I.

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Luisa Parker

Je referme le coffre de ma voiture en soupirant.

Deux semaines.

Deux semaines que je dors dans des chambres d'hôtel bien au dessus de mes moyens.

Deux semaines que je visite appartement sur appartement sans qu'aucun ne soit à la limite de l'acceptable.

Aujourd'hui, il me reste une visite, j'ai la boule au ventre.

C'est ma dernière chance.

Si jamais la visite s'annonce aussi catastrophique que les précédentes, je me verrais dans l'obligation de retourner vivre chez mes parents et ça c'est hors de question.

J'ai bien trop longtemps accepté le rythme effréné de cette vie de paillettes où la perfection n'était que le stricte minimum à atteindre pour ma mère.

Toutes ces soirées de charité où j'étais tirée à quatre épingles et obligée d'afficher cet éternel sourire hypocrite, mes longs cheveux blonds lissés à la perfection.

J'ai toujours détesté le blond mais avec ma mère ce n'était même pas la peine de discuter. Chaque semaine elle m'emmenait dans ces salons de coiffures où les gens te dévisagent si tu as le malheur d'avoir ne serait-ce qu'une légère repousse.

Elle passait des heures à lisser mes cheveux pour tenter d'apprivoiser mes horribles boucles de sauvage comme elle aimait les appeler. Elle ne supportait pas l'idée que j'ai hérité des cheveux indomptables de mon père.

Tout ça, ce n'était pas moi.

Et ça ne le serait plus jamais.

Je tape l'adresse de l'appartement d'une main tremblante.

Mon regard est attiré par mes boucles brunes qui caressent mes épaules dans le miroir du rétroviseur.

Ma première rébellion a été de me couper les cheveux au dessus des épaules et de les reteindre en brun. Si ma mère voyait ça, elle ferait sûrement une syncope.

-Faites que cette fois ce soit la bonne, je soupire

*

C'est en soufflant un grand coup afin de tenter d'atténuer l'angoisse qui me ronge depuis ce matin que je sonne à l'interphone.

Un signal m'indique que je peux ouvrir la porte et je la pousse doucement.

En entrant des voix me parviennent.

-Tu m'appelles? chuchote une voix féminine.

Un raclement de gorge.

-Hm, euh, tu sais que je cherche rien de sérieux, répond un garçon.

Comme il m'a l'air charmant..

-Oui je sais, t'inquiètes pas.

Le bruit d'un bisous résonne dans le couloir silencieux tandis que je monte les escaliers.

AMOROù les histoires vivent. Découvrez maintenant