L'impression d'être épié me tenaillait alors que je traversais ces longs couloirs, fourmillant d'employés dont les regards, furtifs mais lourds d'interrogations, glissaient sur le plateau chargé de soins médicaux que je portais.
Pourtant, aucun d'eux n'osait poser la moindre question.
Ici, chacun devait s'en tenir strictement à son rôle, et le mien, en cet instant précis, était de ne susciter aucun soupçon.
Mais le soupçon lui-même semblait déjà gravé dans la mémoire de chaque personne que je dépassais.
Ce n'était pas moi qu'ils devaient suspecter, encore moins celui que je servais.
Mon seul impératif était d'assurer que les doutes ne s'orientent jamais vers le prince.
Et surtout... éviter la souveraine à tout prix.
D'un geste discret, je jetai un dernier regard par-dessus mon épaule, scrutant l'ombre des couloirs pour m'assurer que nul ne traînait dans mon sillage.
Puis, d'un pas vif, je bifurquai à droite et pressai l'allure.
Mon cœur cognait contre ma poitrine à mesure que je m'approchais de cette porte qui, à elle seule, suffisait à faire naître une peur viscérale en moi.
Arrivé devant, je toquai. Une fois. Puis encore, cette fois plus rapidement, avec l'urgence de celui qui redoute d'être surpris.
Que l'on m'ouvre, vite... avant que quelqu'un ne me voie entrer.
Heureusement, la porte s'ouvrit presque aussitôt, m'offrant une échappatoire au regard inquisiteur des couloirs.
Sans attendre, je m'aventurai à l'intérieur, mon souffle retenu par l'angoisse.
À peine le seuil franchi, mes yeux rencontrèrent...ses iris d'un froid tranchant, comme deux lames d'acier braquées sur moi.
Je manquai d'avaler ma salive de travers, prise au piège par cette hostilité muette qui émanait de lui.
Lui: Ainsi, tu étais sérieux... Je t'avais dit...
Sa voix grave, légèrement rauque, brisa le silence dans un murmure chargé de reproche.
Rodrigue: À moins que tu ne préfères que je convoque un médecin officiel ? Nous serions tous deux livrés, et ta mère n'aurait plus qu'à découvrir la vérité. Ou peut-être devrais-je confier cette tâche à quelqu'un d'autre, quitte à ajouter une bouche de plus à museler pour préserver ton secret ?
Un souffle las s'échappa des lèvres du prince, trahissant son agacement.
Ses mâchoires crispées trahissaient l'exaspération que lui inspirait l'insistance de son cousin.
Rodrigue : Elle connaît déjà la vérité sur ton état. Crois-moi, il vaudrait mieux t'en remettre à elle, plutôt que d'introduire un tiers qui, une fois cette porte franchie, s'empresserait de tout révéler à ta mère.
Le prince détourna brièvement le regard, sa mâchoire se crispant sous la tension.
Lui: Et qu'est-ce qui te fait penser qu'elle, plus que n'importe qui, ne trahira pas ce secret ?

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LE PRINCE ET LA CHRÉTIENNE
RomanceTravailler au palais royal ? Ce n'était pas dans ses rêves. À vingt ans, Merveille n'avait qu'un seul objectif : réussir ses études en médecine , aider sa famille, et garder pour elle certaines blessures qu'on préfère ne pas nommer. Quand une oppor...