Je crois qu'au fond de moi, je l'ai toujours su. Je ne voulais simplement pas y croire. Tout le monde pense que c'est une bonne chose, que tout est plus facile. Mais c'est faux, tout n'est que plus compliqué. La moindre petite émotion, je la perçoit d'une puissance inimaginable. Elle m'a joué bien des tours cette hyper-sensibilité. Parfois, je pleure sans raison apparente, d'autres fois je suis prise d'un fou-rire incontrôlable. Il est bien là le problème, je ne peux pas contrôler mes émotions. Alors je me construit un masque, pour pouvoir me mêler aux autres. Il arrive toujours un moment ou le masque tombe. Et à ce moment là, on craque. Et pour ne pas que les personnes auxquelles on tient s'en aperçoivent, on le cache. Je ne compte plus les fois ou je me suis retrouvée à pleurer seule dans mon lit, les fois ou je me suis réveillée avec les yeux bouffis en prétextant une mauvaise nuit. Il arrive aussi que ce soit l'opposé, que je me mette à rire comme une démente durant des heures sans pouvoir m'arrêter. Et quand de si petites émotions provoquent de si grosse réactions, les émotions fortes font un ravage.On tombe alors dans la dépression, l'anorexie, la scarification, les insomnies, et parfois même les tentatives de suicide. Mais on reprend le contrôle, on remet le masque et on dit qu'on va bien tout en espérant ne pas avoir de telles émotions avant bien longtemps. Puis on se sent égoïste car on a inquiété toutes les personnes à qui on tient alors on pleure pendant des heures, seule, dans son lit.
Quand tu retournes au collège après ça, les gens te dévisagent, ils te considèrent comme « la fille qui se scarifie ». Tu essayes de te faire oublier, tu ne quittes pas ton masque, il est ton meilleur allié. Avec tout ça tu n'as pas le temps de réviser les cours, les gens le remarquent et disent que ce n'est pas juste. Tu te dis que c'est vrai, que ce n'est pas juste, donc tu intègres quelques mauvaises réponses dans tes contrôles, de préférence dans les matières qui ne te serviront pas plus tard. On te reproches d'être une « fayote » donc tu arrêtes de participer dans ces mêmes matières. Tu laisses les autres te dicter ta conduite tout en te demandant « est-ce que tout ça va finir par s'arrêter ? ». Et tu te rends compte que ce n'est pas le cas, que ça ne s'arrêtera jamais. Alors tu deviens de plus en plus solitaire, tu ne parles plus qu'aux personnes qui te comprennent et tu t'aperçoit que tu les compte sur les doigts d'une main. Alors non, ce n'est pas facile d'être une adolescente à haut potentiel. C'est loin d'être facile
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ma vie de précoce
Non-Fictionêtre une adolescente à haut potentiel, c'est pas facile tous les jours. Je vous raconte mon expérience