Chapitre 1: Le retour

7 1 2
                                    

Le soleil descend doucement, sa lumière rasant l'herbe. C'est mon heure préférée, celle où les photos sont les plus belles. Une nostalgie m'empare me rappelant mon enfance et tous les bons moments passés dans ce jardin. Ce ne sera plus jamais pareil maintenant. Cette maison où j'ai vécu toutes mes vacances d'été n'aura plus jamais la même couleur maintenant qu'elle n'est plus là. Pourtant il faut continuer à vivre, tenir le coup et relever la tête. 

Le soleil descend encore, le ciel devient rose et le chant des oiseaux s'estompe. Je vais devoir partir avant que la nuit ne tombe. Je remonte vers la maison, prend ma valise et la met dans le coffre de ma voiture. Ma petite voiture rouge qu'elle m'avait acheté. La fierté que j'avais eu le jour où j'ai enfin pu la conduire seule. Conduire seule sur les routes de campagne me procure un effet grisant, un effet de liberté. Je démarre le moteur et pars, laissant derrière moi mon enfance et tous ces souvenirs. 

Un an plus tard...

C'est la première fois que je reviens ici depuis la mort de ma grand-mère. Nous étions tellement proche et chaque instant je regrette d'avoir pris la route pour revenir ici. J'ouvre la porte. La maison semble tellement vide, tellement triste. Presque comme si elle aussi vivait son deuil. Je pose mon sac sur la table poussiéreuse et inspecte l'état de la pièce. Le salon n'a pas bougé d'un centimètre, le canapé et les fauteuils dans leur jus avec des vieux coussins. Je glisse mon doigt le long du cuir noir du canapé, il n'a jamais changé depuis que je suis petite et pourtant il me semble tellement différent. 

Je m'appelle Ambre, j'ai 19 ans. Je vis à Paris mais ma famille est originaire du sud ouest de la France. J'ai un frère plus âgé qui vit à Londres depuis 4 ans pour ses études, il s'appelle Jonathan et il a 22 ans. Je le vois assez rarement du fait de la distance mais on se téléphone beaucoup, nous avons toujours été proches et le décès de notre grand-mère nous a rapproché encore plus. Nos parents vivent en banlieue parisienne, je vis seule dans mon appartement dans le centre de Paris. 

Ce fut une année très difficile, j'ai eu du mal à continuer, à relever la tête. En septembre j'ai commencé une première année de droit. Rien ne m'intéressait, je n'avais qu'une envie c'était de tout balancer et me terrer sous ma couette toute la journée pour ne pas faire face au monde extérieur si joyeux alors que moi j'étais si triste. Les mois sont passés et j'ai fini sortir la tête du trou. J'ai toujours été quelqu'un de solitaire, être seule au milieu d'un amphi de 1700 personnes ne me fait pas peur. Arrivée au mois de juin, après avoir valider mon année de façon laborieuse j'ai pris la décision, que je trouve folle aujourd'hui, de retourner passer mes vacances dans la maison de mon enfance, celle où j'ai grandi, celle de ma grand-mère, dans le sud de la France. 

La maison est grande, avec quatre chambres, un grand salon où nous avions l'habitude d'inviter des dizaines de personnes. La cuisine pratiquement neuve que ma mère avait fait refaire pour moderniser cette maison des années 30. En montant à l'étage je retrouve ma chambre, mes jouets d'enfance et mes peluches n'ont jamais bougé de cette pièce. Un jour peut être faudra-t-il que je la redécore si je veux revenir ici. Je sors dans le jardin et contemple les arbres et l'herbe beaucoup trop haute qui mériterait d'être tondue. Je vois au fond du jardin la piscine que ma mère a fait ouvrir en prévision de mon arrivée. 

Mes parents travaillent en juillet, je suis donc venue seule. J'ai plusieurs amis d'enfance qui habitent à quelques kilomètres. Même si en grandissant nous avons suivi des voies différentes nous sommes tout de même restés très proche. J'ai hâte de les retrouver. 

Mon téléphone sonne. Je vois sur l'écran s'afficher une photo de ma meilleure amie Sophie. Je réponds immédiatement. 

" - Salut, alors bien arrivée ? me demande-t-elle d'une voix enjouée.

- Oui, je défais mes bagages. 

- Tu feras ça plus tard, je suis en route pour chez toi, je t'ai préparé une super après-midi de retrouvaille avec toute la bande ! J'arrive dans 10 minutes, soit prête !" 

Elle raccroche. Sophie a toujours été d'une nature enjouée et pleine de vie. C'est le rayon de soleil de mon existence, sans elle je pense que j'aurai eu du mal à survivre à cette année. Elle habite à Paris en collocation avec sa cousine pour ses études elle aussi. Nous avons été ensemble toute notre scolarité, toujours dans la même classe. Ça m'a fait bizarre cette année de ne plus être avec elle, elle suit une licence de lettres. 

Je me prépare donc en vitesse, ravie de changer de vêtements à la suite du long voyage en voiture. Je mets un débardeur blanc avec un short en jean, la chaleur ici est insoutenable. Sophie arrive quelque minutes plus tard et entre sans frapper. C'est un peu sa maison aussi, ses parents ont une maison de vacances pas très loin et elle venait chez nous tous les jours de l'été. Je prends en vitesse les quelques affaires nécessaires que je mets dans un sac et saute dans la voiture de Sophie. 

"- Tout le monde n'attendait plus que toi, me dit-elle sur la route. 

- Je suis la dernière arrivée ? 

- Oula oui, c'est que tu as mis du temps à te décider ! Mais je comprends bien pourquoi, continue-t-elle, réalisant qu'elle avait parlé un peu vite en voyant mon regard triste. 

- La décision n'a pas été facile à prendre, mais savoir que vous seriez tous là m'a un peu aidé. 

- Oui surtout quelqu'un en particulier n'est-ce pas, me rétorqua-t-elle avec un air malicieux. 

- Je ne vois pas de quoi tu parles, dis-je avec un sourire gêné.

- Mais bien sur, et moi je suis la reine d'Angleterre." 

Notre groupe d'amis est composé de 6 personnes : Sophie et moi, Elliott le frère de Sophie qui a 17 ans et qui est comme un frère pour moi, Coralie une autre amie d'enfance, Antoine un ami que nous connaissons depuis seulement 3 ans et puis enfin Rémi que nous connaissons depuis au moins 10 ans. Rémi et moi c'est un peu compliqué, on s'est tourné autour pendant plusieurs années et pourtant il ne s'est jamais rien passé. Sans doute un manque de courage ou la peur de gâcher notre amitié. Toujours est-il que le revoir me rend toujours aussi nerveuse. Peut-être cet été sera-t-il différent...

Un si bel étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant