Partie 3

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          Les deux premières tours étaient vides. Il n'y avait même pas de tapisseries déchirées par le temps ou de meubles réduit en copeaux de bois. Je continuais ma recherche en riant des esprits qu'on racontait vivre ici. J'en étais à la troisième tour et la seule chose qui aurait pu me faire sursauter, c'était les branches qui frémissaient dans la brise de la nuit.

         Arrivée à la quatrième tour, je commençais à me poser des questions.

         Quand je descendis de la sixième tour, les bras vide, je fus accueillis par une soufflante de mon frère.

—On peut se faire repérer à tout moment par Lady Drana et toi, tu prends le temps de te promener. On a pas que ça à faire, aboya Arken.

—Je le sais bien idiot, mais je n'ai rien trouvé.

—Je te l'avais dit de ne pas te contenter d'un simple « vous reconnaîtrez ce que je cherche quand vous le verrez ». Tu aurais dû demander plus de précisions, siffla-t-il.

—La ferme et laisse moi réfléchir, crachais-je.

Je n'osais pas le dire à Arken, mais cinq tours qui, dans le passé, furent habitées et aujourd'hui, il n'y a plus une seule trace de ce temps,je trouvais ça étrange. Des tours complètement vide, sans souvenirs en ses murs. Tout lieu a une trace de son passé.

—Elle pourrait revenir à tout moment, murmura mon frère dont la peur me semblait ne pas lui réussir.

—Ne me dit pas que tu es encore avec ta Lady Vampire ? pestais-je.

Pas de réponse.

Je secouais la tête, résignée à traîner derrière moi un boulet peureux d'une rumeur qui courrait.

—Tu me fous vraiment la honte, petit frère.

Arken se mit à m'engueuler en disant les quatre vérités sur mon caractère. Mais je l'ignorais complètement.

           J'observais le sol en verre. Je ne l'avais pas remarqué jusqu'à maintenant. Je ne m'étais intéressée qu'aux tours. La plate-forme était quadrillée de carré mesurant deux pieds de long. Les carreaux étaient, soit d'un noir sale, soit d'un rouge très sombre où par endroit, la couleur avait déteinte. La mousse, elle, bien verte et propre, ne courrait qu'horizontalement entre les dalles. Elle suivait un chemin qui menait vers l'une des tours. La troisième que j'avais visité. Ce ne fut que quand je traversais une nouvelle fois cette maudite tour que je me rendis compte que je n'étais pas allée aurez de chaussé. Des grandes fenêtres, qui avaient dû être décorée de vitraux, plongeaient la pièce dans une lumière lunaire. Toujours aucune trace du passé, à part un coffre.

—C'est trop facile, souffla la voix d'Arken derrière moi.

Je me retournais sur le qui-vive.

—Mais qu'est-ce que tu fous là ? Tu devrais être dehors, en train de surveiller.

—Il n'y a personne, répondit-il avec une voix beaucoup plus sûre.

—Et Lady Drana, lui demandais-je, prête à lui assener une critique dont il se souviendra.

—Je n'arrive pas à croire que je me suis laissé berner par tout ces racontars.

Je ne répondis rien, mais je n'en pensais pas moins.

—Allons ouvrir ce coffre, s'exclama mon frère en se précipitant sur l'objet mystérieux.

—Attends, chuchotais-je.

Je le rattrapais et le plaquais contre un mur, en serrant sa gorge.

—Qu'est-ce qui te prends imbécile ?

—Le coffre est là. C'est ce que l'employé voulait. On le prend et on se casse d'ici sans plus attendre, cingla Arken.

—Voila que tu as de nouveau peur, dis-je en levant les yeux au ciel.

—Il faudrait être un crétin pour ne pas sentir les esprits, grinça-t-il.

—Mais quelle mouche t'as piqué Arken ? lançais-je.

—Prenons le coffre et fichons le camp. Je t'en pris, bredouilla Arken.

Je le regardais. Ses yeux noirs reflétaient la peur. Si j'étais un animal, je suis sûre que je la sentirais de loin. Ses cheveux mouillés par la sueur, se collait à son front pâle et caché une partie de son œil droit. Il était vêtu d'une tunique noire, protégeait par une cuirasse en métal, mais pas digne d'un soldat. Malgré sa tenue de voleur qui laissait paraître des muscles saillants, jamais il ne m'avait semblé aussi enfantin qu'aujourd'hui.

           Je m'accroupis à côté du coffre et fit un signe de la tête à Arken. Je sortis de ma poche un crochet.

           Après quelques minutes où seul notre souffle faisait écho au bruissement du vent, le bruit de la serrure qui s'ouvrit, sembla résonner dans le plus profond des entrailles de la tour. Nous attendons que le silence revienne pour enfin, voir le contenu du coffre. Mon frère mit sa main sur le couvercle et l'ouvrit. Une puissante lumière nous rendit aveugle pendant plusieurs secondes. Quand je réussis à rouvrir mes yeux, l'impensable se trouvait devant moi. Ce coffre de cuir, noircit pas le temps et aux ornements de fer simple, contenait le plus grand trésor qu'un pirate aurait pu tuer, juste pour le voir. Il y avait peu de choses qui pouvait m'impressionner, mais sur le coup, je ne dis rien et ne fit aucun geste. Je ne pouvais apercevoir le visage d'Arken, caché sous sa capuche, mais lui non plus ne bougeait pas. Sur le dessus du tas d'or et de pierres précieuses, une magnifique épée ciselée s'y trouvait. Mon frère la prit et la regarda sur toute les coutures. Il remit sa main sur le couvercle du coffre. Son autre main tenait fermement la garde de l'épée qui était plantée dans le sol. J'approchais une main tremblante du trésor, n'osant imaginer qu'une telle merveille pouvait être vraie. Mais avant, je voulais toucher l'épée. Arken tourna son visage vers moi.

Lady DranaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant