentais de la rappeler elle continuait de décliner mes appels. La rage montait en moi, je n'arrive pas à croire qu'elle compte m'obliger à chanter devant une soixantaine de personnes qui me sont totalement inconnues ? Moi qui comptait rester discrète c'est très mal parti.
Mon téléphone vibra à nouveau, je me précipite dessus et constate un nouveau message d'Arielle.
« de : Arielle
Soit prête dans 15 minutes j'ai un pote qui a le permis qui nous emmène»
Je tente de recontacter mon "amie" mais elle continue de décliner mes appels j'abandonne donc.
Je détache mes longs cheveux teintés argentés dans l'intention de les lisser mais j'abandonne en voyant cette broussaille ondulée, de toutes façons je vais me ridiculiser en chantant alors autant être ridicule jusqu'au bout.
J'entends klaxonner en bas et en regardant par la fenêtre j'aperçois Arielle ainsi qu'un garçon plus âgé que nous de deux ou trois ans.
Je dévale les escaliers en ne portant mon sac que d'une épaule et, en arrivant en face du garçon mon cœur manque un battement, ses yeux bleus aux reflets océans me rappellent quelqu'un.
VOUS LISEZ
pretty lies
Random« - on serait bien ensemble. tu crois pas ? - non - pourquoi ? - parce que je te briserai le cœur - peut-être que je briserai le tiens - personne ne brise mon cœur » Skins