L'héritage de Tara

L'amnésie de l'inconnue

- " Quelle est la dernière chose dont vous vous souvenez ?
-... Un trèfle..."
Dans le bureau confiné des douaniers, avec la présence des trois policiers qui l'ont arrêté, la jeune femme se sent mal à l'aise. En vérité, ce sentiment ne la quitte plus depuis que les hôtesses l'ont trouvé évanoui dans les toilettes de leur avion.
-" Certes, on vous a trouvé a bord d'un jet de la ligne France-Irlande", lui répondit-on. "Un trèfle vert est peint sur la carlingue, est-ce là tout ce dont vous vous rappelez ?"
- "Vous ignorez comment vous avez pu quitter le territoire français sans passer par la douane, pour ensuite revenir à bord d'une ligne nationale ?"
- "Encore une fois, sans passeport ou carte d'embarquement."
- "Il y aurait bien...", commença-t-elle, "Quelqu'un..."

"Ne parle de nous a personne, ou tout est perdu "

La voix grave d'un homme résonnait dans son crâne, répétant cette phrase, insistant à chaque mots. Et avec elle venait la silhouette d'un homme, grand et chauve; les traits de son visage restaient encore brumeux, mais un costume avec cravate noire sur chemise blanche se précisait. Et derrière lui, une autre personne était encore dans le brouillard, visage blanc rehaussé de cheveux noirs. Peut-être imaginait-t-elle, mais les yeux semblaient être deux saphirs brillant d'un éclat puissant.
La jeune femme réfléchit quelques secondes.
- "Non, rien de plus", lâcha-t-elle finalement.
Avec un soupir, le personnel de l'aéroport remplit la paperasse nécessaire avant de passer le relais aux policiers en faction.
Et après d'interminables heures d'interrogatoire et d'examens dans le commissariat les plus proche, elle fut rendue à ses parents qui l'attendaient dans le hall d' accueil. Le vieux couple, le regard inquiet, manquèrent de l'étouffer lorsqu'ils la serrèrent dans leurs bras. Les mains passant frénétiquement dans les cheveux châtains de leur fille, ils la pressaient de mille questions, inquiétés par la mèche blanche qui avait poussé sur le haut de son crâne. Quand elle put enfin placer un mot - ils venaient juste de passer le pas de la porte après avoir roulé trente minutes - elle leur expliqua qu'elle ne se souvenait de rien et hésita même à poser la question que tout parents redoutaient : qui étaient-ils ?
- "Bien ! Quoiqu'il en soit, tu restera a la maison le temps de te soigner", décréta son père.
Son épouse fronça les sourcils.
- "Et pour l'université ? Elle a plusieurs cours à rattraper et travailler, si elle veut réussir son master."
Le père lui concéda ce point, et annonça qu'ils l'emmèneraient eux-mêmes jusqu'au campus universitaire. Chose que leur fille ne pouvait apprécier ou déprécier.
"Enfin", se disait-elle, "Mieux vaut faire profil bas quelques temps, si je veux à nouveau être autonome".