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13 | des appels et le canal

AU PARC, ISSA DÉVORE son chausson aux pommes. Le jeune homme est allongé dans l'herbe et évite de s'en mettre partout.

— Donc tu t'es fait de nouveaux potes, lance-t-il en écho à tout ce qu'elle vient de lui raconter.

Ina ne voit plus trop son meilleur ami, même si elle le considère encore comme tel. Toutefois, ça ne change pas grand chose à leur amitié. À chaque fois qu'ils se revoient, toute leur complicité réapparaît et aucun trou dans le temps ne peut l'ébranler.

— Ouaip, je me suis rapprochée de Théodore et Florence en cours, et pendant l'été Mathilde est devenue une de mes bonnes potes. Elle est un peu vache quand elle s'y met mais je comprends pourquoi Mél' la trouvait attachante. Et toi, rien de nouveau ?

Issa s'essuie la bouche et répond :

— Je traîne avec une bande de gars machos à mourir, tu vas pas les kiffer.

Ina, sourcils froncés, l'interroge du regard.

— Ils sont bons délires, explique-t-il.

— Élise en pense quoi ?

C'est tellement étrange de parler d'Élise désormais. Cette meilleure amie du collège ressemble à présent à un lointain souvenir, même si la revoir lui ferait remonter de très bons moments en mémoire. C'est fini. De toute façon, Ina s'était éloignée du couple dès la troisième, même si elle les voyait encore en seconde.

— Elle s'en fout. On est en froid.

Issa développe alors ce qui s'est passé. Une dispute bête pendant l'été qui a fait qu'il reste certaines tensions. Ina fronce les sourcils quand Issa explique qu'elle a fouillé dans son téléphone lorsqu'ils étaient en vacances ensemble. Elle n'avait rien trouvé mais le fait même qu'elle ait cherché l'a dérangé.

— Elle va bien Mélissa sinon ? demande-t-il innocemment.

— Je sais pas.

Ina l'avoue. Elle n'en sait rien. Même si sa meilleure amie a l'air en bonne santé, elle remarque qu'elle a encore du mal à contrôler ce qu'elle mange. Parfois, elle a envie de lui faire des remarques mais Mél' a l'air de se concentrer tellement sincèrement lors des déjeuners qu'Ina a arrêté de jeter des hypothèses basées sur ses simples observations. Pendant l'été, elle pensait que Mélissa se faisait vomir. Dans sa maison en Normandie, Mél' lui a avoué qu'elle voyait un médecin ces derniers temps, qu'elle était de nouveau suivie et que sa famille faisait tout en sorte pour qu'elle ne retombe pas.

— Tu lui as reparlé dernièrement ? interroge cette fois Ina.

— Non, elle m'a fait trop de mal, avoue cette fois Issa.

Ina comprend. Elle se souvient très bien de l'anéantissement psychologique d'Issa au collège. Même si ce sont de vieilles histoires, c'est souvent lors de cette période que les jeunes ressentent les émotions de manière plus brutale. Ça rend leurs mauvais souvenirs toujours plus marquants.

— Je fais un truc chez moi la semaine prochaine, tu peux inviter ton mec et tes potes, informe son meilleur ami.

La brune, surprise, réplique :

— Si tout le monde vient ça fait quand même sept personnes en me comptant. T'es sûr ?

Le brun acquiesce.

— J'ai envie de rencontrer tes potes. Tu rencontreras mes potes machos bons délires par la même occas'.

Ina se moque un peu de lui avant de lui donner une bourrade aux côtes.