L'Empire d'Ardren

Chapitre 1

Si j'avais fait attention, peut être que cela ne serait pas arrivé.

Si j'avais su où tout cela allait me mener, je n'aurai pas accepter ce défi stupide.

Si tout cela n'est qu'un rêve, réveillez moi.

°  °  °

" - Enora ! "

Je fis volte-face. Lucille, ma meilleure amie, arriva vers moi, toute essoufflée.

" - Oui ? ", répondis-je.

Je la laissai reprendre son souffle.

" - Tu marches vite !

- Tu as couru jusqu'à moi juste pour me dire que je marchais vite ?, lui demandai-je amusée, un message aurait suffi tu sais. "

Je partis dans un éclat de rire. Elle me rejoignit à son tour.

" - Non quand même, voyons tu me connais, je ne coures jamais. Même pour attraper le bus.

- Alors que voulais-tu me dire de si urgent ?

- Vas-y essaie de deviner, me dit-elle avec un sourire malicieux.

- Mmh... Te connaissant plus que trop bien, je penses qu'il s'agit d'un garçon. J'ai raison ?"

Elle m'enlaça.

" - Oui c'est exactement ça ! Tu me connais super bien !

- Pourquoi ? Tu en doutais ?

- Noooon, moi... Jamais ! "

Nous éclatons de rire.

" - Bon aller racontes moi tout.

- Bon d'accord. Alors j'étais dans le couloir et...

- Eh toi !"

Une bande de garçons et de filles l'interrompit en s'avançant vers nous.

" - Ouais c'est à toi qu'on cause."

Sympathique.

" - John. Qu'est ce que tu veux ?", répliquais-je.

Je n'étais pas du genre à me laisser faire et faisait très souvent du rentre dedans. John me dévisagea un instant avant de répliquer un sourire malsain sur les lèvres.

" - Jouer, bien entendu.

- Qui te dit que j'ai envie de jouer avec toi ?

- Rien du tout. Mais..."

D'un sifflement, il ordonna à ses "fidèles" d'attraper Lucille par le bras.

" - Eh mais ça va pas ?! Lâchez-moi !"

Elle tenta de se dégager mais leur prise était de fer.

" - Alors ? Tu veux bien jouer avec moi maintenant ?"

Je ne répondis rien. Il sourit.

" - Bien. Je connais un coin sympathique pour commencer notre jeu. Le jeu s'appelle "Tu le fais sinon..."

- Génial.

- Bref ce coin sympa se trouve en haut de la falaise."

Il me l'a désigna du doigt. Le monticule rocheux devait être à plus d'un kilomètre d'où nous nous trouvions à présent.

" - Et ensuite ?

- La suite, nous la verrons là-bas."

Nous commençons à nous diriger vers la côte abrupte. Lucille est toujours prisonnière des deux mastodontes de la bande et marchent en tête du cortège. John et moi sommes à l'arrière. Aucun bruit, si ce n'est les piaillements des oiseaux dans les environs, ne vient briser le silence qui s'est installé. Après une bonne vingtaine de minutes de marches en montée, nous arrivons enfin en haut du monticule. Une vaste étendu de pierre s'étend devant nous avec par-ci et là des plant d'herbes. Quelques mètres plus loin, le sol se dérobe pour se terminer en chute vertigineuse. De là où nous sommes, nous voyons la mer s'étendre à perte de vue.

John ordonna à ses compères de maintenir Lucille un peu plus loin. Puis il se tourna vers moi.

" - Alors, Enora. Nous allons commencer la partie. Bien sûr, tu es la seule et unique participante. Et sache que si tu refuses un des défis, c'est elle qui en paie le prix, dit-il en désignant Lucille de la main, avec un sourire sur le visage.

- Pourquoi ? Pourquoi m'avoir prit à parti pour jouer avec vous ?, répondis-je en désignant du menton les autres membres du groupe. Et qu'est ce que j'y gagne à y participer ?

- Rien du tout. Le fait qu'on te laisse tranquille toi et ton amie.

- Pourquoi vous m'en voulez autant ?

- L'heure des questions est terminé, il est temps de jouer. Approche toi du bord de la falaise et saute.

- Quoi ?! Mais t'es pas bien. Jamais je ferais une chose pareille !"

D'un léger coup d'œil, il fit un signe à ses amis qui n'hésitèrent pas à envoyer un coup de poing dans le ventre de mon amie. Elle poussa un cri à déchirer l'âme.

" - Non !

- Je t'avais dit qu'elle en payerait le prix. Maintenant, fais-le."

Je ne voulais pas que Lucille souffre par ma faute mais sauter du haut de cette falaise était tout simplement du suicide. Si je l'écoutais et sautais, ce serais la fin pour moi. Je n'atteindrais jamais ma majorité et ne connaîtrais jamais celui qui sera à mes côtés jusqu'à la fin de mes jours.

" - Bon c'est pour aujourd'hui ou demain ?"

John commençais à s'impatienter. Il fallait que je fasse un choix et vite.

" - Enora ! Ne sautes pas !

- Fermes la toi."

Un nouveau cri sortit de la bouche de mon amie. Cette fois, son agresseur avait préféré taper dans sa jambe pour l'agenouiller devant lui.

" - C'est bon, c'est bon ! Je vais le faire.

- Bah voilà, tu vois quand tu veux."

John me poussa en avant en direction du bord. Je n'étais plus qu'à quelques mètres du vide. Quelques cailloux tombèrent à mon approche, me rappelant à quel point la hauteur était grande. Une larme parcouru ma joue pendant que je faisais ma prière silencieuse pour que la chute ne me soit pas fatale.

" - Sautes maintenant ou je te pousses."

C'était un avertissement qui ne laissait planer aucun doute sur le fait qu'il n'hésiterais pas pour me pousser du haut de la falaise si l'envie lui prenait.

Je pris une grande inspiration et me tournais une dernière fois vers la bande. Les deux compères de John tenaient toujours Lucille par le bras. Ses membres avaient blanchis tant la pression était forte. Je souris à mon amie pour lui montrer que tout allait bien et que ça allait bien se passer. Elle me sourit à son tour, non sans cacher sa détresse et sa peur dans ses yeux. Je finis par déposer le regard sur John. Il souriait d'un sourire que même les démons eux-mêmes en étaient jaloux. Il m'intima de prendre mon envol d'un geste de la main.

Je regardai mes pieds, pris une grande inspiration, fis une dernière prière et sautai.

Je perçus juste le cri lointain de mon amie. Le sifflement du vent bourdonnait à mes oreilles. La chute était rapide. Trop rapide. Je voyais le sol se rapprocher de plus en plus dangereusement. Je préférai fermer les yeux plutôt que de voir le spectacle qui allait bientôt se produire sous leurs yeux ébahis.

J'attendais l'impact qui ne vint jamais. Pas de sensation d'eau, ni de bruit d'éclaboussures. Juste le noir et le silence.