Halloween 2010

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Pourquoi ?
Pourquoi avait-il fallu qu'il participe à cette stupide fête ?

En fait, c'était la faute de son ami. Insatiable, pourquoi avait-il fallu qu'il ait à supporter ce mec des années durant, alors que sans lui, il se serait très bien porté ! Aujourd'hui, cette pensée ne le faisait qu'enrager un peu plus.

Tout avait commencé deux jours plus tôt.
Son pote avait insisté, pas de bol. Il n'avait jamais fêté ce truc à la noix. Mais lui était un professionnel...

Halloween. C'était ça, la fête.

Une énième excuse pour se déguiser s'évader de ce monde pourri par le jeu de rôle. Enfin, ça, c'était l'idée qu'en faisaient les gens ; lui n'en voyait pas l'utilité, cela revenait au même ! On ne change pas de personne en changeant de costume. L'habit ne fait pas le moine !

Enfin bon. Face aux pleurs de son ami, il n'avait pas résisté, mais à une condition ; qu'on ne lui demande pas de se déguiser lui aussi.

Sauf qu'on ne lui avait pas laissé le choix, il s'était tout bonnement fait avoir. C'était ainsi qu'il s'était retrouvé avec un maigre trait de maquillage gris sur les joues, et un manteau de fourrure. Quelle horreur, ô combien il faisait peur, ouche, quelle frousse ! Ironie bonjour.

Et encore, il avait évité la cape de vampire et les fausses dents. Son ami avait accepté si peu. "C'est d'jà mieux qu'rien mec, en plus t'es tellement taciturne ça te va trop". C'était le jour J, ça. Le soir tombait à peine, tiens. Les maisons brillaient déjà de décorations dégueu. Paradoxal ! Pourquoi une maison censée être flippante était décorée de lumières et de nains de jardins souriants ?

De plus, tous ces monstres n'étaient que chimères inventées par des ancêtres trop peu intelligents pour comprendre des phénomènes étranges. Leur passe-temps, inventer des histoires à faire peur aux enfants, intelligent ça...

En plus des fausses ailes collées dans le dos, son pote avait un maquillage atroce, travaillé à fond : une large bouche qui s'étendait jusqu'aux oreilles, avec des dessins de couture là où ce n'était pas la vraie.

Son pote avait insisté pour amener sa petite amie... Tiens, ça sera plus dur pour elle de le bécoter ! En tout cas sans avoir de maquillage rouge sur le sien.

Elle était en dame Blanche. D'âme blanche, pauvre femme, sans cesse imitée par des filles vivantes et bourrées d'hormones. En tout cas, celle-là ne faisait que de draguer son bel ange.

Il se sentait pas à l'aise. Ce déguisement pourri l'horripilait, un mal de tête léger venait lui chatouiller le crâne et une grosse envie de fuir cette soirée le démangeait. Il le sentait, elle s'annonçait mal.

Et ça les amusait.

Son pote ne l'avait même pas encore traîné sur le perron d'une de ces demeures pimpantes, que déjà il s'ennuyait. À quoi bon demander de ces bonbons bourrés de produits chimiques ?
Tout dans cette soirée l'insupportait.

Une maison, une vieille dame leur ouvrait. Elle leur confia quelques gaufrettes, le temps d'entrevoir la déco vintage de l'intérieur. "Des bonbons ou un sort !"
Il ne fallu pas longtemps pour qu'il fuie la petite allée gravillonnée, il devait partir !

C'en était assez. Marcher, dans le froid de ce soir d'octobre. En ce soir de la peur les gens ne faisaient que rire, ce qui n'avait aucun sens. Les lumières donnaient le tournis, même le vieux lampadaire clignotait de façon incertaine !

Son pote ne faisait que rire et un bisou avait vite fait de se perdre dans le cou de la jolie dame Blanche plus si blanche.
Insupportable. Il avait vraiment hâte de rentrer, le plus vite serait le mieux...

L'habit fait le moine Où les histoires vivent. Découvrez maintenant