Chapitre 6

1.7K 154 7
                                    

Je les fixe en attendant qu'ils poursuivent leur récit mais ils restent sans voix. Je pose un regard insistant sur ma mère mais elle détourne le regard. Elle consulte mon père du regard, prends une grande inspiration et finit par prendre la parole.

- Tu es une sorcière. Tout comme moi.

Si elle m'avait annoncé ça avant, mon premier réflexe aurait été d'éclater de rire. Mais après l'incident du feu, je suis plus ouverte à ce genre de chose.

- Il existe, poursuis ma mère, un monde parallèle appelé Eltyum. C'est la terre de toutes les sorcières. Et c'est là que tu es venue au monde. Comme moi et ta grand-mère et aussi ton arrière grand-mère et ton arr...

- Ça va j'ai compris!

- Les sorcières sont divisées en quatre groupes. Pour chaque élément. Air, terre,eau et feu. La caste la plus puissante des quatre et celle de feu. Car le feu est presque indomptable. Il est spontané et il reflète les émotions de celui ou celle qui le possède. Il faut de l'expérience pour le dompter. Les sorcières puissantes sont celles qui réussissent à maîtriser parfaitement leur élément. C'est pour cette raison que les sorcières de feu sont extrêmement puissante.

- Alors moi je suis...

- Une sorcière de feu

Apprendre qu'on est une sorcier est déjà un choc. Apprendre qu'on est destinée à être une des plus puissante... C'est inconcevable! Je ressens alors une soudaine peur. Le feu est difficile à dompter et peut devenir incontrôlable. Exactement comme le stade. Et si je n'arrivais jamais a le maîtriser?

- Tu y arriveras, me dit mon père en me regardant droit dans les yeux.

Je le regarde, estomaquée.

- De.. De quoi tu parles?

- Tes pouvoirs. Tu vas arriver a les maîtriser.

C'est comme s'il avait lu dans mes pensées.

- Effectivement, dit-il d'une voix calme.

Je jette un regard interrogateur à ma mère qui s'empresse d'ajouter:

- Ton père est un ensorceleur. Il peut lire dans les pensées des gens et déplacer des objets par la pensée. C'est aussi un télépathe.

Comme pour prouver les paroles de ma mère, une branche vint virevolter près de moi. Je jette un regard a mon père. Il ne bouge pas d'un cil. J'écarquille les yeux. Toute cette magie est vraiment étrange mais fascinante.

- C'est quoi la différence entre un ensorceleur et un sorcier?

- On qualifie d'ensorceleur les garçons doués de magie. Les filles sont des sorcières.

- Alors c'est de mon père que je tiens mon pouvoir du feu?

Ça me faisait encore bizarre se le qualifier ainsi. Il avait été absent pendant.. En fait toute ma vie.

Ma mère sembla étonnée par ma capacité de déduction.

- Il est plus fréquent de voir des ensorceleurs maîtriser le feu mais rare sont ceux qui maîtrise l'eau. Dans le cas des sorcières c'est le contraire. Ton père maîtrise l'élément feu, tout comme toi.

Je hoche la tête comme pour montrer que j'avais compris. Toutes ces informations étaient assez étrange mais après tout ce qui s'est passé, ça ne me surprends plus vraiment. Je regarde mes parents. J'ai de la difficulté a cibler les émotions de mon père. Ses yeux semblent inexpressifs. On dirait qu'il ne ressent rien à mon égard. Ma mère, au contraire, a un regard rempli d'amour et de compassion.

Et là, ça me frappe. Elle semble si différente! Aussi loin que je me souvienne, elle s'était toujours trop saoule pour ressentir quelque autre émotion que la joie de planer. Suis-je en train de la pardonner trop vite? Elle n'est pas si différente que mon père au final. Ils ont tous les deux été absents de ma vie. Ils n'ont jamais démontré un quelconque intérêt pour ma vie avant aujourd'hui. Avant que mes pouvoirs ne s'éveillent.

Ne suis-je qu'un outil pour eux? Ont-ils besoin de moi pour accomplir un rituel ou je ne sais quel rituel de ce genre? Je ne connais rien de leur monde, de leurs pratiques...ni même d'eux. Ce sont de parfaits inconnus. Je refuse d'être un outil. Ce n'est pas parce que j'ai soudainement développé des pouvoirs et qu'ils se sont rendu compte que j'avais un potentiel que je vais leur pardonner.

Je ne lève subitement et je prends la direction de la maison.

- Leslie? Où vas-tu?, demande ma mère.

Je l'ignore et je continue à marcher. Je sens des larmes couler mais je m'empresse de les essuyer. Ils vont sans doute essayer de me suivre mais je m'en fiche. J'ai réussi à survivre sans eux pendant 16 ans, je peux très bien m'occuper de moi-même. Je cours maintenant. J'entends au loin les cris de ma mère mais je continue. Je distingue bientôt la forme de ma maison.

J'entre dans la maison et les bouteilles de la veille vont voler en est sur le mur. Je sens de la vitre s'écraser sous mes pas. Je monte rapidement à ma chambre. Je sors un sac et j'y fourre quelques affaires. Pas question de rester ici une seconde de plus. Je m'apprête à descendre lorsque j'entends ma mère crier mon nom. Elle entre dans ma chambre. Étonnamment, je ne vois pas mon père.

- Leslie, je sais que ce que tu vis es difficile mais...

- Non justement! Tu n'as aucune idée de ce quoi je suis en train de vivre! Tu n'as jamais été là! À chaque fois que je rentrais de l'école, tu sais toujours saoule morte! Tu ne t'es jamais inquiétée pour moi, tu te fous de ce que je vis! Si au moins tu avais eu la décence d'appeler les services sociaux, j'aurais peut être eu une chance de grandir avec des gens qui m'aime!

Son visage se fige. Je vois bien que je l'ai blessée.

- Il faut que tu comprenne...

- Comprendre quoi? Que c'était trop difficile? Que tu ne pouvais pas le supporter d'élever une enfant seule? Et bien je t'annonce que tu ne m'as pratiquement pas élevée du tout! Tu n'es même pas venue prendre de mes nouvelles à l'hôpital! J'ai été dans le coma pendant 3 semaines pendant que toi et mon...père aviez vos joyeuses retrouvailles. J'ai fais des efforts pour le supporter mais je n'en peux plus. Je suis fatiguée de devoir supporter tes humeurs changeantes, tes colères. Et je... Je crois que je suis mieux sans toi.

Des larmes coulent abondemment sur mes joues. Je jette un dernier regard à ma mère. Elle semble dévastée mais je suis sûre qu'elle va s'en remettre. Je n'ai jamais compté pour elle de toute façon. Je descends rapidement les escaliers. Mon père se tient dans le salon, inexpressif. Je me retourne pour voir une dernière fois ma mère qui ma suivie dans les escaliers.

- Adieu. Je te souhaite tout le bonheur que tu as perdu en me mettant au monde!

Je sors en claquant la porte.

Le prince des ténèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant