Chapitre 1 : l'homme qui valait 3 milliards

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Comme à son habitude, Vincent Dedienne ne prêtait qu'une oreille peu attentive au cours de littérature étrangère de monsieur Aprikian, il avait beaucoup mieux à faire comme s'atteler à la lecture de son cher magazine Forbes par exemple.

- tu lis quoi ?

Yann Barthès, autrement dit son ami et voisin le plus proche dans l'amphi venait aux nouvelles, il avait réussi à piquer sa curiosité, haut les mains même.

- shhhhhhhhh.

Joignant le geste à la parole, le grand frisé mit son propre index devant sa bouche alors qu'il n'était pas sensé ignorer que le cours d'aujourd'hui portait sur le roman Nedjma de Kateb Yacine.

- tu vois le mec canon avec le tee-shirt bordeaux juste là bas ?

L' index de Vincent dévia légèrement vers une des places à gauche derrière lui et la mâchoire de Yann manqua de tomber à la renverse au passage, son ami avait définitivement bon goût, le beau gosse au tee-shirt bordeaux était vraiment un pur canon sorti tout droit d'un catalogue La Redoute.

- ouais pourquoi ?

- c'est l'héritier de la famille Weill : l'une des 20 plus grandes fortunes de France.

Les yeux de Yann s'écarquillèrent, il n'en croyait pas un mot.

- tu déconnes ? Pfff c'est n'importe quoi.

- regarde par toi-même. C'est écrit noir sur blanc. Son père est classé au 19ème rang, sa fortune est estimée à plus de 3 milliards d'euros pour être précis.

Ni une, ni deux, le plus petit des deux étudiants s'empressa de vérifier les dires de son ami en lisant attentivement ce classement établi par le magazine Forbes.

- mais t'es sûr de ça ? C'est pas forcément son père, tu sais, c'est assez répandu comme nom de famille Weill.

- oh tu peux me croire, c'est bien lui, j'ai mes sources et elles sont formelles.

- putain je pige pas, si mon daron était pété de thunes, je serais certainement pas là à me faire chier sur les bancs d'une fac, je passerai mon temps à m'éclater en soirée aux quatre coins du monde. Qu'est-ce qu'il fiche ici sérieux ?

- ben ça on n'en sait rien Yannou, personne ne peut répondre à sa place, peut-être que c'est une vocation chez lui depuis tout petit de devenir prof ou je ne sais quelle autre connerie de ce genre, et puis, d'un côté je trouve ça normal à son âge de vouloir son indépendance en s'assumant financièrement.

Peu convaincu, Yann n'eut pas le temps d'argumenter que Vincent enchaînait déjà sur le sujet qui l'intéressait vraiment à cet instant.

- bref, on s'en fout de ses ambitions personnelles, le plus important c'est qu'on devienne à tout prix potes avec lui.

- heu ça va, tranquille material boy ? Tu me sors ça comme ça, au calme, dans le respect, depuis quand t'es devenu aussi vénal ?

- roh tout de suite les grands mots, je compte juste lui offrir ma précieuse et inestimable amitié en échange de deux ou trois loisirs un chouilla onéreux, et crois-moi, elle les vaut largement.

Comptant bien mettre son projet à exécution, Vincent patienta difficilement jusqu'à la fin du cours de littérature étrangère sans manquer une nouvelle fois de persuader Yann de le joindre dans sa quête.

- allez, viens, ça va être marrant de faire amis-amis avec lui.

- heu non merci je passe.

La déception gagna rapidement le grand frisé mais il ne laissa pas abattre pour autant.

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